ALGERIE NOTRE MEMOIRE, NOTRE HISTOIRE

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Un grand Merci à Joseph Castano
Ecrivain et Conférencier en dehors
de tous partis politiques, de m'avoir
autoriser à mettre ses articles
sur le site . Julio.

Mon cher Jules, mes articles relèvent de
notre mémoire et sont destinés à être
connus du plus grand nombre de lecteurs…
quels qu'ils soient. Vous pouvez donc en
faire bon usage. C'est fort dommage qu'il
faille un mot de passe pour accéder à
votre site car j'aurais pu mentionner
votre lien dans ma rubrique « Un petit
coup de pouce à nos amis… ». Mes envois
atteignent plus de 14000 contacts.
Bien cordialement .

José CASTANO… d'Oranie

IL Y A 47 ANS L' EXIL - LE DEPART

Une page d'histoire…

IL Y A 47 ANS… L'EXIL

        Il y a 47 ans, nous en étions à verser des larmes de sang… Le cessez-le-feu avait été proclamé le 19 mars, l'ennemi d'hier devint l'interlocuteur privilégié de l'Etat français et ce fut la fin… une fin que nous ne pouvions imaginer ainsi… La fin d'une épopée, la fin d'une civilisation, la fin d'un mythe. C'était pour nous la fin du monde, mais c'était surtout la fin d'un monde… né dans la peine et la souffrance, qui avait vécu dans le bonheur et dans la joie et qui mourrait dans le désordre, la corruption et la haine.
        L'Algérie était devenue un pays sans foi ni loi, où la pitié n'existait plus. Elle était perdue, saccagée, agonisante. Son cœur avait beaucoup trop battu, souffert, espéré, désespéré, à travers des foules dont on réglait les houles, commandait les tempêtes pour des vertiges tricolores. Trop de larmes et trop de sang. Les jardins se taisaient, les rues se vidaient, des bateaux s'en allaient… L'heure de l'arrachement et de la greffe venait de sonner pour tous.
        Une nouvelle fois le drapeau tricolore fut amené ; une nouvelle fois, l'armée française plia bagages poursuivie par les regards de douleur et de mépris et les cris de tous ceux qu'elle abandonnait. Le génocide des harkis commençait…
        Dans le bled comme en Indochine les Musulmans qui avaient toujours été fidèles à la France s'accrochaient désespérément aux camions et, à bout de force, tombaient en pleurant dans la poussière de la route. Ce sont là des images que seuls ceux qui ont une conscience ne pourront de si tôt oublier…
        Ainsi, 132 ans après son épopée, l'Armée d'Afrique disparaissait avec l'Empire qui était sa raison d'être… L'Armée d'Afrique !… Le terme sonnait aujourd'hui comme une outre vide. Il était difficile de le prononcer sans rire… et sans pleurer. Tout s'était passé comme si son destin eût été accompli le jour où la métropole fut libéré par elle et q'elle n'eût plus qu'à disparaître.
        Que ce fut aux aérodromes ou aux ports, le spectacle était le même. Nous attendions des jours et des nuits dont nous ne savions plus le nombre, sous le soleil des midis et les silences de la nuit, parquées comme du bétail, sans ravitaillement, conscients de ce qu'il y avait d'intention de nous punir encore dans ces avions mesurés et ces bateaux refusés.
La Croix Rouge ? Aucune trace… En revanche, les transistors annonçaient qu'à la frontière Algéro Marocaine, près d'Oujda, des camions de la Croix-Rouge internationale avaient été pris en charge par le Croissant Rouge pour venir en aide aux « pauvres réfugiés algériens » qui s'apprêtaient à rentrer chez eux…
        Quand enfin un bateau accostait sur les quais, c'était aussitôt la panique… cependant, qu'à bord, nous ne demandions plus rien. Nous nous affalions, prostrés, et contemplions, silencieux et amers, une dernière fois les contours de notre terre. Nous pensions que nous avions regardé ce paysage maintes et maintes fois, animés d'une confuse espérance d'événements nouveaux, émouvants, romanesques dans notre vie… que nous allions nous en éloigner pour ne plus jamais revenir… qu'il ne s'était rien accompli de miraculeux et que, de cette indifférence de la destinée, notre cœur restait endolori.
        Nous voulions nous imprégner une dernière fois de cette vision qui avait été le cadre de notre enfance, nous souvenir de chaque mot, de chaque geste, pour être enfin dignes de nous envelopper du linceul immuable des choses définitives. Nous entrions en exil par de honteuses poternes, traînant derrière nous, comme un fardeau et un tourment, le manteau d'apparat de nos souvenirs rebrodés de mirages.
        L'Algérie, tant servie, tant chantée, tant aimée ; c'était le passé de bonheur, d'héroïsme et d'espérance, et ce n'était plus, en cet instant tragique, que le désespoir de milliers de coeurs calcinés au fond de milliers de poitrines humaines. Et nous étions seuls, face à l'échec, face au passé et à l'avenir, submergés par la peine et l'amertume, seuls au bord d'un gouffre, au bord du néant où finissent en fin de compte toutes les colères, les rêves et les révoltes des hommes… où se consument les noces stériles de l'amour et de la haine.
Nous attendions l'instant où serait levée l'ancre, celui où l'on sortirait du port, l'instant où, dans la brume et les larmes, s'évanouirait enfin la lumineuse vision de la terre d'Algérie.
        Un barrissement lugubre, le grincement d'une chaîne que l'on remonte et déjà le navire qui déhale lentement. Des femmes pleuraient en silence ; des hommes serraient les poings et les mâchoires… La déchirure de leur âme était profonde ; se cicatrisera-t-elle jamais ?
        Accoudés à la rambarde du navire qui s'éloignait, impassible, sous l'épreuve de la torture, nous dardions nos regards voilés de pleurs vers cette vision magique de l'Algérie, vers les cimes violettes des montagnes. L'horizon de notre beau pays reculait sans cesse au fond de l'espace et du temps et nous sentions approcher le chagrin qui déborde, éclate et se répand comme un fleuve qui a crevé ses digues.
C'était une sourde rumeur grossissante qui semblait nous monter de la poitrine à la gorge, et qui se portait aussi sur la vue qu'elle brouillait un peu plus. Car le fait lui-même n'est presque rien en comparaison de son retentissement : l'arrachement dans la douleur, l'adieu, et la côte qui disparaît… disparaît ; c'est à présent que cela pénètre et opère son ravage !
A la proue du navire, le nez dans la brise, un homme chantait. On entendait faiblement les paroles ; c'était un air lent, nostalgique, déchirant, qui se répétait toujours et qui se prolongeait en mourant, avec des ondulations traînantes : « Hay péna, pénita péna, péna… »   
        Cela s'en allait doux et triste sur la mer, comme dans une âme un souvenir confus qui passe… et les bateaux s'éloignèrent ainsi, accompagnés de sanglots qui leur faisaient la conduite et qu'on eût pris pour la cantilène des chameliers poussant leurs bêtes.
Que de larmes grossirent la Méditerranée ! Que de chagrin emportèrent ces navires !…
        Nous partîmes ainsi, chassés de notre terre, de nos maisons, le cœur broyé par le chagrin, retournant une dernière fois la tête, sur la route de l'exil et, regardant, les larmes aux yeux, pour un dernier adieu, ce qu'avait été notre bonheur, cet adieu qui allumait aux paupières des larmes de sang, cet adieu définitif qu'il nous fallait goûter amèrement et dont le souvenir nous poursuivrait toujours.
        Là-bas, déjà, le jour mourait en flammes au-dessus du cher pays de notre enfance. Un silence profond s'élevait emportant là-haut, tout là-haut, les souvenirs à jamais enfouis, dans la tranquillité des milliers de crépuscule d'été.

José CASTANO .


IL Y A 47 ANS L'EXIL - L' ARRIVEE EN FRANCE

… ET ILS NOUS ONT ACCUEILLIS AVEC DES CRIS DE HAINE

… Peu à peu, le soleil, pareil à une meule incandescente, émergea des flots. Tout autour du navire, les eaux soyeuses tournoyaient lentement, en vastes cercles concentriques qui s'évanouissaient à la limite extrême de l'horizon. Un haut parleur annonça bientôt que l'on apercevait les côtes de France. Mal réveillés, ils montèrent tous sur le pont. Sous le ciel gris, la côte paraissait noire. Des oiseaux de mer passaient au-dessus du bateau en poussant leurs cris aigus.
            Ils étaient tous là, serrés les uns contre les autres, appuyés à la rambarde. Le paradis dont ils avaient tellement rêvé, enfant, à travers les pages d'un livre de géographie approchait lentement et déjà ils n'en voulaient plus. Ils rêvaient à un autre paradis perdu : l'Algérie ; c'est à elle qu'ils pensaient tous à présent. Ils n'étaient pas les frères douloureux qui arrivaient pour faire panser leurs blessures, mais des étrangers. En eux remontaient des aigreurs. Le regret de ce qui n'était plus suffisait à faire revivre ce qui aurait dû être…
            Ce qu'ils avaient laissé « là-bas », c'était avant tout cette part d'insouciance qui les faisait chanter et rire. En foulant pour la première fois le sol de la France, ils apprendraient brutalement la signification du mot « demain » dans une situation que personne n'avait pu prévoir et le qualificatif de « Rapatrié » serait apposé à chacun d'eux. C'était une manière comme une autre de les déposséder à tout jamais de ce sol qui les avait vus naître, de leur dire que jamais il n'avait été leur patrie. Et l'angoisse les étreignait car déjà la presse progressiste et bon nombre de politiques les avait condamnés. C'est ainsi que « l'Humanité » du 6 Janvier 1962 parlait d'eux en ces termes « Ils ont une drôle d'allure ces passagers en provenance d'Algérie » et « La Croix » du 24 Février recommandait au sujet des jeunes rapatriés qu'il fallait « éviter de laisser notre jeunesse se contaminer au contact de garçons qui ont pris l'habitude de la violence poussée jusqu'au crime ».
Robert Boulin, secrétaire d'Etat aux rapatriés, avait déclaré le 30 Mai 1962 au Conseil des Ministres : « Ces sont des vacanciers. Il n'y a pas d'exode, contrairement à ce que dit la presse. Ce sont bien des vacanciers, jusqu'à ce que la preuve du contraire soit apportée »… tandis qu'au nom du Parti communiste, M. Grenier s'indignait de la réquisition d'une colonie de vacances pour les « saisonniers »… Le 5 Juin, par l'entremise de « l'Humanité », François Billoux, député communiste, conseillait au Gouvernement de loger les rapatriés « dans les châteaux de l'OAS », ajoutant : « Ne laissons pas les repliés d'Algérie devenir une réserve de fascisme ».
            Lorsque ces nouveaux « vacanciers » débarquèrent, ils découvrirent aussitôt que le malheur ce n'était pas propre, pas beau à voir. Partout de lamentables cargaisons humaines où les matelas mal ficelés côtoyaient les cages à canaris. Des hommes, des femmes, des vieillards, dépenaillés, hirsutes, démoralisés, souffrants, la marche pesante, le découragement dans l'âme, tandis que les mamans étaient tiraillées en tous sens par leurs enfants qui pleuraient et poussaient des cris. On ne voyait plus que la morne lassitude des silhouettes courbées sous des charges hâtivement nouées qui donnaient l'impression d'avoir emporté, là, la part la plus précieuse du foyer. Mais la part la plus précieuse, en réalité, nul n'avait pu l'emporter avec soi, parce qu'elle dormait dans l'ordonnance des murs et dans la lumière qui baignait les paysages où s'étaient allumés les premiers émerveillements de l'enfance… on n'enfermait pas les souvenirs, le soleil et la mer dans une valise !...
            Certains arrivaient dans un état de dénuement physique et matériel invraisemblable… Misère vestimentaire, délabrement… Il s'élevait de ce troupeau une rumeur faite non de cris mais de sanglots, de paroles qui revenaient en leitmotiv : faim, soif, dormir et surtout, Misère… Misère…
Où étaient donc ces riches colons ? Ces exploiteurs de la misère arabe ? Ils étaient seuls désormais et ils n'en pouvaient plus.
            Pour les accueillir, point de « cellules d'accueil »… mais un imposant « service d'ordre » qui avait pour mission essentielle de procéder à un « filtrage » des éventuels suspects (entendez-par là, les membres de l'OAS). Des chefs de famille qui avaient eu le malheur de voir leurs noms mentionnés sur les fiches de police étaient, sans la moindre humanité, arrachés à leurs épouses et à leurs enfants, déjà singulièrement éprouvés par ce cruel destin et, jugés aussitôt tels des criminels, allaient remplir les prisons françaises encore imprégnées de l'odeur des tortionnaires du FLN que l'on venait, en hâte, de gracier. Quelle affliction que de se voir ainsi arraché aux siens à un moment où on a tant besoin de la présence d'un père et d'un époux. Quel cruel spectacle que celui-là ! Ils avaient tous besoin de l'Armée du Salut… on leur envoya les R.G, les C.R.S et les gardes mobiles…
            Les pieds nus dans des babouches, un homme ouvrait un pardessus à chevrons : il n'avait que son pyjama dessous. Il se tordait les mains et racontait, la voix brisée par l'émotion, que sa fille avait été enlevée, le matin même du départ. Comme il avait perdu son dentier, on comprenait mal son récit et l'on entendait :
  •           Elle criait : « Me laisse pas, papa… me laisse pas ! »
Mais qu'est-ce que je pouvais faire ? Ils me tenaient. Ils me tenaient je vous dis… criait le pauvre homme en éclatant en sanglots
« Mon Dieu, mon Dieu », répétait une femme en se signant.
A quelques pas, une dame effondrée racontait au personnel chargé de l'orientation des réfugiés :
  • Moi, je ne voulais pas partir, Monsieur. Je savais bien ce que ça serait. Je me disais : « Il n'y a qu'à attendre ». Je ne sortais plus. Juste pour les commissions. Je croyais que ça allait se calmer. Puis les deux locataires du premier sont partis. On n'est plus restées qu'avec Madame Ramon, dans la maison. Le soir, on mangeait l'une chez l'autre, pour se tenir compagnie, pour parler. Et puis, l'autre matin, quand je suis revenue du marché, elle était dans l'escalier, allongée, plein de sang partout, avec sa tête en arrière qui tenait plus que par le chignon. On avait tout chamboulé chez elle. Qu'est-ce que je vais devenir Monsieur… qu'est-ce que je vais devenir ?...
C'était la litanie de la débâcle. Tous avaient un viol à raconter, un pillage, un crime, un enlèvement dont ils avaient été témoins.
  •           Et l'armée ? demanda un journaliste effaré par toutes ces horreurs.
  •           Ah ouah ! Quelle armée m'sieur ? répondit un homme dont le visage était blême.
  •           L'armée française !
  •           Il n'y a plus d'armée française, m'sieur. L'autre jour, auprès de la grande poste, ils étaient dans les étages en train de frapper un Européen.
  •           Qui ils ?
  •     Les Arabes ! On entendait hurler. Passe une jeep avec un lieutenant français et trois soldats. Je fais signe. Ils s'arrêtent. « Vous n'entendez pas ? », je dis. « Non. Je n'entends pas, qu'il me répond le lieutenant ! Et même si j'entendais, ce serait pareil. J'ai pas d'ordre ! »
Ma parole ! Je lui ai fait un bras d'honneur. Si c'est pas malheureux. Et ça s'appelle la France, m'sieur ?
            A cet instant un homme qui écoutait la conversation s'adressa au journaliste :
  • Monsieur, le drame des Français d'Algérie rejoindra dans l'histoire celui des juifs chassés et persécutés sous le nazisme. Ce sera la même honte.
            Au même moment, ce 18 Juillet 1962, dans l'indifférence générale, se tenait le Conseil des Ministres. En parlant des Pieds-Noirs (vocable que bon nombre de Français d'Algérie entendaient pour la première fois), De Gaulle déclara : « Il faut les obliger à se disperser sur l'ensemble du territoire », ce qui permit à Louis Joxe, son éminence grise, de renchérir : « Les Pieds-Noirs vont inoculer le fascisme en France. Dans beaucoup de cas, il n'est pas souhaitable qu'ils retournent en Algérie ou qu'ils s'installent en France où ils seraient une mauvaise graine. Il vaudrait mieux qu'ils aillent en Argentine ou au Brésil ».
Et des jours durant, on rencontrait dans tout le Sud de la France, notamment dans les zones maritimes, des masses de Pieds-Noirs hébétés, prostrés, embarrassés dans les enfants, les valises et les formalités, assommés de douleur et de fatigue, amers face à l'indifférence et au mépris, se perdant dans des rues qu'ils ne connaissaient pas, photographiés comme des bêtes venues d'un autre âge, avec leur visage mort, ravagé par les larmes et la douleur.
Dans les ports, c'était la désolation. Les cadres de déménagement de ces « richards », hâtivement construits en bois, étaient volontairement plongés dans la mer par les dockers de la CGT et autres gauchistes. Ceux qui avaient eu la chance d'être épargnés, étaient éventrés. Leur contenu gisait, épars, sur le sol faisant le « bonheur » des rôdeurs à l'affut de toutes ces richesses…
A Marseille, un homme dont la haine pour les Français d'Algérie n'avait aucune retenue, le socialiste Gaston Defferre, allait se charger personnellement de leur accueil. Sur les bancs de l'Assemblée Nationale, il alla jusqu'à prononcer ces mots infâmes : « Il faut les pendre, les fusiller, les rejeter à la mer… », ajoutant qu'il ne les recevrait jamais dans sa cité. Le 26 Juillet 1962, lors d'une interview réalisée par Camille Gilles pour « Paris-presse», à la question de ce dernier : « Dans certains milieux de Marseille, on prétend que vous avez à votre disposition une police spéciale, genre « barbouzes », est-ce exact ? » Réponse : « Ce sont simplement des militants… Ils sont groupés en sections et sous-sections. Il y en a à Marseille un peu plus de 15.000 (payés par le contribuable ou par le PS ?). C'est la deuxième fédération de France et, croyez-moi, ces gens savent se battre. Aux prochaines élections et réunions électorales, si les « Pieds-Noirs » veulent nous chatouiller le bout du nez, ils verront comment mes hommes savent se châtaigner… Ce ne sont pas eux qui viendront, mais nous qui iront casser leurs réunions. N'oubliez pas aussi que j'ai avec moi la majorité des dockers et des chauffeurs de taxis ». Et à une nouvelle question du journaliste : «Voyez-vous une solution aux problèmes des rapatriés de Marseille ? » « Oui, répondra sans vergogne Defferre, qu'ils quittent Marseille en vitesse ; qu'ils essaient de se réadapter ailleurs et tout ira pour le mieux ».
Ainsi, tenaillés entre communistes et socialistes qui leur vouaient, à l'instar de leur « maître à penser », une haine sans borne et qui, de surcroît, détenaient les rouages de la vie politique, sociale, administrative… et mafieuse, les Français d'Algérie installés à Marseille allaient connaître durant les premiers mois de leur exil, des difficultés à nulles autres pareilles… 
« Se réadapter ailleurs », c'est ce que les « Rapatriés » allaient tenter de faire en dépit des difficultés qui s'amoncelaient : précarité, chômage, logement, scolarité, santé… Cependant, dans tous les coins de France où ils étaient arrivés en masse, on en profitait pour faire monter les prix ; chambres d'hôtels et meublés affichaient complet et la nuit, beaucoup de ces malheureux se retrouvaient dans les halls de gare, remâchant un peu plus leur rancune. Les logements se faisaient rares et étaient proposés à des tarifs exorbitants, les établissements scolaires n'acceptaient plus, par manque de place, les enfants… A la vue de tant de misère, ils ne cessaient de se répéter : « Est-ce cela la France ? Cette France que nous avons tant aimée ? »… Mais la France, ce pays merveilleux des droits de l'homme, cette terre d'asile de tous les réfugiés du monde, manquait, pour la première fois de son histoire, de générosité. Elle accueillait ces pauvres gens à contrecoeur, témoignant autant d'indifférence que d'hostilité. Combien de ces « rapatriés » allaient découvrir des mots nouveaux tels que « dépression nerveuse », « stress »… termes dont ils ignoraient le sens, eux, transfuges d'un pays de soleil où tout était prétexte à la fête... Combien de morts prématurés cette communauté compta la première année de son rapatriement en France !...
            Face à ce désastre humain, le gouvernement demeura de marbre. Seuls quelques élus locaux réagiront humainement avec des moyens limités et quand Alain Peyrefitte, pris de remords, exposera au « général Président », le 22 Octobre 1962, « le spectacle de ces rapatriés hagards, de ces enfants dont les yeux reflètent encore l'épouvante des violences auxquelles ils ont assisté, de ces vieilles personnes qui ont perdu leurs repères, de ces harkis agglomérés sous des tentes, qui restent hébétés… », De Gaulle répondra sèchement avec ce cynisme qu'on lui connaissait : « N'essayez pas de m'apitoyer ! »… On était bien loin du « C'est beau, c'est grand, c'est généreux la France ! »…
            Et c'est ainsi que, des années durant, les Français d'Algérie promèneront leur mélancolie à travers cette France égoïste et indifférente qui, sans se soucier des martyrs, aura laissé égorger les vaincus…
                                                                                                                     
                                                                                                                                                                                                                              José CASTANO

LE PARADOXE FRANCAIS

cette lettre ,comme bien d'autres ,est restée sans effet.
*Bayonne, le 11 août 2008*
*Monsieur Clément Charrut*
*Officier Supérieur en retraite*
*Chevalier de la Légion d'Honneur*

*À*

*- Monsieur Erard Corbin de Mangoux, Conseiller auprès du Président de la
    République*
*- Monsieur Eric Etienne, Conseiller auprès du Premier ministre*
*- Monsieur Yves Kodderitzsch, Président du Haut Conseil des Rapatriés*
*- Monsieur Renaud Bachy, Mission Interministérielle aux Rapatriés*

*Messieurs,

En réaction à la correspondance que vous ont adressé le 8 août Mme Taouès
TITRAOUI et M. Bernard COLL, je tiens à ajouter le point de vue d'un pied
noir anonyme.*
La vérité est que la négation, la falsification et bientôt l'effacement
de l'histoire de l'Algérie française font que notre cause est devenue
impossible à gagner sinon impossible à défendre (nous le faisons néanmoins
par devoir) si l'actuel gouvernement ne met pas fin au mensonge d'état ni
ne met fin à ce climat morbide de 'repentance' masochiste à sens unique! *

La France ne veut pas reconnaître ses torts dans ce domaine. *
A des fins immédiates d'adhésion à sa politique de retrait, le
gouvernement De Gaulle a braqué l'opinion publique contre les pieds noirs
et les a chargés de tous les maux avant de les livrer aux égorgeurs. *

Et le tort causé n'a pas été réparé. *
Vous ne reconnaissez pas l'imposture gaulliste en Algérie par volonté de
ne pas toucher à l'icône De Gaulle. *

Vous refusez de dissocier le De Gaulle de 1940 de celui de 1958-62. *

Imposture qui commença en 1943 quand il s'appropria l'outil militaire
forgé par Giraud en AFN. *

Les pieds noirs lui ont alors bien servi pour être présent à la table des
vainqueurs. *
Ils lui ont bien servi pour revenir au pouvoir en 1958 par les manoeuvres
des Delbecque, Neuwirth et consorts, à Alger et en Corse. *

On sait comment il le leur a rendu et comment il a continué à faire tuer
ses militaires tout en négociant avec un FLN pourtant vaincu sur le
terrain. *

On sait comment, dans un lâche soulagement, la France a approuvé les
illusoires accords d'Evian et l'abandon de l'Algérie au seul FLN qui
n'existait plus sur le terrain et était loin de représenter toute la
population. *

Faut-il vous rappeler que de ce scrutin d'Avril 1962 les pieds noirs et
les musulmans d'Algérie étaient exclus ?*
Curieuse démocratie ! *
Tout ceci vous le niez. *

Comme vous oubliez ce que l'Icône disait sur l'immigration algérienne et
l'intégration, par des propos qui vaudraient à n'importe qui d'autre des
poursuites immédiates.*

Il y a aussi le désir démagogique et bien illusoire de plaire à la
population d'origine immigrée, mais à force de lui donner raison dans ses
revendications mémorielles anti-françaises, vous la confortez dans ses
exigences et ses mensonges, pendant que les archives qui prouvent les
massacres de 1962 sont verrouillées (mais pas celles sur la torture !).

On est mieux considéré dans ce pays quand on est étranger ou d'une
'minorité visible' que quand on est pied-noir et donc français ! *

Cette véritable xénophilie est ridicule. *

En 1962 les pieds noirs étaient priés «d'aller se réinsérer ailleurs»,
ils étaient accusés de «prendre le travail et les logements des Français»
(je l'ai entendu encore en 2004 !), ils étaient taxés de «même pas
français» (je l'ai entendu dans l'Armée française) au prétexte qu'ils
comptaient parmi eux des gens d'origine espagnole ou italienne. *

Et aujourd'hui les mêmes se gargarisent de la 'diversité' de la France. *

On rejetait les français d'Algérie et les harkis patriotes et maintenant
on se flatte de cacher des sans-papiers. *

Curieux et incohérent peuple 'français'…*

Vous ne répondez pas aux questions qu'on vous pose, ou de façon
fragmentaire, ou bien vous nous parlez de commissions. *
«Quand on veut enterrer un problème en France, on crée une commission»
disait déjà Clemenceau… *

Rien sur les cimetières qui ont été rasés ou tellement profanés qu'on les
'regroupe' pour effacer les traces de ces profanations. *

Il fallait payer pour récupérer des restes. *

*Quelle honte ! *

Rien sur la mémoire des Anciens-Combattants pieds noirs et de ceux
d'entre eux morts pour la France et dont les monuments n'existent plus. *

Vous acceptez lâchement les reproches de Boutéflika sur la mémoire des
Anciens-Combattants 'algériens' de Verdun ou d'ailleurs, et vous n'avez
pas le courage de lui rétorquer que leurs noms étaient inscrits sur les
monuments que le FLN a détruits en 1962, et que le FLN persécutait ceux
qui persistaient à porter leurs médailles françaises. *

Il n'y avait pas que des 'indigènes' dans l'Armée d'Afrique. *

Les pieds noirs étaient les plus nombreux et ils ont fourni un effort de
mobilisation supérieur à toute autre population, Métropole et Empire
confondus. *
Ces 'même pas français' étaient bons pour mourir en Italie (mais que
savez vous de la campagne d'Italie ?) en Alsace et en Allemagne pendant
que les nombreux résistants de la dernière heure tondaient des femmes. *

Mais à qui vont les honneurs aujourd'hui quand on parle de 1945 ? *

Aux seconds ! *

Mon père était l'un de vos libérateurs, il était comme la plupart des
pieds noirs, de condition très modeste (contrairement à la propagande que
vous gobez) et il est mort sans avoir compris pourquoi 17 ans à peine
après avoir perdu tant de camarades de combat, il était si mal traité par
sa propre nation. *

Il a fallu que ce soit Djamel Debbouz qui rappelle que les pieds noirs
étaient nombreux en 44-45…*

La repentance à sens unique pratiquée par MM. Sarkozy, Marleix et Bajolet
est révoltante, entre autres, parce qu'elle ne s'accompagne d'aucune
exigence vis à vis de l'Algérie et d'aucune réciprocité de sa part: vous
ne réclamez pas la vérité sur les disparus civils et militaires, vous ne
cherchez pas à récupérer leurs restes mortels, vous donnez les archives de
l'INA et semble-t-il bientôt celles des Armées (propriété de la France !)
mais vous n'exigez pas la restitution des 5 millions d'actes d'état civil
concernant la population dite européenne de 1830 à 1962. *

Que M. Sarkozy aille donc vendre du nucléaire à l'Algérie du FLN. *

Quand ce pays ni viable ni vivable parce que né d'une imposture et du
terrorisme («Des visas, des visas!») sera un état islamique et constituera
un nouvel Iran aux ambitions nucléaires à caractère militaire, qui
assumera cette responsabilité ? *

Aucun de vous ne songe à répliquer à Boutéflika que l'Algérie doit son
existence à la France. *

Personne n'ose lui dire que ce serait plutôt aux arabes de restituer
l'Afrique du Nord aux berbères qu'ils ont envahis et islamisés. *

Vous n'osez pas lui rappeler que sans l'Algérie française, le Sahara et
ses richesses n'appartiendraient pas à son pays dans ses frontières
actuelles. *

On oublie que jusqu'au début de 1962, De Gaulle ne voulait négocier que
sur les départements du nord mais pas sur le Sahara qui n'a rien à voir
avec l'Algérie de 1830.*

Aucun de vous n'ose réclamer à l'Algérie la moindre repentance pour les
massacres et les atrocités commises par le FLN. *

Vous ne vous rappelez même pas que le FLN a commis en 8 ans, ici en
Métropole, des centaines d'attentats matériels (les raffineries de
Marseille ont flambé plusieurs jours) et assassiné 4.000 personnes dont
les trois quarts de musulmans. *

La télévision publique négationniste fait régulièrement et en toute
impunité (avec notre argent) l'apologie du terrorisme du FLN tout en
crachant sur la France. *

Un poseuse de bombes qui tua des civils y est nommée 'résistante et
héroïne' ! *

Dans le même temps l'OAS qui n'a existé que moins d'un an est chargée de
tous les crimes de telle sorte que l'opinion publique retienne que les
attentats de cette période n'étaient que de son fait. *

C'est ainsi qu'une enfant mutilée par un attentat FLN à Alger s'entendra
demander plus tard à Montpellier si c'était à cause de l'OAS qu'elle avait
perdu un bras ! *

Mais que peut-on face à l'histoire convenue ?*

Vous allez en réalité, je le crains, continuer à céder à la véritable
dictature de l'anticolonialisme primaire, du racisme anti-pied noir et de
l'histoire falsifiée mais officielle imposée par des 'intellectuels' à
l'indignation sélective. *

Vos engagements ne nous trompent plus et justice ne nous sera pas rendue,
sinon peut-être par des Algériens eux-mêmes, comme dans le film «Histoires
à ne pas dire» (que la télé publique collabo n'est pas près de programmer
!) ou comme dans les propos d'Aït Ahmed en 1987. *

L'existence même de vos fonctions actuelles et la survivance d'organismes
tels que H.C.R., M.I.R. ou ANIFOM après 46 ans constituent l'aveu
explicite que subsistent des problèmes non réglés ! *

C'est une honte et un scandale pour cette France donneuse de leçons, qui
s'intéresse aux disparus de Srebrenica ou aux otages colombiens mais se
fiche de ses disparus d'Algérie et laisse salir sa propre mémoire. *

Je livre à votre réflexion cette conclusion d'un livre. *

Elle résume bien notre situation d'éternels français de seconde catégorie
fichés «DZA» (pourquoi pas FLN ?) qui doivent justifier de leur
nationalité française chaque fois qu'ils renouvellent leur passeport, dans
ce pays où on donne à des rues des noms de 'membres du FLN' !

«Y avait-il pour notre pays natal et pour ces Français approximatifs que
nous étions une place dans cette nation immodeste qui n'a su trouver
jusqu'à ce jour, ni pour elle un mot de contrition, ni pour eux un mot de
compassion, et encore moins reconnaître la vérité qui seule peut guérir ?»


(Le Onzième Commandement - André Rossfelder)

Je vous prie d'agréer, Messieurs, l'expression de ma considération
distinguée.*

Clément CHARRUT

OAS  ORGANISATION ARMEE SECRETE

Une page d'Histoire…
L' O A S
Rappelez-vous ! C'était le 27 juin 1962 : dans une ultime émission pirate, le speaker de l'OAS annonça  d'une voix brisée : « Notre combat est sans espoir et sans solution. Tout est fini. Adieu Algérie ! »… et il éclata en sanglots.
Fini !… Oui… Fini ! Tout était fini. La page de l'OAS était tournée et en cet instant d'extrême émotion, ce furent des milliers d'Européens qui pleurèrent dans un même chagrin.
Si officieusement l'OAS n'existait déjà plus, officiellement elle déposa les armes ce 27 juin 1962. Son aventure était historiquement terminée. Le temps du combat s'était achevé, tandis que pour la plupart commençait le temps de l'exil ou celui des prisons…
En déclenchant le feu et le sang, on a dit que ces commandos de l'OAS étaient des irréductibles, voire, des factieux. C'est faux ! Ils étaient tout simplement des désespérés et leurs objectifs n'ont jamais dépassé les termes d'un refus fondamental. Il ne s'agissait pas pour l'Organisation de « prendre le pouvoir » comme l'affirmaient sans relâche les autorités à court d'argument crédible, ni d'imposer un certain type de régime, il s'agissait essentiellement d'empêcher la constitution d'un Etat National Algérien Indépendant, de briser le mécanisme des négociations engagées entre le gouvernement de la V° République et le GPRA, de s'opposer à la fois à la politique d'abandon menée par De Gaulle et de poursuivre la lutte contre le FLN.
L'Organisation Armée Secrète est née au début de 1961, en Espagne, dans un groupuscule où apparaissent le général Salan, Lagaillarde, Susini, le docteur Lefèvre… C'est après l'effondrement du putsch, d'avril 1961, qu'elle devait atteindre à la notoriété en Algérie et devint vraiment active qu'au lendemain de cette chose extraordinaire qui ne fut qu'une vaste fumisterie : la trêve « unilatérale » décidée par Paris et qui permit aux rescapés de l'Armée de Libération Nationale (A.L.N) de reprendre la population en main aussi bien dans les campagnes que dans les centres urbains. Attentats, égorgements, mutilations se multipliaient. Devant les cadavres des égorgés et les visages grimaçants des mutilés, toute velléité de résistance s'effondrait. Le ressort se brisait. Les Musulmans fidèles à la France étaient les premières victimes ; la peur, peu à peu, les menait dans les rangs du FLN.
Pour encourager ce processus, Le gouvernement gaulliste annonça une nouvelle « mesure positive » (sic) : 2297 autres libérations de détenus FLN et 32 millions de Francs de crédits nouveaux !… Encouragés, les tueurs du FLN sévirent désormais en toute impunité… La moyenne quotidienne des attentats passa de 20 à 37 et les manifestations avec slogans et drapeaux verts et blancs se multiplièrent… 
Chez les Européens, la colère montait :
« Voilà le résultat de leurs négociations. La grande Zohra (surnom donné à De Gaulle) est tout juste bonne à interrompre les offensives de l'armée et à nous laisser assassiner par les fellaghas. Ca ne se passera pas comme ça ! »
Et aux quatre coins du pays, on battait le rappel des bonnes volontés. On  s'organisait pour lutter à la fois contre le FLN et l'ennemi gaulliste. Les effectifs de l'OAS ne cessaient de gonfler…
Le 30 juin 1961, De Gaulle mit le feu aux poudres. En réponse à cette colère et à la popularité sans cesse croissante de l'OAS, il fit connaître sa décision de rapatrier en Métropole la 11e Division Légère d'Intervention, constituée en parti d'éléments parachutistes ayant participé au putsch et de la remplacer par… cinq compagnies de CRS métropolitaines, afin de réprimer dans les villes le « soulèvement » des Européens. Dans toute l'Algérie les murs se couvrirent d'affiches : « L'OAS veille »… « Aux armes citoyens ! »
Répliquant au FLN, qui contrôlait les quartiers arabes par une organisation politico-administrative parallèle, l'OAS allait structurer les villes européennes. D'un côté flottait le drapeau vert et blanc marqué de l'étoile et du croissant rouge, de l'autre, côte à côte, le drapeau tricolore et le pavillon noir de l'OAS…
« De Gaulle veut notre mort ! » Ce fut le cri de guerre et de désespoir d'un million d'Européens qui, las d'apprendre le massacre de familles françaises, s'organisèrent en commando. Les magasins arabes flambèrent à leur tour, le plastic détruisit des bains maures. Les affrontements, les combats de rues se multiplièrent sans que les forces de l'ordre arrivent à juguler cette flambée de violence. L'Algérie entière était déchaînée. Les « stroungas » explosaient partout et aux grenades lancées dans les tramways et les autobus par le FLN, répondaient les mitraillages des cafés maures. Partout du sang, des morts qu'on enjambait dans les rues sans même un instant d'émotion. La folie s'était emparée de ce pays autrefois si paisible et si heureux.
De  nouveau la presse se déchaîna qualifiant de « monstrueux » les attentats commis contre les Musulmans. Elle baptisa de « ratonnades » ces actions inconsidérées et elle affirma sans vergogne que « les tueurs nazis de l'OAS se livraient au racket et au massacre sur les Musulmans et les « patriotes » gaullistes ! »
Faute de protection de l'armée ou de la police, la foule se faisait justice elle-même appliquant la loi du talion, condamnable par son aveuglement, mais explicable par les souffrances endurées depuis sept années.
On oubliait la terreur qui avait régné depuis si longtemps, on ne se souvenait plus des charniers de Mélouza et d'El-Halia, des bombes du stade d'El-Biar et du casino de la Corniche, on ne prêtait aucune attention aux grenades qui explosaient chaque jour dans les cafés, les écoles, aux arrêts d'autobus, dans les quartiers européens, on feignait d'ignorer les enlèvements qui se multipliaient dans tous les coins du territoire, les égorgements et les viols. Seuls importaient les ratonnades que le journaliste, Yves Lavoquer, comparait aux « pogroms de la Russie tsariste et aux massacres nazis » !…
Cependant, sourds aux cris des hyènes et des chacals, dans un pays désormais ravagé par la guerre civile, des hommes résistaient. Effarent paradoxe que ce conflit qui, dans sa nouvelle et ultime phase, voyait des Français se dresser contre d'autres Français pour sauvegarder une parcelle de terre française…
Sans uniformes, sans moyens militaires, sans autres armes que de fortune, n'ayant en commun que leur volonté de vivre et de mourir sur la terre de leurs ancêtres, ces combattants là, menaient un combat héroïque et sans espoir. Combat chaotique, désespéré, mortel, mais si efficace qu'il semait l'angoisse et la crainte dans les plus hautes sphères… et que la fatalité des circonstances précipitera vers un dénouement tragique
L'OAS était une révolte : révolte des habitants de toute une province qui se sentaient abandonnés par la mère Patrie et qui se voyaient placés dans l'alternative suivante : quitter leur sol natal et devenir des déracinés ou rester sur place pour subir les spoliations et les vengeances, le couteau, la balle et la hache. Et qui formait ses rangs, sinon des hommes courageux, le plus souvent des humbles qui n'avaient ni privilège à défendre, ni fortune à sauver ?
L'OAS, c'était à la fois, le combattant de l'ombre, l'enfant qui collait une affiche et mourait le pinceau à la main, le vieillard qui guettait et sifflait à l'entrée d'un quartier pour avertir de l'arrivée des « forces de l'ordre », la ménagère qui transportait des tracts dans son panier en allant au marché et ces familles qui hébergeaient les légionnaires du 1er REP après la dissolution de cette prestigieuse unité. Elle était une armée d'ombres, l'armée miraculeuse de l'amour et du malheur. Elle représentait, pour la population d'Algérie, le dernier espoir et l'ultime recours contre un désespoir passionnel. C'était la bouée de sauvetage à laquelle le naufragé tente de s'accrocher.
Ce sigle représentait un idéal de combat contre le déracinement et contre la honte. Il n'avait aucun caractère politique, puisque spécifiquement charnel. Un des fondateurs –sinon le père de l'OAS- avait écrit dans l'Echo d'Alger, le 6 décembre 1957 : « L'insurrection, pour l'Algérie française est l'insurrection légitime ! »… L'auteur  de cette phrase n'était autre que Michel Debré, Premier ministre de De Gaulle.
Ces hommes se battaient non par ambition, non par intérêt, mais parce qu'un sentiment sur lequel aucun raisonnement n'avait de prise -l'attachement profond à la terre natale- les avait conduit à la révolte. L'OAS c'était, comme l'a écrit Alain Peyrefitte, « le sursaut d'un peuple qui ne veut pas mourir ».
Ils ne se demandaient pas, ils ne se demandaient plus où était leur Patrie. Elle était là, dans cette terre. Ils refusaient d'être dépossédés de ce qu'ils avaient acquis, pierre par pierre et sou par sou. Ils refusaient de se séparer du cadre qui avait bercé leur enfance, de leurs souvenirs, de leurs morts. C'était l'essence même de leur vie… et ils défendaient leur vie.
Puisqu'ils étaient attachés à l'Algérie de toute leur âme, comment vivre ailleurs alors ? Une terre se défendait comme une femme, comme tout ce qu'on aimait et ici on mourrait pour ce qui donnait du prix à la vie, pour une raison d'être et de demeurer.
Une évidence s'imposait alors : S'il n'y avait pas eu le FLN, il n'y aurait pas eu d'OAS. Si De Gaulle avait laissé l'armée abattre le FLN –comme elle aurait pu le faire- il n'y aurait pas eu non plus d'OAS… c'est une vérité première.
Durant un an elle fit la guerre, comme le FLN la fit durant sept ans et, pour son malheur, les Français de Métropole ne retinrent d'elle que ses aspects les plus noirs. Ils ignoraient –ou feignaient d'ignorer- les exactions du FLN, des barbouzes et des gendarmes mobiles. Ils ne considéraient déjà plus l'Algérie comme un département français… et ils s'en fichaient. Ils souhaitaient se débarrasser au plus vite du « boulet algérien » -terme propre au général président- Les communistes jubilaient et poursuivaient leur propagande de destruction basée sur la sempiternelle rengaine : « Les pauvres Musulmans exploités par les salauds de colons », terme englobant tous les Européens d'Algérie, qu'ils fussent employés, ouvriers, commerçants ou fonctionnaires,  tous issus d'une immigration désirée… quand elle ne fut pas imposée par la Métropole avec les déportations de 1848 et 1870.
Ces « combattants de l'ombre » avaient, tous, conscience de participer à une croisade. Ils n'avaient plus d'identité, plus de famille, plus de maison. Ils ne se nourrissaient qu'à moitié, ne dormaient jamais deux fois sous le même toit et s'imaginaient toujours être épiés. Chaque jour des camarades de combat étaient pris, puis on les torturait et on les jetait telles des loques dans des cachots sombres et humides. Ils vivaient avec la hantise de subir le même sort et s'assimilaient donc à des bêtes traquées.
Pourtant ils savaient qu'ils n'étaient pas tout à fait seuls. Ils sentaient autour d'eux toute la foi et toute la tendresse d'un peuple enchaîné qui vivait à l'heure de leurs craintes, de leurs tourments. Ils trouvaient toujours des gens pour les aider, les héberger, les soigner et les encourager. Ils étaient le maillon de la chaîne qui les reliait entre un passé heureux et un avenir compromis.
Face au péril sans cesse croissant que représentait, pour le Pouvoir, l'organisation dont le slogan : « L'OAS frappe où elle veut, quand elle veut ! » ne faisait que se renforcer, de Gaulle et ses séides surent choisir les mots et mettre en évidence les actes pouvant discréditer l'adversaire… celui-ci n'étant évidemment plus le FLN… ni les seuls membres de l'OAS… mais l'ensemble des Européens accusés d'entraver la marche vers la paix voulue par le chef de l'Etat avec le soutien de la majorité des métropolitains. Pour parvenir à ses fins, il convenait, pour l'abattre, de marginaliser et d'isoler l'OAS mais aussi la population qui avait permis son triomphe jusque là. Triomphe qui avait inquiété tant le gouvernement que le GPRA au point de faire croître leur désir respectif de conclure les accords au plus vite et, pour la partie française, par « n'importe quel moyen ».
Pour autant, l'OAS ne désarmait pas. Dans certains points du bled dont l'armée se retirait progressivement depuis l'été 1961, elle avait tenté l'implantation de maquis pour lutter directement contre l'ALN sans populations interposées et dans le secret espoir de dégager une portion de territoire où son autorité serait reconnue. Guelma, Bouira, Tipasa, Coléa… autant de vains essais. Les commandos furent encerclés par l'armée et, incapables de tirer sur des soldats français, se rendirent. L'ultime et spectaculaire tentative eut lieu dans l'Ouarsenis, le 29 mars 1962 et se solda par un sanglant échec et la mort de l'un de ses chefs, le commandant Bazin. Trahie, l'OAS, au lieu des alliés qu'elle attendait (les harkis du Bachaga Boualam et deux unités régulières de l'armée) tomba sur des concentrations de forces FLN dix fois supérieures en nombre dont il a été affirmé –et jamais démenti- qu'elles avaient été amenées à pied d'œuvre par les véhicules des gendarmes mobiles français. Un combat désespéré qui alla jusqu'au corps à corps, s'engagea. Les hommes de l'OAS qui échappèrent à la tuerie furent pourchassés et quand ils furent rejoints, sauvagement abattus. Ce fut là la dernière bataille de l'OAS… son Camerone !

José CASTANO



PETIT RAPPEL ET LONG COMMENTAIRES


Au cours du Débarquement de Provence, 450.000 soldats - dont 300.000 hommes de l'Armée du Général de Lattre de Tassigny, (Général Juin, Général de Larminat, Général Béthouart, Général Goislard de Monsabert etc.) chef du corps expéditionnaire français, ont pris pied sur les plages de Saint-Tropez.  La plupart de ces soldats venait des quatre coins de l'empire colonial français: Goumiers marocains, spahis algériens, tirailleurs sénégalais, Pieds-Noirs.

1940 - 1942

Population musulmane en AFN (Tunisie, Algérie, Maroc): 18 millions. Appelés ou volontaires: Environ 180.000 (1% de la population musulmane).

Population européenne en AFN: 1 million. Appelés ou volontaires: Environ 168.000 (soit près de 17% de la population européenne).

Ce pourcentage est le plus important des populations engagées dans le conflit et tout le monde sait que les Allemands appelèrent pour la Bataille des Ardennes des tankistes de 16 ans! Idem pour la défense ultime de Berlin.

PERTES

Le total des pertes en Tunisie, Italie, France et Allemagne a été de 45.000 tués  (dont 20.000 européens) et 72.000 blessés (dont 32.000 européens) soit près de 18% des effectifs.

Si la population métropolitaine avait consenti un sacrifice équivalent, elle aurait perdu près de DEUX millions de ses garçons.

Le président Sarkozy, par ignorance ou par provocation, a osé déclarer il y a quelques mois, sur les lieux du Débarquement, que "ces soldats s'étaient battus pour la France comme pour leur mère patrie".

Aucun survivant de ce Débarquement (au moins octogénaires il est vrai) n'est allé lui demander le motif de son injure publique. Il devait se croire au Salon de l'Agriculture.

A titre comparatif, les Forces Françaises Libres dirigées directement par l'homme de Londres ont rassemblé 20.000 combattants durant toute la durée de la guerre!  L'équivalent de tous les tués Pieds-Noirs en 9 mois de combats.

Quelques éléments de la France Libre arrivaient de France. La plupart arrivaient d'Afrique du Nord (encore!) d'AEF, d'AOF, de Polynésie et de Nouvelle Calédonie.

Pour mémoire, mon propre père put partir aux USA dès fin 42 par Casablanca, avec quelques centaines de camarades.

Je détiens une photo du baraquement d'embarquement au Maroc. Sur cette photo deux affiches énormes au mur:  L'une représentant le Maréchal Pétain à qui ils doivent, tous, de pouvoir s'embarquer pour rejoindre l'USAF en Floride, en Alabama et en Ohio pour revenir, formés au combat aérien, à bord des escadrilles de B26 Marauders.

L'autre affiche montre la devise de ces combattants: "Travail-Famille-Patrie".

De pareilles découvertes ont de quoi en navrer beaucoup aujourd'hui. Le martèlement de la mythologie des vainqueurs qui a totalement occulté le rôle réel d'intervenants devenus embarrassants fausse tellement le rôle d'un Galilée moderne de l'Histoire que la fourniture de preuves elle-même devient matière à riposte violente de la part des religionnaires de la mythologie officielle que ces preuves mettent en furie.

François Mitterrand avait lui-même souligné, dans une émission face à M. Elkhabach, que cette mythologie grandissait exponentiellement à mesure qu'on s'éloignait des événements dont il est question.

Ces légendes enseignent aux jeunes générations et à ceux pour qui les catéchismes font office de vérité qu'il n'y avait que des traîtres à Vichy. Le livre de Pierre Péan: "Une jeunesse française" écrit avec l'imprimatur de François Mitterrand, posant en couverture en train de serrer la main du Maréchal à Vichy ... 8 mois avant le Débarquement de Normandie, fait la démonstration qu'on résistait autant à Vichy qu'à Londres mais que c'était évidemment beaucoup plus difficile comme otages des Allemands que comme alliés des Anglais.

Les nombreux ouvrages du Professeur Louis Rougier, directement impliqué dans cette politique, ont montré s'il en était besoin, que jusqu'à la prise du pouvoir par De Gaulle, les Alliés n'avaient cessé de traiter avec Vichy que comme avec un allié privilégié. L'empirisme anglo saxon ne s'embarrassa aucunement de sentimentalisme quelconque ni de quelque quête de vérité que ce soit et changea de partenaire politique du jour au lendemain. C'est ainsi d'ailleurs que le Président Chirac allait se faire ovationner à Alger - il n'y a pas 5 ans! - par les assassins de quelques centaines de milliers de ses compatriotes et alliés. 

Antoine de Saint-Exupéry supporta jusqu'au bout et longtemps après sa mort la vindicte gaulliste qui espérait obtenir de sa bouche un désaveu du Maréchal. En homme sensé il ne savait que trop qu'un Maréchal de France qui a vaincu le Boche à Verdun ne trahit pas.

En Israël un général revêtu de la gloire du vainqueur militaire pouvait, seul, entamer des négociations de paix avec l'ennemi, Yasser Arafat. Tout autre ne pouvait directement ressembler qu'à un Laval. A un Laval fusillé. Eh bien, qu'advint-il ? Est-ce un Palestinien qui assassina ce glorieux général, indiscutablement attaché à la grandeur de son propre pays et à la sécurité des siens? Non. Il se trouva un jeune juif pour lui tirer dessus à bout portant. Un jeune juif intransigeant pour éliminer ce "traître".  Et il n'est pas dit que les regrets de son propre peuple furent unanimes !

Le Maréchal français comme le Général juif, anciens vainqueurs glorieux, se couvraient d'une gloire bien plus héroïque - car suspecte aux fanatiques et aux primaires - en assumant la responsabilité de compromettre la première gloire dans une tentative désespérée de "Verdun diplomatique" de haute volée en optant pour un "Armistice" qui n'est une capitulation que pour les partisans échevelés d'un affrontement improbable.

Toutes les archives de la Wilhemstrasse, le livre de l'ambassadeur François-Poncet, les comptes-rendus du GQG sauvés de l'incendie, le livre de Rauchnig "Hitler m'a dit" attestent combien Hitler devint furieux contre lui-même après la poignée de mains de Montoire et qu'il considérait avant de mourir que "le vieux renard" (Pétain pour les Nazis) l'avait roulé dans la farine.

Qui croira enfin qu'un traître français puisse ordonner le sabordage de la Flotte française à Toulon au moment où l'ennemi finit par franchir cette "Ligne de démarcation" négociée à Montoire pour s'en emparer? Cette Ligne de démarcation qui permit à des milliers de Juifs d'échapper à la mort fut négociée où, quand, avec qui? Si ce n'est par le Maréchal Pétain !

Alors que la France qui sortait de l'enthousiasme hexago-hexagonal rose-rouge de ses Congés Payés et de son Front Popu venait de prendre la plus grande raclée militaire depuis Azincourt...

Le film "La Liste de Schindler" qui a valu à son réalisateur quelques ennuis idéologiques avec les exploiteurs partisans de la Victoire -  un réalisateur qui est un génie cinématographique et un parfait honnête homme, M. Schindler - fait clairement la démonstration que la manière la plus efficace de "résister" est évidemment de demeurer dans l'appareil lui-même et d'y peser de tout son poids selon les moyens dont on dispose.

Ce film montre que les professeurs de morale qui viennent donner des conseils après coup à ceux qui ont assumé  la responsabilité de tenter l'impossible gagneraient à se renseigner ou à se taire avant de parler de ce qu'ils ne savent pas.

Benhamou qui a écrit une biographie de Mitterrand raconte un diner entre eux: Ils sont donc tous les deux à table, dans un restaurant, et ils parlent de Papon. Mais justement, dans ce restaurant, se trouve aussi Maurice Papon, ancien Ministre de De Gaulle et ancien préfet de l'époque Vichy. Il s'y trouve avec deux convives et Benhamou exprime au Président son indignation de le voir là. Mitterrand ne bronche. Benhamou revient à la charge une seconde fois.  Mitterrand s'agace mais, à nouveau,  ne bronche. Comme l'apôtre Pierre sur les berges de Tibériade au terme de l'Evangile, Benhamou attaque une troisième fois sur le même registre outré. Alors Benhamou raconte cette scène saisissante:  Mitterrand lève sur lui son regard solennel autant que mystérieux et lui déclare en hachant chaque mot: 

" Taisez-vous, jeune homme, vous ne savez pas de quoi vous parlez".

Le plus inattendu reste pour la fin que Benhamou relate dans le détail. Papon a terminé son dîner et se lève en compagnie de ses deux amis. Il parvient à la hauteur de la table où est assis Mitterrand alors que des gardes du corps discrets sont à la porte du restaurant où prend son repas le récent ancien Président. Et là, Benhamou n'en peut mais! Papon incline la tête et salue Mitterrand. Benhamou regarde alors Mitterrand avec la plus extrême attention. Mitterrand, assis, penche également la tête et salue Papon.

Retour au sujet ... 

Pour mémoire encore, lors de la guerre de 14-18, 22.000 Pieds-Noirs furent tués au combat.

Ce qui fit dire à Albert CAMUS, prix Nobel de littérature et jeune petit pied-noir "pupille de la Nation" (une maman espagnole qui faisait des ménages, colonialiste archétype).

"Mobilisation: Quand mon père fut appelé sous les drapeaux, il n'avait jamais vu la France. Il la vit et il fut tué". ("Le premier homme" page 278 - Ed Gallimard - 1995).

Charles De Gaulle, personnage clé du livre: "Le voyage de Monsieur Perrichon" haïssait naturellement quiconque avait pu lui rendre service.

Comme il devait tout au Maréchal et que ses plus que parfait du subjonctif ronflant d'obséquiosité demeuraient et demeurent l'attestation écrite de sa rouerie, il se devait de l'effacer. De l'effacer, le Maréchal!

Comme il devait infiniment à Paul Reynaud, il fallut aussi l'oublier. Euphémisme.

Comme il devait une grande part de sa culture politique à Maurras, il lui fit visiter la Centrale de Clairvaux ... jusqu'à la fin.

Comme il devait la Croix de Lorraine à l'Amiral Muselier ... c'est l'Amiral qui le quitta!

Comme il devait "sa" théorie de la guerre combinée avions-chars au général Estienne mais que dans sa première édition plagiée d'avant guerre il n'évoqua que les chars convaincu qu'Estienne se trompait en insistant sur le rôle de l'aviation, l'immédiate édition d'après guerre se hâta de réparer l'oubli en plagiant totalement la vision prophétique du général Estienne qui, lui, ne s'était pas trompé en ... se recopiant!

Comme il devait beaucoup aux Anglais et aux Américains qui crurent utile de ne pas le prévenir de la date du Débarquement (il l'apprit par la presse, comme tout le monde, le lendemain!) il consacra le restant de ses jours à les en remercier.

L'Armée française de libération n'existait que par la volonté de Pétain, d'Huntziger et de Weygand et sous le commandement anglo américain. Que De Gaulle ait approuvé ou critiqué les modalités du débarquement allié, il eut lieu au jour et aux lieux choisis par Roosevelt et par Churchill. De Gaulle couché sous la dalle de l'Arc de Triomphe ou debout derrière son micro, le premier coup de canon eût tonné au même instant en Normandie. Ce sont des choses qui se paient quand on s'appelle De Gaulle!

Comme il devait le pouvoir au Général Salan, il le condamna à mort ...

Comme il devait la victoire et le pouvoir retrouvé aux Pieds Noirs et aux Arabes il inventa la plus grande arnaque de l'Histoire de France pour les punir en prétextant avec une lucidité géniale (auprès d'Alain Peyrefitte) qu'il fallait empêcher à tout prix qu'on puisse dire un jour: "Colombey les Deux Mosquées". Ah! quel visionnaire !

Le spectacle des gaullistes - ancienne et nouvelle génération, car la nature humaine est à ce point inattendue qu'il se trouve toujours des féaux de Machiavel indépendamment des faits et des dates - c'est cette extraordinaire aptitude à endurer les souffrances et les catastrophes quand elles surviennent aux autres. En être, si possible, les auteurs ou les complices donne même un certain piment à ce qu'on ne peut nommer autrement que de la bêtise ou du sadisme.

Le père fondateur de la dévotion gaulliste fut, sans conteste, François Mauriac qui passa la deuxième partie de sa vie dans une proternation religieuse qui cachait mal tous les tours qu'il portait dans son sac: Il ne craignit pas de manipuler, lui-même et de fond en comble, le fameux discours de Brazzaville qui, dans son texte, énonce rigoureusement le contraire de ce que les hagiographes et les thuriféraires salariés en ont sorti.

C'est dans son "De Gaulle" qu'il se livre à ces pieux et frileux transports, extasié comme à la messe de 7 heures, dans une église de campagne, par la manipulation de textes sacrés qu'il se croit autorisé à surcharger encore de sa propre eau bénite.

Le jour même du Discours de Brazzaville  qu'il est de bon ton chez les gaullistes et au Café du Commerce de considérer comme la première pierre de la décolonisation,  De Gaulle reprit la parole pour inaugurer le monument élevé à la mémoire d'un pionnier de la colonisation nommé Savorgnan de Brazza: En voici les premiers mots:

"Il fallait que la mémoire de Savorgnan de Brazza fût consacrée par un monument élevé sur la terre d'Afrique équatoriale française, il fallait que ce monument fût dressé au bord du Congo, du fleuve magnifique sur la rive duquel ce grand Français a installé la France".

De même les gaullistes - paléos ou néos - se gardent bien de rappeler qui ordonna la sanglante répression de Sétif, en Mai 1945, ripostant à la plus sanglante émeute du printemps 45 en Algérie, événement qui jeta le grain de la future rébellion.

Comme De Gaulle était l'homme de la discontinuité, les gaullistes ont beaucoup de mal - en général ils se contentent comme tous les malades des sectes de se taire ou d'insulter - à trouver en lui l'homme de la continuité qu'ils aimeraient y trouver. Ils besognent, les mains tremblantes, avec leur saint sacrement fait Homme, fasciné par ce personnage fascinant. 

Comme Caligula émerveillait les hystériques et les folles en jetant aux lions les chrétiens, De Gaulle réunit l'engeance humaine la pire qui soit: Celle qui pense, comme Staline, que la compassion est la maladie des chiens. Et que la vérité politique est une farce qu'il est excellent, utile et génial de manipuler pour faire la preuve de combien les hommes sont bêtes.

Dans son livre Mauriac finit par se taire sur l'évocation de l'arnaque algérienne. Il a beau s'émerveiller devant le corpus gaullien et humer révérencieusement le coprolithe de Colombey, le tour de force d'Alger et de Mostaganem de Juin 58 le laisse sans voix. Prudent, le vieux malin de Malagar, à la voix aussi éraillée que ses flèches empoisonnées de curare et d'encens et dont le fils déclara que son père l'avait conçu sans plaisir, préfère se ranger derrière le propos d'un plus audacieux que lui: P.M de La Gorce, une espèce de Tauriac d'alors, un thuriféraire professionnel dont les seules envies en guise d'insolence étaient celles d'encenser les autorités en place et les chefs d'Etat en exercice.

Cette catégorie d'hommes est nombreuse et quand elle s'appelle Louis-Gabriel Robinet ou François Mauriac, elle ne manque pas de bouffonnerie si l'on considère que les louanges entre 1941 et 1946 sont, sous leur plume, strictement les mêmes sauf que l'encencé qui était Maréchal a été rétrogradé au grade de général.

François Mauriac incarne la survivance d'une espèce de gaullistes mystérieusement recrutée selon une alchimie où la haine s'appelle modération, où le crime s'appelle miracle, où la lâcheté s'appelle un fait d'armes, où la comédie s'appelle Droiture, où la défaite s'appelle un triomphe,
l'Impuissance, fermeté,
l'Abandon, succès
l'Indifférence, lucidité ...

François Mauriac incarne au mieux les gaullistes perpétués qui se rencontrent encore comme on rencontre, en Russie des staliniens, en Chine des maoistes, en France des guevarristes et dans certains hôpitaux des naufragés de maladies orphelines contre lesquelles on ne peut rien, sinon patienter et pleurer d'impuissance.

A l'imitation de tous ces humains honteux qui ne peuvent s'avouer le vice de leur fonds, Mauriac, devant l'imposture gaulliste en Algérie, avait choisi de se laver les mains en confiant à un fusilleur de base le soin de dire ce qu'il savait, lui, immortellement indigne. Il lui restait assez de mémoire pour savoir que son idole avait donné sa parole d'honneur que l'Algérie était pour toujours française, qu'Oran était éternellement française et qu'il n'y avait plus que des Français en Algérie.

Le plumitif a canon scié, Monsieur de La Gorce, honoré aujourd'hui par Monsieur Guena, remplaça Mauriac comme le sous-officier met dans la tempe du condamné le coup de grâce:

Il écrit:

"C'est en vain qu'à Mostaganem, l'après-midi, la foule l'entendit crier: "Vive Mostaganem! Vive l'Algérie française! Vive la République! Vive la France!"

Si les foules algériennes avaient entendu De Gaulle "en vain" c'est évidemment que De Gaulle mentait et sous la plume d'un adorateur patenté, ce "c'est en vain" est un aveu qui ne peut que plaire à ceux qui pensent qu'il est dommage que le Petit Clamart n'ait pas réussi.


Vitus   

HOMMAGE AUX COMBATTANTS DE 1914-1918


Roger PICON
6, avenue Jean ZAY
66330 CABESTANY

à

Monsieur le Secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens Combattants

Objet : hommage aux combattants de 1914-1918

Monsieur le Secrétaire d'Etat,

J'ai l'honneur d'accuser réception du texte du discours en forme d'hommage national aux combattants de1914-1918, prononcé par Monsieur le Président de la République le 17 Mars 2008 à l'occasion du décès du dernier " poilu " de la Grande Guerre.

Cet hommage prend pour moi une signification toute particulière dans la mesure où un de mes parents, fils d'immigré espagnol naturalisé français, y a perdu la vie lors du combat de Wishaëte, en Belgique, le 6 Novembre 1914

Antoine MARTINEZ, frère aîné de ma mère, âgé de vingt-deux ans, a été porté disparu ce jour-là. Il était parti d'Albi où il accomplissait son service militaire, le 6 Août, et avait rejoint à marches forcées le champ de bataille pour y  combattre et mourir. Il était né le 26 Juillet 1892 à Sidi-Bel-Abbès, en Algérie.

Pendant plusieurs décennies, jusqu'en 1962, son nom a figuré au milieu de nombreux autres, français ou " indigènes ", sur le monument aux morts de sa ville natale.

Les noms des martyrs qui y étaient gravés ont été ensuite martelés avant que le monument ne soit démantelé. Comme lui, je pense que la plupart des milliers de " poilus " morts " pieusement " pour la Patrie, partis des rives sud de la Méditerranée, n'ont plus droit " qu'à leur cercueil la foule vienne et prie ".

J'ai assisté à la cérémonie organisée à Cabestany à l'occasion du 90ème  anniversaire de l'armistice. Aucun des intervenants, pas même vous dont le message a été lu, n'a mentionné ces oubliés de l'Histoire.

Auraient-ils quelque chose de " honteux " ? Je veux espérer que non. Je veux espérer que comme les chinois dont vous avez mentionné fort justement leur participation, ces ancêtres de nos actuels " pieds-noirs " ne seront plus passés sous silence. Lorsqu'ils ont donné leur vie pendant la Grande Guerre ou lors du conflit de 1939-1945, Ils ne savaient pas qu'ils seraient affublés un jour de cette étiquette devenue synonyme de colonialistes. Nul ne pourrait dire pour qui leur cœur battait et de quel côté il penchait. Ils étaient des français d'Algérie et ceci suffisait à leur fierté.

Voyez-vous, et sans faire de polémique stérile, ces morts sont morts deux fois. Une première fois sur le champ de bataille où ils reposent intimement mêlés à la terre. Une deuxième fois dans l'effacement de leurs noms des stèles et dans l'impossibilité matérielle où se trouvent leurs descendants de leur rendre le juste hommage, sur le lieu de leur naissance,  auquel ils ont droit, eux aussi.

Alors, comme le pasteur Martin Luther King, j'ai fait un rêve. J'ai rêvé que chaque commune d'Algérie dont le monument aux morts a été démantelé, où les noms des morts, qu'ils soient français ou indigènes, ont été martelés, auprès de l'emplacement duquel leurs descendants ne peuvent se rendre pour un  hommage posthume, que chaque commune soit prise en parrainage par une commune de France. J'ai rêvé que les noms de ces martyrs figurent fraternellement, comme dans la boue des tranchées,  aux côtés de ceux du village, du bourg ou de la ville qui aura su marquer par ce geste le lien qui n'a jamais cessé de nous faire reconnaître comme frères au-delà des incompréhensions et des malentendus de l'Histoire.

Je vous demande donc, à titre personnel, de bien vouloir accorder une attention toute particulière à ma proposition dans l'espoir que pour le centième anniversaire de la fin de ce massacre, les noms des morts effacés des stèles de la mémoire, y aient retrouvé une place.

Je vous serais infiniment reconnaissant si vous vouliez vous faire mon interprète auprès de Monsieur le Président de la République afin que chaque conseil municipal, dûment sollicité,  y réfléchisse et répare ce déni de justice. 

Avec mes plus sincères remerciements, je vous prie d'agréer, Monsieur le Secrétaire d'Etat, l'assurance de mes respectueuses salutations.

Cabestany, le 14 Novembre 2008.

Roger PICON

QUAND MA PENSEE S'EN VA VERS L'AFRIQUE DU NORD

POEME de Christian VEBEL,
Ex chansonnier des théâtres :*LesTrois Baudets* à Alger et *Les Deux Anes * à Paris !

Quand ma pensée s'en va vers l'Afrique du Nord, je me sens, tout à coup, bourrelé de remords,
Que l'Algérie fût une province française, c'est évident bien sûr… bien qu'à tous ça ne plaise !
Que des hommes aient fait d'un bled qui n'était rien, ce beau pays algérien,
Nul ne peut dire le contraire, et savez-vous de qui furent les grands-pères ?
Vous seriez étonnés d'en apprendre les noms. Oui, Vaillard est setois, René-Paul est breton,
Mais moi, pur parisien, je suis de Kabylie, je suis natif d'El-Kseur, à deux pas de Bougie,
Et notre Roméo, oui Roméo Carlès,  il est natif d'Oran, ou de Sidi-Bel-Abbès.
Tenez, Colette Mars, encore une algéroise… Et le Maréchal Juin de l'Académie Française est aussi de là-bas,
Comme Pierre Blanchard, et le clown Zavata, et l'auteur Paul Achard,
Des acteurs honorant la Comédie Française : Aimé Clariond, Bertheau sont de souche oranaise,
L'écrivain Paul Vialard, Yves Vincent aussi, Marie-José, Françoise Arnould et Rossoti , vous ne vous doutiez pas d'une telle série..
D'artistes parisiens produits par l'Algérie oui… vous la connaissez si mal en général !
Mais Alger ! C'est Bordeaux, ou Marseille, ou Laval ; Oran, mais c'est Strasbourg, à moins que ce ne soit Lille,
Et Tours ou Châteaudun… disons Philippeville !
Seulement, ces temps-ci, il faut compter là-bas, avec un mécontent… un certain fellagha.
Et, petit fellagha, c'est à toi que je pense, en voyant ta rancune, à l'égard de la France,
J'ai beaucoup réfléchi, et ma méditation me décide à venir te demander pardon.
Oui, pardon fellagha, pardon pour mon grand-père qui vint tracer la route et labourer la terre.
Il est tombé chez toi, il a tout chamboulé : où poussaient des cailloux, il a foutu du blé.
Et mettant après ça, le comble de l'ignoble, où poussaient des cactus, il a fait un vignoble !
Pardon, cher petit fellagha, ô pardon pour tous ces dégâts !
Et mon affreux grand-père, il faut qu'on le confesse, n'était pas le seul de son espèce !
D'autres scélérats, ont bâti des cités. Par surcroit de férocité, ils y ont installé, l'eau et l'électricité,
Et tu n'en voulais pas, c'est la claire évidence, puisque, avant qu'arrive la France
Tu n'avais, en dehors de la casbah d'Alger, que la tente ou bien le gourbi pour te loger,
Et tu t'éclairais à l'huile... Nos maisons, bien sûr, pour toi, c'était une tuile,
Et l'électricité, là encore soyons francs, tu ne demandais pas qu'on te mette au courant.
Tu t'es habitué à ces choses infâmes, mais à regret, la mort dans l'âme…
Stoïquement d'ailleurs, supportant ces malheurs avec courage et bonne humeur.
Même tu t'engraissais, mais de mauvaises graisses, car tu prenais le car (une invention traîtresse),
Ce même car que, pris d'un délire divin, tu devais, un beau jour, pousser dans les ravins.
Je comprends ta rancoeur, je comprends ta colère, tu n'es pas au niveau des arabes du Caire,
Tu gagnes et tu vis mieux qu'un fellah égyptien... A quoi Nasser ? Nasser à rien.
Nous avons massacré tes lions, tes panthères, nous avons asséché tes marais millénaires,
Les moustiques sont morts, les poux… de profundis… Nous avons tout tué… même la syphilis,
Ah, pardon fellagha pour de pareils carnages, nous avons fait tout ça... c'est bougrement dommage,
Car, si d'autres idiots l'avaient fait, inspirés, c'est nous qui, maintenant, viendrions… " libérer ".
Et bouffer les marrons cuits par ces imbéciles. Ç'aurait, été moins long… et beaucoup plus facile !
Bien, pardon fellagha de t'avoir mieux nourri, de t'avoir vacciné, pour le béribéri,
Et d'avoir, à tes pieds nus, mis, ô maladresse, ces souliers… dont tu voudrais nous botter les fesses !

Christian VEBEL.  (écrit à Paris vers 1957-58)

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Crée Lauyan Toweb Segura Copyright © 2008.Tous droits réservés.                                                          Mise à Jour:mercredi 20 juin 2012