NOTRE TRAGEDIE L' EXODE DE 1962-1

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VOS TEMOIGNAGES NOTRE DEPART D'ALGERIE L'EXODE DE 1962  - 1ere  PARTIE

"On choisit pas ses amis on choisit pas sa famille. On choisit pas non plus les trottoirs de Manille de Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher ...."    "Etre né quelque part"  Maxime le Forestier

"Imaginez... Demain vous partez une valise à la main !! Derrière vous la maison, les voisins, les odeurs ; le stade, l'église et le cimetière ; la couleur de la terre, de la lumière et sur ce banc votre premier baiser......Puis plus rien.


..Je suis peut être comme vous ,je ne voudrais retenir que les bons souvenirs, et c'est vrai que je vous ai sollicité concernant notre départ d'algérie sachant que ça allait réveiller en nous des mauvais souvenirs car nous aurons forcément une pensée pour tous ceux qui ne sont plus là aujourd'hui et qui étaient sur le même bateau ou le même avion avec nous .

Pour moi pas question de forcer quiconque à faire ce témoignage chacun et libre de répondre à mon appel et on a le droit d'être en désaccord ,pour certain ce sera une délivrance de pouvoir en parler , pour d'autres ce sera remuer le couteau dans la plaie de cette cicatrice qui ne se refermera jamais,et d'autres refuseront d'en parler.

NOUS AVONS PROBABLEMENT PRIS LE MEME BATEAU OU LE MEME AVION DURANT L'EXODE DE 1962 MAIS JE RESTE PERSUADE QUE CHACUN D'ENTRE NOUS A SA PROPRE HISTOIRE.

A l'approche du cinquantenaire de notre départ d'Algérie.

Ayant crée dans mon site une nouvelle rubrique "Notre tragédie l'exode 1962"    1ére et 2éme Partie
je suis toujours à la recherche de récits et témoignages (Texte),concernant "Notre tragédie Humaine l'Exode de 1962" où nous avons du abandonner notre Pays ,notre ville ,notre village natal en bateau ,en avion ,en chalutiers ,à destination de la France ,d'Espagne ou d'ailleurs.

Que vous soyez d'Alger,d'Oran, de Constantine, Bône ou bien d'ailleurs aidez moi à faire connaître à nos enfants ,petits enfants cette tragédie humaine que la majorité d'entre nous avons connu.
Vous pouvez m'adresser vos textes en word ,en pdf ,par courriel ou par courrier je me chargerai de les faire paraître dans le site avec votre identité si vous le souhaitez à la prochaine mise à jour du site très prochainement.

Je sais que cet exercice est dur et pénible pour tous ceux qui l'ont vécu, même cinquante ans après ,cette blessure est toujours présente.

Je vous remercie par avance. Un grand merci à tous ceux qui m'ont adressé leurs témoignages.

Merci pour votre devoir de mémoire,votre aide et votre soutien permanent;

Au plaisir de vous lire. Je vous embrasse tous.

Amitiés .    jules segura


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Jules.segura@gmail.com

Tel  +33  06 13 98 15 17                    Fax      09 57 23 91 25

MON DEPART DEFINITIF DE ZEGLA 1962  Henry DURAND de Zegla

Bientôt, le peuple Algérien fêtera son 50° anniversaire pour l'accession à son indépendance ; essentiellement du au lâchage des politiques et de la société civile. Car, à présent, les historiens de tous bords s'activent dans les archives, le secret défense est levé ....

    Mon départ définitif de ma terre natale, c'était hier, mes souvenirs sont ravivés par l'ampleur de documents, photos, revues, livres, DVD, de nombreux écrivains inconnus, ou peu connus veulent témoigner et laisser une trace d'un bout de "vie", une histoire magnifique qui ne ressemble à aucune autre, cette histoire n'est pas virtuelle. En 130 ans, nous les PIEDS-NOIRS , aujourd'hui, avons la chance d'avoir tous ces documents pour permettre à la génération actuelle , de constater avec preuves en main, notre abandon et le lâchage de tous les gouvernants civils et militaires de la V° république et une grande partie de la nation Française, tout est effacé, plus de départements, plus d'histoire, aucune recherche de disparus civils et militaires bref le chaos, un vrai séisme force 10, les Français d'Algérie n'ont jamais existé .....

      Je vais essayer de vous narrer par écrit mon départ, je ne me sentais pas capable de l'accomplir oralement comme JULES l'a si bien fait et retranscrit sur son site par vidéo.....Depuis le début mars 1962, l'année scolaire était terminée, trop dangereux, car les 60 kms qui nous séparaient de SBA, Sidi Bel Abbés, et en particulier, la traversée de la foret, l'on craignait la prise d'otages, et tout simplement notre disparition. Car, dés le 19 mars 1962, nous étions abandonnés et laissées à la vindicte d'une population hystérique, si la Légion Etrangère n'avait été présente, et de ce fait,  crainte de leur réactivité et de ses valeurs de courage , notre chance à nous, car nous devions avoir la "baraka" et aussi, sans, une protection passive de nos ouvriers, car sans leur présence de proximité et leur indications, nous aurions, été pris par une horde de "fous sanguinaires et dévoreurs de "roumis" pour obtenir une rançon

  Le grand départ de ZEGLA avec toute la famille dans la PEUGEOT 403 a eu lieu le 25/07/1962, le ciel était d'un bleu azur, le soleil commençait à chauffer, des chiens errants, peu de personnes dans la rue principale, l'ouvrier de confiance, que je revois recevoir de ma mère et mon père , les clés de la maison, j'avoue qu'à ce moment là, j'étais persuadé de revenir.......Et pourtant, ce n'était qu'un voyage sans retour. La voiture était chargée, valises pleines à craquer, le porte-bagages sur le toit de la voiture, avec des valises, bref une transhumance ou la fuite vers une destination inconnue....Le silence dans la voiture, nos regards étaient fuyants, je n'avais jamais ressenti un tel abandon, et encore, aujourd'hui, je ne comprends pas cet état, aucune douleur, aucun ressentiment, aucune haine ; je ne cherchais pas à comprendre pourquoi je quittais ma maison.
 
Premier arrêt, le cimetière du TELAGH, recueillement devant le caveau de famille, ils dorment pour toujours sur la terre qui les avait vu naître, je les ai laissés sous le chaud soleil et à l'ombre des cyprès, eux aussi.

  Deuxième arrêt, la maison du TELAGH, maison où j'ai vu le jour, ma grand-mère pleurait, et c'est à ce moment là que j'ai ressenti qu'il se passait quelque  chose d'irréversible, c'est fini, j'abandonne et j'efface toutes traces de mon existence, des larmes coulent, tandis que je mémorise, tel un reporter, tous ces moments que je dois conserver dans ma mémoire tout au fond de moi. Cette maison possédait une âme, une vie, des murs témoins de mes jours heureux, des odeurs de cuisine, et le bruit de l'atelier de bourrellerie, je profitais de ces quelques instants de liberté pour venir toucher ces colliers, ces scelles, ces harnais et cet odeur du cuir. Et, pendant ce temps, ma grand-mère et mes parents vérifiaient une dernière fois,  les fermetures tandis que les clés de la maison étaient réunis pour qui ? Et à qui les donner ? C'était surréaliste, et un peu fou ....de croire que nous reviendrions. Nous étions pris dans une spirale où les innocents auraient eu tous une place. Il est vrai que les accords d'Evian permettaient de penser, que les biens auraient été sécurisés et protégés ; pas de doute, le retour était programmé......

  Que ce dernier départ fut difficile, nous étions prostrés, les yeux rougis, plus personne ne pouvait s'exprimer et il a fallu démarrer, l'escorte militaire attendait. Nous laissions derrière nous,  la sous-préfecture, le malheur vient de nous tutoyer, tel un serpent sur sa proie ; tous ces espaces, toutes ces maisons, la place, l'école, l'église, le boulanger, les jardins, tout cela est rayé, balayé. C'est impossible, "PAPA, fais demi-tour" , nous étions dans un état émotionnel très fort et soudain, je me laisse emporter , j'abandonne cette idée;  je suis ailleurs, sans réflexe, je suis le mouvement, la traversée de Sidi Bel Abbés, je ne m'en rappelle plus, par contre, à notre passage, je ressentais toute l'arrogance de la jeunesse, des drapeaux qui flottaient à toutes maisons, des scènes liesse à tous les carrefours. Tout est perdu, je ne reviendrais plus, car je suis, à présent, l'étranger, seul mon extrait de naissance justifiera mon lieu de naissance.  Direction l'aéroport d'ORAN-LA SENIA, un dernier contrôle et l'avion "caravelle" survolait le port d'ORAN, et d'un seul coup, nous effacions un département Français.

  La vie continue, malgré tout, car notre fardeau, il faut le porter tous les jours, l'amnésie a gagné, l'oubli, l'abandon de nos valeurs. Nos parents n'ont pas tous réussi dans leur nouvelle vie, mais nous avons hérité de cette force d'entreprendre, nous ne lâcherons rien. Je suis né sur une terre où j'ai vécu une quinzaine d'années, c'est peu, sans doute, mais cela m'a forgé mon caractère et j'ai hérité de ce pouvoir mental : rester fort en toutes circonstances ....Ne jamais abdiquer, et respecter un idéal et une ligne de conduite malgré tout.

" Non, je n'ai rien oublié," une chanson de Charles AZNAVOUR que j'écoute souvent  quand le moral vacille, et cela me permet de reprendre la marche en avant....... 


Henry Durand de Zégla


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Mon départ définitif de Zegla 1962 Henry Durand.docx

LE TELAGH JUIN 1962  Colette TEULET GARCIA Le Telagh

Rue de Saïda n° 10
Comme tous les matins, ce 4 juin 1962, sitôt m'être apprêtée et avoir petit-déjeuner, je suis partie comme Perrette, la tête pleine de rêves et de châteaux en Espagne, acheter le pain. Rien de particulier à dire, du trajet jusqu'à la boulangerie ! En revenant chez moi, il y avait devant la maison qui faisait face à la nôtre, un petit attroupement de jeunes algériens (13 15 ans), quand j'arrive à hauteur de notre portail, au moment d'ouvrir, je sens le souffle d'un projectile (en fait une grosse pierre), qui vient heurter le portail en fer avec un bruit effroyable ; ma mère arrive complètement affolée, me croyant blessée, heureusement je l'avais échappée belle, comme on dit ! Nous nous sommes barricadées, en attendant que mon père rentre ; à partir de cet instant j'ai commencé à réaliser, que tout était perdu : l'insouciance, la douceur de vivre dans le village et, qu'il était impossible désormais de rester dans ce beau pays " Algérie ".
Quand mon père est rentré et qu'il a été mis au courant, les choses n'ont pas traîné, il a organisé notre départ et nous avons fait les valises. Je me revois la veille du départ, dans notre petite salle à manger, mes sœurs , mes petits neveux, maman qui pleurait et moi qui regardais les miens comme si je n'allais plus les revoir.

Il avait été décidé, que mon beau-frère Jeannot nous conduirait à la Sénia avec l'escorte militaire ; à 5h du matin on attendait… Comme Jeannot n'est pas du genre patient, il a décidé de prendre la route, j'avoue que tout le long du trajet j'ai prié pour qu'on ne soit pas attaqué. Mon beau-frère m'en parle souvent et reconnaît qu'il avait pris un risque inconsidéré, car très peu de temps après, sur ce même parcours, une famille qu'on connaissait et qui se rendait à Oran, avait été enlevée et massacrée. Nous sommes arrivés enfin à l'aéroport, il y avait là une foule immense qui attendait, certains depuis plusieurs jours, des enfants, des personnes âgées, tout le monde pleurait et serrait le peu qu'il emmenait. Nous devions rejoindre mon frère André muté depuis peu à Besançon dans le Doubs, je demandai donc un départ pour Lyon, il n'y en avait plus, par chance, mon cousin Mimi Gonzales était venu accompagner sa petite famille qui partait à Tarbes, il vient nous proposer un vol pour Toulouse, je dis à maman : " On va le prendre, une fois à Toulouse il y aura bien un train pour Besançon " C'est ainsi que nous avons quitté notre pays, laissant derrière nous, surtout pour les adultes, toute une vie de travail et de souvenirs.

Dans ce même vol, nous avons rencontré des voisins qui eux partaient à Firminy (Loire), nous nous sommes senties moins seules et tout le petit groupe, une fois arrivé à Toulouse, nous voilà partis à la gare Matabiau. Je ne vous dirai pas grand-chose sur le court séjour dans la ville rose, mais j'ai sur le cœur depuis bientôt 50 ans la façon indigne dont s'est comporté un contrôleur de la SNCF ; nous étions dans un train de nuit à compartiments, nous étions tous fatigués physiquement et moralement, je m'aperçois soudain que les sièges faisaient couchettes, sans  réfléchir, nous nous installons sur les couchettes, le très zélé contrôleur, qui nous avait déjà contrôlé 2 fois, passe, repasse, entre, allume et nous redemande les billets et là, avec une méchanceté rare, nous ordonne de refermer les couchettes, si on se croyait en pays conquis et de le remercier car si nous étions tombés sur son collègue de Carcassonne,  nous aurions eu une forte amende !

L'arrivée à Besançon ne peut pas s'oublier non plus ! Comme notre départ fût précipité, nous n'avions pas eu le temps de prévenir mon frère de notre arrivée, sauf que nous sommes arrivées un samedi et qu'André et sa famille étaient partis en Week-end ; nous voilà donc perdues dans une ville inconnue et, ne connaissant personne. Contrairement au contrôleur du train Toulouse-Lyon, nous sommes tombées sur la voisine de mon frère, une dame charmante, qui sans nous connaître, nous a offert un goûter et un lit pour faire une petite sieste. Nous avons passé la première nuit à l'hôtel, à 6 heures du matin, de grands coups à la porte nous réveillent : " Police ouvrez ", en tremblant (nous avons pensé qu'il était arrivé quelque chose de grave à mon frère) j'ouvre et 2 policiers nous demandent nos papiers d'identité, pourquoi nous étions là etc etc… ; à l'époque quand on prenait une chambre dans un hôtel il fallait remplir une fiche de police, quand ces messieurs sont venus faire leur tournée, ils ont vu notre fiche, nous venions d'Algérie et coïncidence, le Terrasse hôtel se trouvait sur le parcours que le cortège du Général de Gaulle (en visite dans la ville), devait emprunter quelques jours plus tard. Heureusement, ces messieurs de la police ont vite compris que nous n'étions pas des terroristes et, nous avons pu nous rendormir.

Ce départ d'Algérie et cette arrivée en France Métropolitaine (comme on disait), ont été très pénibles et éprouvants surtout pour ma pauvre mère qui était déjà gravement malade ; moi, je n'avais que 15 ans ! cette épreuve m'a mûrie, la Coletta del Taladre a laissé rue de Saïda n° 10 son insouciance, son " petit soleil " et tout ce, qui ne sera plus comme avant.
En guise de bienvenue, l'hiver 1962-1963 a été rigoureux -25, les canalisations gelées, plus d'eau au robinet, le Doubs recouvert de glace et ma " sainte mère ", toujours aussi généreuse et gentille a participé au don " La pelle de charbon " pour ceux qui étaient plus malheureux que nous.

C'était, il y a presque 50 ans, mais c'est, comme si c'était hier…
Ne jamais oublier ! Never forget !
Merci aux personnes qui nous ont aidées dans ces moments difficiles, ceux qui nous ont mal reçus, tant pis pour eux ! On leur a prouvé qui nous étions, capables de repartir à zéro ; en nous coule le sang de ces pionniers qui un jour, ont pris un bateau, un maigre baluchon sur l'épaule, pour défricher, cultiver les terres, construire des routes, des voies de chemin de fer, et faire ce beau pays qu'était " Notre Algérie ".



Colette Garcia Le Telagh


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le-t-lagh-juin-1962-de-colette-garcia.doc

RAPATRIEMENT .INTEGRATION 1962  Adrienne ANDRE de Sidi Bel Abbés

Les " évènements d'Algérie " je les ai ressentis moins violemment que vous tous. L'âge, sûrement, je devais être plus inconsciente !!!! bien sûr j'ai fait aussi comme beaucoup de mon âge des bêtises (aux yeux de mes grands parents) comme par exemple circuler en voiture avec des aînés en criant " ALGERIE FRANCAISE " ou en s'habillant en noir et blanc symbole de l'organisation alors en place pour nous " défendre " j'avais 12/13 ans et je " jouais " plutôt que je ne subissais heureusement !!!! Car le départ une première fois pour LA SENIA chez de la famille pour essayer de nous regrouper un peu et le grand saut le 24 NOVEMBRE 1962 ont été un déchirement que même aujourd'hui j'ai du mal à raconter.
Le 24 NOVEMBRE 1962 le KAIROUAN quitte le port d'ORAN, il fait un temps superbe le soleil est là pour nous dire " Adieu ", sur le pont seuls les jeunes avec des larmes pleins les yeux regardent s'éloigner le rivage, leur enfance, leur adolescence.

Les plus anciens sont dans les cabines, les vieilles personnes hurlent de douleur et je vous assure que je n'exagère pas, c'est vraiment insoutenable et là je réalise vraiment que tout va changer pour moi j'ai 14 ans et j'aurais dû rentrer en 4ème………..
Je ne supporte pas que le personnel du bateau bouscule mes grands parents parce qu'ils sont lents, parce qu'ils ont avec eux leurs seuls biens la chienne berger allemand et 2 cages de canaris (mes grands parents sont âgés respectivement de 82 et 72 ans) et qu'ils ont du mal à avancer plus rapidement, ce manque de respect que je perçois me mets hors de moi. Nous arrivons à Marseille où nous sommes attendus par de la famille et  nous partons pour SALON DE PROVENCE (heureusement je n'ai pas connu les salles de " transit " )
SALON DE PROVENCE, alors là intégration " 0 " j'arrive dans un lycée où je suis la seule pied noire et je deviens le souffre douleur d'une bande de petits " snobinards " qui sans arrêt se moque de mon accent, de mon nom, me traite de sale pied noire à longueur de journée demande aux filles de ne pas me parler, heureusement certaines sont passées outre et j'ai pu terminer mon année, mais dans un état d'esprit déplorable (je ne voulais plus dire où j'étais née ni comment je m'appelais). A ce moment là j'aurais voulu m'appeler DUPONT ou DURAND………

J'ai pris très rapidement l'accent du midi et j'ai pu donner le change l'année d'après.
En 1964 nous sommes montés à LYON et là j'ai beaucoup moins souffert, j'ai eu des ami (e)s très rapidement mon nom ne gênait plus personne car avec " mon accent du midi " j'ai vite dit partout que j'étais née à SALON DE PROVENCE et OUF tranquillité assurée. Jusqu'à ce qu'un professeur de français s'aperçoive de la supercherie et alors là à nouveau une année de galère chaque fois que j'avais français (tout ça parce que j'étais rapatriée d'Algérie). Ma défense à ce moment là a été " ma joie de vivre " je suis devenue le clown de la classe et j'ai gagné ainsi mon intégration par le rire. A cause de toute cette souffrance que je gardais précieusement pour moi, je ne voulais pas rajouter tout cela à la peine de mes grands parents, j'ai oublié beaucoup de choses, un voile s'est déposé sur ma mémoire occultant tous mes souvenirs de " là bas " et c'est grâce aux vôtres que ce voile se déchire peu à peu.
Voilà ensuite ça a été de mieux en mieux et je pense être maintenant parfaitement intégrée. Ma famille métropolitaine, mes ami(e)s m'appellent " leur petite pied noire " et j'adore. Je revendique haut et fort ce statut. Mais j'ai eu quelques années très douloureuses (qui auraient dû être les plus belles puisque c'était l'adolescence).
Malgré cela je fais toujours le grand écart au dessus de la Méditerranée et je le ferais jusqu'au jour où je pourrais enfin retourner à S.B.A,  Sidi Bel Abbés.


Adrienne André de Sidi Bel Abbés


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Rapatriement intégration 1962 de Adrienne André.docx

MON EXODE EN JUIN 1962  Elisabeth DUBOIS SEGURA de Sidi Bel Abbés

En juin 1962, mes parents décident de quitter l'Algérie définitivement, mon père a été prévenu par un Algérien que sa présence à Sidi Bel Abbés n'était pas souhaitée par les futures autorités du pays.
Notre départ est planifié en 2 temps, ma mère et moi-même puis mon frère François et mon père nous rejoindraient plus tard, le temps de rassembler certaines affaires.
Maman et moi-même nous devons prendre un avion à destination de Marseille pour retrouver un oncle qui y vit depuis peu.
Un matin, très tôt, nous rejoignons un groupe d'une cinquantaine de personnes et nous partons en car, escortés par des militaires en direction de la Sénia, l'aéroport d'Oran.

Après un voyage bien silencieux, le regard rivé sur ce paysage que nous n'allions plus revoir, cette ligne bleue de montagnes bien lointaines, nous arrivons à destination.
Nous sommes accueillis par des gardes mobiles qui passent nos bagages au peigne fin, je me sens humiliée et lorsque l'un d'entre eux me demande si parmi mes disques je n'ai pas le " Chant des Africains ", je lui réponds oui et c'est mon droit ! Je suis très en colère, comme on peut l'être à 16 ans devant une situation imposée et d'autant plus injuste que nous ne voulions pas quitter notre pays, la France pour nous, qui ne la connaissions pas, c'était l'étranger, l'inconnu.
Passé les grilles nous nous retrouvons dans une foule désorganisée, femmes, enfants, personnes âgées campent depuis un certain temps, attendant un avion, il semble que les vols ne sont pas nombreux, un tel exode a dû surprendre les autorités.

Un monsieur  tente de filmer cette scène, mais rapidement un garde mobile lui confisque sa pellicule, il est certain que cette situation est indigne et ne doit pas être divulguée, notre départ en masse n'a pas été pris en charge parce que non souhaité par le gouvernement français.
Ensuite, nous campons sous de grandes tentes de la croix rouge, les lits de camps sont réservés aux adultes et aux personnes en difficultés, nous les jeunes, nous débrouillons comme nous pouvons et aidons à la distribution des repas.
Cela dure 3 jours, n'ayant pas de vols sur Marseille, nous décidons de nous détourner vers Toulouse.
Durant ces 3 jours, il est vrai que les conditions d'attente étaient très difficiles, pourtant je me souviens de bons moments passés entre nous, les adolescents, quelques petites idylles naissent, des flirts se précisent mais sans lendemain puisque nous partons en ordre dispersé et sans adresse pour se contacter.
L'avion est enfin annoncé, nous sommes sur la piste avec nos bagages : cages à oiseaux ou pour chat……Tous désorientés.
Le vol est bruyant, nous sommes dans un avion militaire dont j'ai oublié le nom.
A notre arrivée à Toulouse, une cohorte de bénévoles d'une association se précipitent au-devant de nous nous offrons friandises et petite boisson.
Je leur demande plutôt un sandwich, on nous propose de les acheter dans la boutique qui se trouve juste là !!!!!!!
Nous souhaitons, maman et moi de rester à Toulouse un jour ou deux mais non il n'y a plus de places dans les hôtels, nous devons partir pour notre destination : Marseille ; Justement le car pour nous conduire à la gare est là.
Nous ne sommes pas les biens venus…..
A Marseille un taxi nous conduit dans un petit hôtel où vit mon oncle.


Mon frère François nous rejoint plus tard, puis mon père.
J'ai très mal vécu ce retour, mais je relative ce départ car des millions de réfugiés ont vécu et vivent de nos jours des situations bien plus dramatiques : les harkis, les vietnamiens, les réfugiés lors des guerres du golf, en Afrique ou ailleurs la liste est bien trop longue pour tous les citer.

Elisabeth Segura  de Sidi Bel Abbés


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Mon exode en juin 1962 de Elisabeth Segura.docx

MON EXODE 26 MAI 1962  Marie Paule PARRA DOMINGUEZ de Beni Saf

Je vous raconte mon exode de 26 mai 1962 d'Algérie, que ceci puisse enrichir notre Histoire et celle de nos enfants.
Nous sommes le 26 mai 1962, voici une dizaine de jours que mon frère Eugène l'ainé  est parti pour la France avec un chalutier de pêche de Béni Saf ville côtière dépendant de Ain Témouchent, avec sa moto, pour Port-Vendres port dans les Pyrénées Orientales en France.
Il est midi, mon père toujours ponctuel n'est toujours pas là. Ma mère décide de nous mettre à table quand tout à coup mon père arrive comme un fou et dit à ma mère : Prépare une valise, prends un change pour chaque personne et surtout les papiers, soyez au port dans 2h avec la grand mère. Ma grand-mère 82ans, ma mère 42ans, moi 15ans, Manu 12ans, Michel 5ans, et Annie 4ans.
On a su très vite que mon père était pressé et bouleversé de la situation future du a l'enterrement d'une grosse tête du F.L.N. La situation était de pire en pire avec les saccages, les violences ...
Ce qui explique cette précipitation.               

Nous sommes au port et nous embarquons comme convenu sur le chalutier, et nous voila partis pour Melilla ville espagnole au Maroc. Nous devions passer le détroit de Gilbraltar. Mer toujours mauvaise, les regrets de quitter notre pays, et pour couronner le tout nous voila dans une tempête. Mon père décide de nous attacher par sécurité Manu et moi, à l'arrière du bateau avec les filets de pêche. Ma mère ; ma grand-mère et les deux petits autour de la cabine de navigation. Nous affrontons la tempête. Une lourde planche posée au dessus de la cabine glissa à cause d'une grosse vague et tomba sur la tête de ma grand-mère.
Nous passons enfin le détroit de Gibraltar, mais ma mère s'aperçoit que ma grand-mère est morte. Elle appelle donc mon père. Mon père a donc retiré ma grand-mère des enfants, l'enveloppa dans une bâche et la posa dans un coin du bateau loin de nous pour pouvoir l'enterrer par la suite. MA mère est dans tous ses états, mon père la console. Nous sommes à Melilla.

Le bateau hisse le drapeau noir et annonce un mort à bord. Alors interdiction d'accoster. Mise en quarantaine, Il a fallu attendre le sanitaire, hors cela fait 48heures  que nous avons quitté Béni Saf et nous sommes toujours en mer. Mon père, de colère, prit l'hygiaphone et demanda qu'on vienne chercher les enfants pour manger. Et au petit matin le sanitaire nous a donné l'autorisation d'accoster.
Le sanitaire monte sur le bateau, pour discuter avec le patron pour la régularisation des papiers, l'origine de notre venue, d'où l'on venait pourquoi ?? ... Ma mère et nous les enfants, nous descendons du bateau.
Les pompes funèbres arrivent  pour prendre ma grand-mère morte. Mais le mort a disparu. Ma mère s'évanouit, mon père se dispute avec elle en disant qu'une vague a du l'emporter par dessus bord.
Il devait être 7h du matin, des pêcheurs sur le port, grillaient des sardines. L'odeur de la sardine nous a interpellé, et nous apercevons ma grand-mère qui mangeait avec les pêcheurs mais IMPOSSIBLE elle est morte !! MAIS NON !!! C'est l'odeur des sardines qui a réveillé tous ses sens et la planche l'avait tout simplement assommée, on suppose qu'elle a du descendre du bateau une fois que le sanitaire et les pompes funèbres étaient à bord. Nous tellement occupés à expliquer notre situation nous n'avons pas fait attention à elle. Les pêcheurs assistent à cette scène irréelle de savoir qu'un mort mange avec eux à 7h du matin la sardinade ! Nous éclatons de rire une fois que ma mère reconnu sa mère.

La route reste longue. Mon père décide après toutes ces émotions, de nous mettre dans le train pour la France pour Port-Vendres car mon frère ainé Eugène nous y attendait, pensant que le trajet en train serait plus simple et moins fatiguant pour la grand-mère et les enfants. Mon père devait cependant, ramener le bateau à St Raphaël en France. Nous revoilà repartis. Nous avons pris le bateau Paquebot de Melilla à Alicante, et de Alicante à Port de Bouc en train à charbon. Nous sommes dans le train, une cabine avec deux couchettes et nous dormons à tour de rôle. Nous étions chez nous dans cette cabine, enfin un peu de confort, ma mère enthousiaste décide de faire un peu de ménage; laver les vitres, les rideaux dans le lavabo du train ... et nous ouvrons les fenêtres du train à chaque arrêt de gare et nous achetions des boissons et des sandwichs  avec le peu d'argent que ma mère disposait, heureusement. Nous nous lavons avec un mouchoir dans le lavabo du train quand il y avait de l'eau. Plus d'une semaine dans ce train, ma mère complètement déboussolée, et le cerveau de ma grand-mère était resté en Algérie. Avec tous ces changements, nous avions oublié de descendre à Port-Vendres et nous sommes repartis au point de départ. Heureusement qu'un contrôleur est passé par là, et nous explique de descendre à Valencia. Il ne faut pas oublier que nous étions dans un train à charbon, nous étions alors tout noir de charbon, sans être lavés, sans être changés. Nous descendons à Valencia et la douane demande les papiers à ma mère. La douane pensait que nous faisions partie d'une troupe d'un cirque et demande alors les papiers du cirque. Ma mère déglinguée, pleurant ! ma grand-mère croyant qu'elle était toujours en Algérie cherchait une poule pour la tuer pour préparer un pot au feu. Nous les 4 enfants nous étions encore plus perturbés, nous étions dans un autre monde.

Nous sommes dans un hôtel à Valencia en Espagne. Nous avons pris un bon bain, une bonne soupe, et bien dormis. Nous voilà en forme ! Direction la gare pour Port de Bouc. Tout se passe bien, change de train Port-Vendres où mon frère nous y attendait. Nous allons au port de Port-Vendres mais pas de bateau ! pas de frère ! Il y avait un homme (qui m'a marqué) lisant un journal et ma mère lui demande si le bateau (dont je ne me souviens pas le nom)  était rentré au port. Et ce monsieur lui montre le journal avec l'article disant que le bateau avait coulé avec la tempête ! Ma mère s'évanouit pour la 2° fois ! Les petits effrayés, ma grand-mère toujours en Algérie avec sa poule. Heureusement mon frère Manu et moi étions lucides ! Les pompiers arrivent ! Ils veulent emmener ma mère mais pas ma grand-mère à l'hôpital ! Et nous à la rue seuls !

Moi la tête sur les épaules j'explique que nous partons à Agde car nous avions une adresse. Nous avons acheté des roses que nous avons jetées au port avec une prière pour mon frère.
Nous repartons en train pour Agde. Nous sommes arrivés ! Je confie la famille complètement désorientée et exténuée à mon frère Manu, le temps d'appeler un taxi pour nous mener chez MR MUNOZ ! Je sors de la gare, en face un hôtel qui existe toujours, et là par surprise je reconnais la moto de mon frère Eugène ! je demande confirmation à Manu si je ne rêve pas ! et il me confirme que c'est bien sa moto ! JE traverse la route, je demande à l'hôtel si mon frère Eugène est là. La dame de l'hôtel me dit d'aller sur la route de l'appeler car sa fenêtre donnait sur la route ! je l'appelle, il se met à la fenêtre, tout étonné il me demande ce que je fais la ! je lui dis que nous sommes tous là à la gare. Eugène arrive pour voir ma mère. Ma mère choquée de voir mon frère vivant s'évanouit pour la 3°fois ! Nous avions pris 2chambres d'hôtels.

Notre Exode a duré 3semaines de souffrance pour ma mère, nous enfants ,nous étions jeunes et inconscients mais très perturbés. Ma grand-mère ne s'en est jamais remise, morte peu de temps après. Ma mère et mon père sont restés soudés en continuant leur vie, nous la notre, mais notre coeur est toujours au pays chez nous, pas un jour sans une pensée pour notre terre natale.

Marie Paule Dominguez de Beni Saf


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Mon Exode du 26 MAI 1962 de Marie Paule Dominguez.docx

NOTRE DEPART ORAN JUILLET 1962 Aline MANDALLENA d' Oran

Nous avons été à la Sénia fin juin ça devait être vers le 29 juin nous avons passé quelques jours à l'aéroport une semaine à attendre un avion pour Marseille, les aviateurs étaient en grève submergés par le flux de personnes qui partaient d'Oran, ce fut un constellation belge qui nous amena à Marignane / Marseille.
Nous sommes restés une semaine à la Sénia, nous dormions sous des couvertures tendues par terre, pour faire passer le temps, nous les jeunes nous avions des tournes disques et nous dansions insouciants à ce qui se passait, nos parents étaient soucieux mais avec nos 15 ans nous ne réalisions pas, au bout de 4 jours nous n'avions plus rien à manger, les arabes venaient aux abords de l'aéroport pour nous vendre du pain, mais tous les gens de la Sénia refusaient ayant peur d'être empoisonné. Le jour de l'indépendance nous étions toujours là, et nous avons vu tous les arabes nous faire du doigt le tour du coup, heureusement l'armée française était toujours là, ce qui nous a protégé. Puis nous avons eu enfin notre avion et nous nous sommes envolés pour la France, arrivés à Marseille nous avons pris des billets on nous a demandé de régler mais nous n'avons pas pu car nous n'avions pas d'argent, un monsieur est arrivé et a dit" laissez ce sont des rapatriés". Notre périple s'est arrêté à Nice ou nous avons logés à 11 dans un deux pièces au mont Boron chez mes grands parents. Mon père ouvrier boulanger à trouvé une place à st Etienne de Tinée pour la saison et ensuite nous avons trouvé un appartement à Nice et la vie s'est déroulée normalement, peut-être pas pour mes parents. Je suis née le 30 octobre 1946 à l'hôpital d'Oran j'ai passé ma plus tendre enfance au quartier st Antoine au 10 rue de Mac-Mahon, puis en 1959 nous avons habité à la cité Jean de la Fontaine à Gambetta.


De Marseille gare Saint Charles nous avons pris le train pour Nice car nous avions de la famille qui nous attendait, le frère ainé de mon père qui résidait à Nice depuis la dernière guerre marié à une niçoise et qui avait perdu une jambe au col de Sospel, et mes grands parents que mon père avait fait partir en France en 1961. Voila pourquoi nous  sommes restés à Nice depuis 1962.


Aline Mandallena d'Oran


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Notre départ oran juillet 1962.docx

MON DEPART D'ORAN SEPTEMBRE 1962 Lucien HUGON d'Oran

Je vais vous raconter, mon départ d'Oran, figurez vous que quelques temps avant je fréquentais la fille Serra  Sylviane qui a quitté Oran avec sa famille au mois de juin , mais moi suite à un accident je n'ai pas pu partir avec eux, après m'être fait soigné et vu les évènements ( du 05 juillet 1962) je me suis réfugié avec des copains dans une villa abandonnée à Trouville, le 07 septembre 1962 des "amis" sont venus me chercher pour m'embarquer sur le "kairouan " je me suis retrouvé à Marseille le 8 septembre 1962, après avoir fait la queue à la gare Saint Charles j'ai pris le train de Lyon pour retrouver ma Sylviane, j'ai trouvé du travail après maintes recherches, trouvé un studio et le 13 juin 1964 ,le mariage.

Lucien Hugon d'Oran




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Mon départ d'Oran septembre 1962

EXODE JUIN 1962  Marcelle LABBE GOMEZ de Zegla

J'avais 10 ans ½ en juin 62,
Ce fut une grande déchirure pour mes parents, mon frère, ma sœur et moi de quitter ZÉGLA à bord d'un camion militaire à destination d'Oran, laissant tout derrière nous. Nous sommes partis seulement avec quelques valises, des sacs et un porte bébé car ma mère était enceinte de huit mois.
Arrivés à ORAN, nous sommes descendus dans un hôtel " Le Jeanne d'Arc " où nous avons séjourné deux ou trois jours, dans l'attente de nous rendre les jours suivants au port, sur le lieu d'embarquement où se trouvait le centre d'accueil des Pieds Noirs.
Pendant la semaine où nous y sommes restés, nous avons souffert. On faisait la queue pour aller chercher à manger et à boire, les rations étant insuffisantes, Papa essayait d'y retourner plusieurs fois. Nous dormions à deux enfants sur le même lit de camp, l'un au pied, l'autre à la tête. Certain dormait à même le sol.
Il n'y avait pas assez de toilettes et de lavabos pour le grand nombre de personnes que nous étions.
Depuis le centre, nous avons vu l'explosion d'un hangar avec des citernes d'essence situé à proximité du port. La nuit nous entendions des fusillades au loin. La peur était toujours là.
Quand le jour du 29 juin arriva pour prendre le bateau (le Sidi-Okba), c'était la bousculade, les cris, les pleurs et l'affolement pour nous tous.
Les arabes se trouvaient là, se proposant de porter nos bagages dans le bateau, à condition de leurs donner de l'argent.
Nous avons embarqué directement dans la cale du navire, car il n'y avait plus de place dans les cabines, ni sur le pont. Là, nous avons également souffert, surtout ma mère vu son état. Il faisait très chaud et il n'y avait pas beaucoup d'air où nous étions entassés. Pendant la traversée, mon père nous emmenait souvent prendre l'air sur le pont, ce qui nous occupait un moment.
Nous sommes arrivés à Marseille le 1° juillet 1962. Nous avons récupéré nos affaires avec beaucoup de mal, la moitié de nos valises étaient partis à Port-Vendres.
Nous avons pris le train pour nous rendre chez mon oncle Antoine (le frère à mon père) qui habitait ARLES depuis 1956. Auparavant il s'était occupé de nous trouver un logement. Quelques jours après notre arrivée, nous avons emménagé dans une maison à GAGERON, petit village de Camargue.
Le 4 août 1962, un mois après notre arrivé en métropole, ma mère a accouché à Arles de mon deuxième frère.
Nous avons eu énormément de difficultés pour retrouver ces bagages entreposés dans un dépôt à Port-Vendres. Il nous manquait même une valise.
Les gardiens de ces lieux, malintentionné, proposaient de donner à mon père un matelas, une valise, des vêtements, matériels que des Pieds Noirs n'étaient pas venu réclamer, ceci moyennant finance, ce que papa a refusé.
Une fois installé à GAGERON et après avoir fait les vendanges, mon père a réussi à trouver du travail dans les rizières.
Cela a été très dur pour mes parents de démarrer cette nouvelle vie de rapatrié…
Pour nous enfant, ce dépaysement n'a pas été facile, principalement à l'école.
Un an et demi après, en tant qu'ancien Garde Champêtre de ZÉGLA, Papa a obtenu une mutation à la Bibliothèque Municipale d'ÉPINAL.



Marcelle GOMEZ de Zegla


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EXODE JUIN 1962 de Marcelle Gomez.docx

NOTRE DEPART AOUT 1962 Georges MACIA d'Oran

Pour notre départ d'Algérie, avec mes parents, mes frères et sœurs nous avons pris le bateau le "  Ville de Tunis " , me semble t-il vers la mi-août et presque avec certitude le 12 Aout car nous pouvions avoir des billets gratuits, car mes parents n'avaient pas beaucoup d'argent.
Se relayaient durant au moins une bonne semaine mon père, ma mère, mes deux oncles et ma tante car à l'époque nous habitions Rue de Belfort au quartier Saint-Pierre.
Nous sommes partis avec deux valises, et une cocotte minute Seb à l'intérieur il y avait un poulet que ma tante avait préparé.
Nous sommes arrivés au port d'Oran et le bateau était là, ensuite nous sommes montés mais plus tard ,à l'avant côté gauche, car tout le reste était déjà pris.
Nous étions sur le point de partir quand soudain des membres du FLN sont montés à bord, ils étaient à la recherche d'une personne faisant partie de l'OAS.
Et bien voilà notre bateau est parti et je me souviens les yeux plein de larmes que le port s'éloignait ainsi que Notre Vierge de Santa Cruz perchée tout la haut.
Nous avons passé la nuit sur le pont et la nuit était fraîche pour un mois Aout.

Arrivés à Marseille nous avons été accueillis par des membres de la Croix Rouge me semble t-il ou autre organisation. Nous sommes restés sur le quai, immobiles ne sachant quoi faire, lorsqu'une personne est venue vers ma mère lui demandant de la suivre.
Cette personne lui a présenté une carte de France  et avec une règle ou un bâton elle lui a demandé l'endroit où elle voulait aller, ma mère a posé la règle sur Marseille, et la personne lui a répondu non Madame c'est complet. Ensuite elle a du choisir une autre destination, elle ferma les yeux et la règle se posa sur Chaumont 52000 .
Nous avons été reçus à la gare de Chaumont par un groupe de personnes qui nous a dirigé sur l'Ecole Normale car nous étions en période de vacances scolaires.
Un détail qui m'a beaucoup marqué, lorsque nous partions à 4 ou 5 familles pour manger il fallait traverser toute la ville environ 30 minutes de marche, les gens nous regardaient comme des pestiférés,
Ils ne savaient certainement pas que nous étions de nationalité française, ce sont des choses que je ne pourrais jamais oublier.
Par la suite mon père a eu un travail et moi aussi dans un village à 30 kilomètres de Chaumont ( Manois ), c'était une usine de trefilerie.
Nous sommes peut être arrivés au mauvais moment, car dans ce village un jeune militaire appelé s'était fait descendre en Algérie pays d'où nous venions, et avons connus de nombreuses insultes " Sales Pieds Noirs etc.


Pour la petite histoire, on pourra dire que dans la Méditerranée il y a une cocotte minute SEB, car ma mère l'a balancé par-dessus bord, elle ne savait plus quoi en faire, mais surtout trop lourde et encombrante.


Georges Macia d'Oran.


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Mon départ août 1962

1962 J'AI QUITTE MON PAYS, J' AI QUITTE MA MAISON  Antoine GUTIERREZ d' Arzew

Arzew , Juillet 1962
Cette fois plus de doute possible notre destin étai scellé, il nous fallait tout abandonner en quittant notre terre natale tandis que sur les murs de nos villes fleurissait les slogans sans équivoque : "La valise ou le cercueil".
Chaque familles, dans un réflexe naturel de survie, s'occupait de protéger les siens, préparant comme elles le pouvaient, dans l'urgence, leur départ, qui en bateau, qui en avion, tous pris d'assaut.

Certains résolus à sauver leur outil de travail s'embarquèrent sur des bateaux de pêche surchargés,  prenant tous les risques, avec femme et enfants, sans instruments de navigation, longeant les côtes à destination des rivages espagnols, d'où, destin cruel, leurs ancêtres avaient embarqué dans l'autre sens, cent vingt ans plus tôt, fuyant la misère de leurs provinces d'origine.
Tant de sacrifices, de souffrances, d'acharnement à faire d'une terre inhospitalière et vierge le paradis qu'elle était devenue pour nous héritiers de ces valeureux pionniers.
Nous vivions les derniers instants sur notre terre natale, et, brutalement ce fut la désintégration dans une confusion dramatique et dans l'abandon par une mère patrie ingrate.

Pour ma part, étant déjà orphelin de père, m'étant assuré que maman et une vieille tante pourraient embarquer à Oran à destination de Marseille, j'acceptai l'offre généreuse et courageuse d'un officier de la Marine Nationale basé à Arzew, de nous accueillir sur un navire de la marine en partance pour Toulon, mais seulement des hommes.
Après une dernière, longue et poignante effusion avec ma mère, je saisis une valise à la hâte et, sans me retourner, pressant le pas, le visage couvert de larmes je me dirigeais vers mon destin. 
Une fois à bord j'appris qu'une famille incluant femmes et enfants avait été embarquée en grand secret, menacée de mort qu'elle était.
Ce n'est que 46 ans après, par hasard, grâce à internet, que j'apprendrai de qui il s'agissait.
D'Arzew, "Le Foudre" petit navire opérationnel ce dirigea, ce 11 juillet, vers Alger où nous fîmes escale, pour, avec des risques importants, embarquer du matériel militaire avant de reprendre la mer vers Toulon où nous arrivâmes le 14.

En doublant le phare de la passe du port d'Arzew je savais que je ne reverrai probablement plus mon village chéri, aussi l'ai-je intensément regardé jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un point à l'horizon. Autour de moi tous mes compagnons d'infortune pleuraient en silence plus que s' ils avaient perdu un être cher.
En mer il fait toujours plus frais et, comme j'étais parti très légèrement vêtu, short, tea-shirt et "chanclas", j'ouvris ma valise pour y récupérer des vêtements chauds. Quelle ne fut ma surprise lorsque je constatais, fort marri, qu'elle était bourrée..........d'affaires personnelles de ma maman !!!
Heureusement lorsqu'on pas encore 20 ans on supporte bien des choses, je n'allais pas me plaindre pour si peu de choses alors que j'étais entouré d'aînés effondrés, ne sachant même pas, pour la majorité d'entre eux, où aller en arrivant en métropole.

Qu'allions nous devenir ? Vers quelles nouvelles épreuves nous dirigions nous ? Comme j'avais un point de chute, à Cassis, chez ma petite cousine qui y avait son foyer depuis qu'elle avait épousé un militaire du contingent venu faire son devoir du côté de Perregaux, je pris rapidement le train, abandonnant mes compagnons, et rejoignis cette charmante station balnéaire entre Marseille et La Ciotat.
Portant mon chagrin, plus lourd que ma valise, je débarquais chez eux, dans la campagne, au milieu des vignes et des oliviers si familiers à mon enfance. Peu de temps après, je fus rejoint par maman qui, grâce à Dieu était arrivée saine et sauve et, pour l'heure, entourés d'affection, nous n'eûmes plus d'autre tracas.
Ma vie, ma triste vie s'écoule sans raison......

Ma petite cellule familiale reconstituée, il me restait à me mettre en quête d'un gîte, et d'un boulot pour assurer notre existence, soucieux de ne pas abuser de la généreuse hospitalité qui nous était spontanément offerte.
C'est là que j'ai mesuré la valeur des principes hérités de nos ancêtres et inculqués par des familles aimantes et des Maîtres dévoués auxquels je ne manque aucune occasion de rendre hommage.

Pendant ce temps une multitude de mes compatriotes débarqués à Marseille dans le dénuement le plus total affrontaient l'indifférence pour les uns, les brimades pour d'autres, d'un accueil qui, pour le moins ne fut pas chaleureux.
Dans cette grande Ville "la putain de son Maire" comme disait un de mes amis, ce fut déplorable, les dockers plongeant volontairement les maigres affaires de ces malheureux dans les eaux du port, quand ils ne les pillèrent pas.
Le "Gastounet" en question clamait jusque dans les travées de l'Assemblée Nationale où ce mafiosi siégeait, qu'il eût mieux valu que nos bateaux coulassent au beau milieu de la méditerranée, que nous n'étions pas les bienvenus dans sa bonne ville, que nous n'avions qu'à nous recycler vite vite ailleurs, alors qu'il y accueillait les maghrébins à bras ouvert.

Comme tant de français métropolitains il oubliait simplement que sa bonne ville sous la garde de "sa bonne mère" doit sa liberté à nos parents et aux goumiers venus d'Afrique lorsqu'elle vivait sous le joug nazi, sous le commandement des généraux De Lattre de Tassigny et de Montsabert dont le fanion trône dans la basilique précitée.

La France, grande et généreuse rejetait ses enfants après les avoir trahis, abandonnés, salis, persécutés, empêchant les harkis fidèles parmi les fidèles de sauver leur vie en regagnant ce pays ingrat pour lequel ils s'étaient battus jusqu'au sacrifice suprême, mettant eux aussi leur peau au bout de leurs idées. Quelques uns purent être sauvés à l'initiative d'officiers courageux bravant les consignes félonnes de leur hiérarchie, ne pouvant se résoudre à condamner à mort de si vaillants combattants ayant servi, avec gloire, sous leurs ordres.
Des centaines de milliers d'autres furent, hélas, tout simplement aux couteaux des égorgeurs. Ceux qui échappèrent au massacre furent regroupés dans des camps de fortune ou plutôt d'infortune, véritables ghettos concentrationnaires, afin qu'ils ne puissent contaminer la jeunesse locale.

Avec maman, nous étions rendus à accepter tous les petits boulots qui se présentaient, toutes les tâches saisonnières comme les vendanges afin non pas de vivre, mais de survivre. Nous avions trouvé une famille compatissante, à Roquefort la Bédoule, qui accepta de nous louer à un prix raisonnable un petit logement de leur propriété.
Il me restait encore à trouver un boulot durable et rémunérateur me permettant d'éviter à maman de continuer à trimer comme nous le faisions sans assistance.
Plein de naïveté, propre à la jeunesse sans expérience, je décidais d'aller à Marseille au siège des Raffineries de soufre Réunies, papa étant décédé en activité dans l'une de leurs usines.
Je m'étais imaginé, pauvre de moi, qu'ils me feraient une fleur en adéquation avec le niveau de mes études, car je n'étais encore qu'un étudiant.
C'est le coeur serré, mes illusions envolées; que je repris le chemin du retour après une entrevue qui ne m'avait laissé aucun espoir.
Maman me consola, toujours plus forte malgré les épreuves et nous avons continué à tout faire pour nous en sortir, sans rien demander à personne.
Toutefois ce la ne pouvait durer, dans une région où j'aurais pourtant aimé me fixer, mais où l'avenir se montrait trop incertain, envahie qu'elle était par mes compatriotes en détresse qu'on hésita pas à qualifier de vacanciers.
Ils étaient là ces "colons exploiteurs", hier décriés, accablés, aujourd'hui misérable cohorte en pleurs, le baluchon sur le dos comme leurs lointains ancêtres "los caracoles", observés comme des bêtes curieuses par une population hostile, sans aide, sans réconfort si ce n'est qu'exceptionnellement.

Ah !! elle était belle la France que nous découvrions malgré nous dans la souffrance que nul ou presque ne cherchait à apaiser, hier patrie chérie, aujourd'hui amère patrie
Nous l'avons payé cher, au prix le plus fort ce bonheur gratuit que nous connaissions là bas. Mais quel péché avions nous donc commis pour être ainsi punis, sinon celui d'avoir aimé passionnément notre pays et son drapeau ?
Pourquoi Dieu nous avait il abandonnés ainsi, permettant ce déni de justice et le massacre de tant d'innocents ?

En Algérie flottait un drapeau désormais étranger, des manifestations de joie se transformaient en violence aveugle, irraisonnée, brutale à l'égard de ceux qui n'avaient encore pu, pour diverses raisons, s'échapper.
Je saurais plus tard quel sort funeste fut le leur, traqués, arrêtés, battus, torturés, violés, vidés de leur sang, leurs dépouilles jetées dans des décharges, et tout cela sous les yeux des forces armées françaises dont les ordres du criminel Général Katz interdisaient d'intervenir.
Un crime et quel crime de plus, ce refus de secourir des compatriotes français en danger de mort, et quelles morts, sans parler des enlèvements.
Beaucoup d'innocents périrent ainsi ou disparurent sans que personne ne connaisse leur sort, en ce début de juillet 1962.
La rancune du locataire de l'Elysée était si grande qu'il exerça une répression violente contre les officiers et soldats, nos héros, dont certain furent conduits devant le peloton d'exécution, perdant la vie mais non l'honneur.

Des années plus tard le Président Boumedienne se vantait de détenir des milliers d'otages français dont il proposait au gouvernement français de négocier la libération. Hélas Pompidou laissa cette proposition sans réponse !!

Reprenant les paroles du dernier Maréchal de France, le Pieds-Noirs, Alphonse Juin, héros de Monte Cassino, je crie haut et fort :

"La France est en état de péché mortel, un jour elle paiera pour tous ses crimes"....Amen.


Antoine Gutierrez d'Arzew


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1962 J'ai quitté mon Pays

COEUR A COEUR POUR UNE PARCELLE D'ETERNITE  Pierrette LASSORT ROUSSE de Zégla

Je suis née à Zégla un petit village sur les Hauts-Plateaux algériens au sud de sidi bel abbes.
J'ai passé une enfance heureuse dans la ferme de mes parents à 6 kms du village. Nos ouvriers agricoles
étaient notre seconde famille. Nous fêtions ensemble les fêtes chrétiennes et musulmanes,notre facteur
était musulman,le garde champêtre était israélite,le Maire israélite marié à une catholique. L'arabe était
ma seconde langue ,le français étant ma langue maternelle.
A 6 ans je suis allée chez mes grands-parents paternels au village pour y être scolarisée. J'étais en 6ém
depuis 2 mois chez les Dames Africaines à Bouisseville ( près d'Oran ) quand les Américains ont débarqués
à Mers El Kébir, c'était la guerre.

J'ai du stopper mes études pour rester à la ferme avec ma mère et mon jeune frère de 6 ans ,mon père étant
mobilisé. A son retour j'ai repris mes études en sautant la 6éme des collèges. A18 ans je suis entrée
dans l'Education Nationale à Bedeau,et à 19 ans j'ai été nommée à Tirman.
J'ai épousé un musicien bien connu dans la région qui était également bourrelier à Rochambeau où est né
notre premier fils. A 21 ans une nouvelle nomination nous a installé au Telagh pour 9 ans où notre second fils
y est né en 1953.Mon mari est entré à son tour dans l'enseignement et nous avons été muté à Tiaret en 1960.

Depuis quelques années les événements nous avaient motivés pour l'achat d'un petit F2 à Nice en France.
Le 16 Juin 1962 notre inspecteur départemental muni de nos Etats de Services, nous demande de partir le
plus vite possible. Attention car l'Académie d'Oran ayant brûlé nous n'avions plus aucun recours.

Le lendemain nous quittons Tiaret sous escorte. Après quelques jours au Telagh où vivaient mes beaux-parents
nous sommes escortés vers Oran. Dans notre Peugeot 203 garnis de maigres bagages que nous avions pu loger.
Sur l'esplanade du port d'Oran,avec tous ceux qui comme nous attendaient un bateau,sous un soleil de plomb
pendant une semaine ,nous avons campé ,prisonniers au pied des citernes de pétroles en feu. Nous avons
quitté l'Algérie Française sous le regard de Notre Dame De Santa Cruz perchée sur sa colline vers le port
de Port Vendres... Terre d'accueil.

Nous avons retrouvé à Saint-Girons en Ariége où mon père était né ,mes parents forcés de quitter la ferme
en 1958 après une lettre du FLN  leur demandant de payer un impôt pour assurer leur sécurité. Mes parents
ont du leur vie à leur berger à ce moment là. Mon père à 57 ans était employé dans une usine.
Nous avons du vendre notre appartement de Nice "Nos traitements ayant été suspendus jusqu'en janvier 1963". le temps du transfert , Notre troisième fils est né en septembre 1962 à Saint Girons.

Nous avons de la chance de quitter Oran la veille de l'indépendance de l'Algérie ! beaucoup y sont restés
pour toujours. Après 6 mois d'attente chez mes parents nous avons reçu une nomination pour la Marne
que nous avons rejointe avec notre bébé. Nos deux aînés ont terminés l'année scolaire à St Girons.

Je m'abstiendrai de raconter toutes les difficultés pour obtenir un logement désaffecté après un mois d'hôtel
à Epernay ( 9° dans la chambre ) etc.
Aujourd'hui nous avons refait nos racines dans ce pays que l'on nommait " Notre Patrie ".
Que dire de notre accueil ? Ouvert pour certains , fermé pour d'autres.. C'était compréhensible cet afflux
de Pieds Noirs, qui pour certains n'étaient pas non plus dans les meilleurs dispositions !!!
Depuis des liens se sont crées, solides,durables.

Mon mari est décédé , il ne m'a pas quitté !!  Unis pour toujours.

Je suis retourné en Algérie,avec mes cousins d'Ariege et un groupe sous la houlette d'Antoine Gomez un
Télaghien que je remercie du fond du coeur . L'accueil y a été très chaleureux. J'étais si heureuse de revoir
mes anciens élèves , j'étais émue de m'entendre appeler " Maîtresse " par des anciens grisonnants. !

Le pur bonheur que j'ai vécu dans ma classe me revenait comme un vague rafraîchissante. Grâce au Maire
de Zégla ,j'ai pu revoir un ouvrier de la ferme, lors du grand méchouis offert à notre intention.
A la Préfecture d'Oran , nous avons été chaleureusement accueilli par le wali un ancien élève,accompagné
d'un avocat, un colonel , un informaticien ancien du C.P cours préparatoire.

Nous avons été accueilli dans la maison de mes grands-parents à Zegla, par les nouveaux propriétaires visite
au verger. Des amandes offertes ont donné des amandiers à Céret chez mon fils ainé. Une bouture du figuier
qui m'a vu naître a donné à Chalons un figuier dans mon jardin.

Je ne peux retenir que ces bons souvenirs de cette terre qui nous a vu naître et qui restera toujours " NOTRE "
quoiqu'il arrive.

ON PEUT DERACINER UN ARBRE , ON NE PEUT PAS ARRACHER LE COEUR D'UN HOMME.



Pierrette Lassort Rousse de Zegla


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Coeur à Coeur pour une parcelle d'Eternité de Pierrette Lassort.docx

MA COURSE CONTRE LA MORT EXODE 1962 de Claire CHAMPREDONDE de Zegla

Fin septembre 1961, je quittais le village de LAMTAR où je venais d'assuré le remplacement du Receveur-distributeur de cette  petite Poste. Ce receveur-distributeur, en titre, un musulman avait rejoint les maquis avec les gens du FLN en emportant la caisse, disait-on  dans le village de LAMTAR
Son  affaire  venait d'être " tranchée " et son emploi avait été déclaré vacant. Comme il se " doit " je devais partir, et, comme il se " doit aussi " je devais laisser la place à une dame nouvellement nommée, venant tout droit de sa Bretagne natale, une mère célibataire et son fils d'une douzaine d'années.

A cette époque j'étais " auxiliaire à la Poste " on appelait cette spécificité  " emploi à titre précaire et révocable " un truc très éloigné de nos CDD ou CDI de nos jours.

Quittant ce village, je suis donc partie au central téléphonique de Sidi Bel Abbés, le transistor " sous le bras " qui nous rapportait des nouvelles rassurantes d'un certain  prochain accord d'EVIAN.

A peine arrivée au central téléphonique de Sidi Bel Abbés voilà que ma hiérarchie me demande de me rendre d'urgence à Rochambeau pour remplacer un autre Receveur-distributeur,  en titre, un musulman qui se sentait menacé par l'OAS, disait-on.

J'ouvre ici une parenthèse pour préciser que quand j'étais enfant à l'école communale, notre inspecteur d'académie était un musulman, l'infirmier qui nous faisait les vaccins à l'école était aussi un musulman, les facteurs qui distribuaient le courrier au Telagh étaient aussi des musulmans.
Puis, devenue  employée à la Poste à " titre précaire et révocable "  je remplaçais ici ou là dans les environs les receveurs-distributeurs, ils  étaient aussi des musulmans.
Plus, 50 ans plus tard, je lis dans la presse économique que 90% des européens vivants en Algérie avaient un niveau de vie inférieur à celui des français de métropole. Alors, pourquoi nous traite-t-on de méchants capitalistes ? Alors, pourquoi nous traite-t-on de méchants colonialistes ? le cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie  n'est-ce pas l'occasion de rétablir une réalité malicieusement tronquée ?

Les jours passent au bureau de poste du village de Rochambeau, dans ce nouvel intérim, il y a de rares clients au guichet. Les vacances de Pâques s'annoncent, les beaux jours aussi, deux institutrices et un instituteur de l'école voisine venaient  dormir sur un matelas parterre à la poste avec moi, car l'école où ils logeaient était trop isolée et trop exposée aux attentats nocturnes des gens du FLN. Après les vacances de Pâques je n'ai plus jamais revu mes hôtes, ils sont " envolés " vers une " course contre la mort " comme tant d'autres, semble-t-il.

A Rochambeau, mon transistor toujours présent, à proximité, crachait toujours autant de bonnes nouvelles,  toutes aussi  prometteuses et rassurantes les unes que les autres. 

Ce dimanche à Rochambeau,  la nouvelle tombe,  les accords d'EVIAN sont signés. J'en avais suivi toutes les péripéties jours après jours et jusque tard dans la nuit. Je vivais toute seule à Rochambeau mon intérim dans ce bureau de poste. On y croit encore aux accords  d'Evian !  les Européens pourrons rester en Algérie ou partir assurait-on !  On y croit avec une espèce d'inquiétude. Je rendais visites à mes voisines où je prenais un café parfois, on ne parlait que de ça ! 

Très vite, après les accords d'EVIAN du 19 mars 1962, l'armée à Rochambeau, sensée nous protégeait, plie bagage. Les européens sont désarmés, ceux qui possédaient des armes de chasse sont priés de les déposer à la gendarmerie d'urgence.  La rumeur nous rapporte qu'un tel a été enlevé par les gens du FLN, puis que les gens du FLN sont venus enlever  un tel à son domicile, puis un tel, puis tel autre, etc. C'est la stupeur, que dis-je ? c'est la terreur à Rochambeau dans toutes les familles. En peu de temps le village de Rochambeau se vide de ses habitants européens comme une volée de moineaux.

Ma famille vivait repliait à Sidi bel Abbés depuis 2 ans environ. Mon dernier  bureau d'attache c'était  la poste du Telagh, qui me demande de plier bagage d'urgence et de rentrer au Telagh avec les fonds et les registres comptables, pour travailler à la poste du Telagh, parce qu'il n'y a plus personne d'autre que la receveuse, c'était la mi juin 1962.
A la poste du Telagh, je reprends du service ! mais à faire quoi ?  je suis au guichet et parallèlement durant des heures, des heures, et des heures je doit tamponner les billets  de banque et les registres avec la griffe RA. (république algérienne alors même que le référendum sur l'autodétermination n'avait pas encore eu lieu )
On apprend ici ou là des enlèvements, à la direction de la Poste  d'Oran nos chefs ont été enlevés et saignés à blanc, une dizaine de personnes.

Le 2 juillet 1962 arrive, je loge à la poste de Telagh, dans un local destiné aux intérimaires. Nous devions voter un référendum pour " l'autodétermination ", or,  il n'y avait pratiquement plus d'européens, alors ce dimanche  là, la  place, qui jouxte la poste et la mairie se remplit d'autochtones. Je crois que je n'ai pas voté, j'avais peur de m'y rendre.
Le dimanche qui suivit ce référendum c'est l'hystérie pour les autochtones au village. Tous les autochtones des environs s'étaient juchés sur voitures, camionnettes, tracteurs,  ils défilaient à travers les rues du village et ils criaient  à la gloire de l'indépendance, agitaient les drapeaux verts au croissant d'algérie. Moi, j'étais terrorisée, je me suis cachée dans les archives de la poste, je soulevais légèrement un coin du rideau de toile bleue pour  voir cette " déferlante " humaine hystérique.

Le lundi suivant, en ce début de juillet 1962, tant bien que mal, avec la receveuse, Madame S. nous avions repris le travail, si peu d'ailleurs. Les européens du village s'étaient " envolés " comme une volée de moineaux. L'activité économique réduite au silence, comme un lendemain de grande tempête. L'astuce le plus répandu par les Européens pour échapper à une mort certaine, égorgés par les gens du FLN,  consistait à étendre, du linge, des  couvertures, des  draps, et partir au petit matin vers Sidi Bel Abbés. Un leurre qui fonctionnait, puisque lorsque les gens du FLN venaient chercher les habitants pour les enlever et les saigner à blanc, ils ne trouvaient personne dans les maisons, les autochtones n'avaient plus qu'à s'installer. !
Le poste de commandement militaire  qui se trouvait sur la place, vers l'école de garçons pliait bagage aussi, et les convoies de camions militaires prenaient la direction de Sidi Bel Abbés, laissant derrière eux les européens aux mains des armées du FLN, c'était ça la mise en place des accords d'Evian !

Arrive le 16 septembre 1962, la receveuse Madame S. avait convenu de m'hébergée à son domicile parce que j'avais peur. Je ne dormais donc plus dans le local des intérimaires de la Poste, heureusement pour moi, je ne serais plus de ce monde depuis longtemps ! Car ce  matin là du 16 septembre 1962, les gens du FLN, aux aurores, avaient forcé la solide porte en métal  de la poste, ils s'y étaient introduit et ils nous y attendait. A 9h, lorsque la receveuse Madame S. est arrivée, ils lui ont demandé d'ouvrir le coffre et de repartir chez elle. Je suis arrivée sur ces entrefaites, vers 9h aussi, les gens du FLN n'ont demandé de partir aussi. Les gens du FLN ont descendu le drapeau français, ils ont fait monter le drapeau algérien. C'était fini, " la course contre la mort " commence. Nous avons quitté les lieux avec la receveuse Madame S. plutôt abasourdies.
J'avais ressenti ce grabuge très inquiétant d'autant plus que je n'avais aucun moyen de locomotion pour aller à Sidi Bel Abbés.  Je suis allée chez ma tante Victorine dans le village, il devait être 10h, pour lui raconter ces événements soudains autant qu'imprévus. Elle me propose de nous rendre au poste de commandement de l'armée française pour demander le l'aide, lesquels nous ont rappelées fermement que leurs missions étaient terminées sur le territoire, qu'ils ne pouvaient pas me protéger. Stupeur ! la course contre la mort commence!  Ensuite, je me suis rendue au troquet  où je prenais pension pour prendre le repas de midi. Puis,  je suis repassée dire au revoir à mon grand-père  certaine que je ne reverrais plus jamais. Cette image du grand-père qui pleurait ne m'a jamais quittée.
Ensuite je me suis rendue à la maison de la receveuse. Le slogan des gens du FLN  " la valise ou le cercueil " commencé à retentir de partout.
J'ai su par la suite que les gens du FLN étaient venu m'arrêter chez mon grand-père je venais juste de partir, puis ces gens du FLN seraient venus me chercher à la pension où je dînais, je venais juste de partir, ils sont aussi venus me chercher chez la receveuse Madame S.  et  je venais juste de partir. 

Il fallait absolument que je parte à Sidi Bel Abbés comme me l'avaient précisé, le matin même, les gens du FLN, mais comment ? Là, ça tient du miracle !  A la cave coopérative à vin, toute  proche, un certain
Monsieur P. a accepté de m'amener avec sa voiture au consulat de France de Sidi Bel Abbés. Il m'a attendu le temps de l'entretien. Le consul de France m'a remis un papier pour que je sois hébergée au centre de réfugiés d'Arzew avec la consigne ferme d'avaler ce papier, écrit en rouge, si nous étions arrêtés par les gens du FLN.

  Lorsque nous arrivons à l'entrée d'Oran, les gens du FLN étaient là, ils avaient arrêté une centaine de voitures. Les familles sur le bord de la route  apercevaient  apeurées. Ce  Monsieur P., mon sauveur,  ne s'est pas dégonflé, il est passé sans s'arrêter. Le miracle s'est produit et nous sommes passés ! Arrivée au camp d'Arzew, il y avait beaucoup de monde, curieusement personne n'avait rien à raconter, tous semblaient murés, hagards certains. Une grand-Mère de type espagnole, forte, habillée de noir, avait l'air très soucieuse, elle avait en charge 5 ou 6 gamins d'une dizaines d'années. Le soir arrivé, nous étions dans une toute petite pièce à peine de 9 m², nous étions  8 ou 10 personnes. Cette grand-mère m'a expliqué que nous dormons à tour de rôle,  d'autres gens sont dehors, attendent leur tour !
Pourquoi les gens du FLN ? ? ? Dès lors qu'une armée et leurs dirigeants n'ont plus de règle, ce n'est plus une armée, c'est un ramassis de parias,  il conviendrait de les appeler pendant longtemps encore les " gens du FLN " 

Assommée par la précipitation des événements et la peur, hagard j'ai dormi tel un animal ! au petit matin, vers 8h environs, on nous a servi un café avec beaucoup de gentillesse par des inconnus civils, puis des gendarmes en tenue sont venus me chercher avec un char blindé et des voiture militaires, un ordre de mission à la main, il y avait aussi une autre personne, un monsieur.
Ces gendarmes, 5 ou 6 ou plus,  armés jusqu'aux dents,  pourrait-on dire,  nous ont conduit à l'aéroport de La- Sénia. Un  gendarme nous a accompagnés jusqu'à notre place dans l'avion. Cette autre personne a attaché ma ceinture, mais nous n'avons pas échangé un seul mot durant le trajet.  Arrivés à l'aéroport de Marseille nous avons repéré un écriteau sur papier " accueil des rapatriés ". On nous a remis un bon de transport, puis, nous sommes montés dans un bus, comme des animaux ou presque, pour aller à la gare St Charles. On nous a lâchés là, devant la gare ! 
Moi je n'avais jamais ni vu ni emprunté un train ! Ce monsieur m'a " mis " dans le bon train pour Clermont Ferrand comme un paquet, il m'a demandé une adresse. Je ne connaissais que l'adresse du restaurant d'un lointain cousin de ma Mère. Je ne savais pas ni où étaient mes frères, ni ma mère, ni ma petite sœur. 
Je me souviens, je suis arrivée à la gare de Clermont Ferrant à 3 heures du matin. J'avais échappé à une mort certaine, alors j'étais en paix et j'avais tout mon temps pour  attendre le petit matin pour chercher une suite à ma situation. 
Le haut-parleur annonce Clermont Ferrand, je descends sur le quai, et qui je vois sur le quai ? devinez qui ? mon frère, il  avait été prévenu de mon arrivée par ce passager inconnu que j'avais rencontré dans l'avion. Mon frère était là ! ouf !  c'est toujours autant d'émotion de revivre ces moments.
Nous avons, tous les deux, à 3 heures du matin,  traversé la ville de Clermont Ferrand à pieds d'est en ouest  pour rejoindre ma Mère,  mon frère, ma petite sœur, dans une seule et grande pièce froide - sans avoir peur des gens du FLN. 
Je n'ai pas raconté mes péripéties à ma famille, je n'avais pas le droit de me plaindre parce que je n'avais pas entendu leurs recommandations de rentrer  en France au mois de juin. Et puis, nous étions tous dans la peine, pourquoi se plaindre, il fallait trouver du travail et de quoi se loger.
Le cousin éloigné de ma Mère, du restaurant, avait connu les "boches ", il avait quelques relations, il s'est mis en quatre pour nous trouver du travail et un logement. Ce fut un deux pièces très sale avec un pas de porte à payer, dans le vieux quartier de Clermont Ferrand, les planchers dangereusement incurvés. Nous y sommes restés 3 ans avant d'obtenir un logement HLM.
La voisine du cousin éloigné restaurateur, était employée à la direction de la poste de Clermont Ferrand, elle s'est engagée personnellement auprès de sa direction de la Poste pour me faire embaucher à " titre précaire et révocable ". L'hiver 1962/1963 a été si froid que j'ai pu assurer plusieurs intérims. Ensuite j'ai passé le concours d'agent d'exploitation pour être titularisée, en mars 1965 je monte à Paris, ouf ! merci mon Dieu !

Je résume : mon grand-Père maternel auvergnat a fait la guerre de 14/18, son frère Victor a été tué Mon grand-oncle paternel, Angel,  a fait la guerre 14/18 il est mort des suites de ses blessures mes 2 oncles ont fait la guerre 1939/1940 et  fait le débarquement de Provence ils en sont revenus un peu " secoués "  mon cousin née en 1924 en  Algérie a fait la guerre 39/40,  il a fait le débarquement de Normandie, il est revenu un peu " secoué " mes 2 frères ont fait la guerre d'Algérie 30 mois, ils ont perdu 2 amis d'enfance dans cette guerre Ernest et Manuel.

Mon grand-Père maternel Auvergne, avait été ruiné par la guerre de 1914/18. A son retour de la guerre 14/18 il avait 42 ans et 3 petites filles, de 7ans, 9 ans et 13 ans. En 1920 les autorités françaises, du moment, l'avaient envoyé défricher en Algérie avec un titre de colonisation, au lieu dit  GEFAFA, sur les hauts plateaux, afin de faire pousser dans un délais donné tout ce dont la population a besoin pour se nourrir.
A peine 40 ans plus tard, il était encore de ce monde en 1960 et lucide,  quand les bâtisses de la ferme  qu'il avait construites à GEFAFA ont été détruites par l'armée Française afin disaient-ils de lutter contre les gens du FLN . Cette armée dite de pacification ont emporté son MAUSER  son fusil de la guerre de 14/18 qu'il caché sous l'armoire. Puis,  après les accords d'EVIAN,  sa ferme et ses terres ont été nationalisées par les autorités algériennes, il était toujours lucide dans ce bas monde pour voir ce désastre. La boucle était bouclée selon la politique du moment. " tant pis si le cœur saigne un peu "  disait la presse ou le général.

Pour ce qui nous concerne,  nous seront encore de ce bas monde quand et lucides quand la France aura reconnu ici ou là de nombreuses  enclaves " musulmanes " avec leur " charia "  la polygamie,  le droit de battre la femme, la femme mineur à vie, les gamines mariées à 12 ou 13 ans comme au moyen âge, ils n'auront plus qu'à ressortir le vieux slogan " la valise ou le cercueil "  Tout ça pour ça ! 

Merci à Jules Ségura de rendre hommage à notre histoire, à celle de nos parents trahis, humiliés,  bafoués, piétinés par ceux qui les ont envoyés à la boucherie en 1914, en 1940, à la guerre d'Algérie, merci et à Antoine Gomez de nous avoir conduit en Algérie en 2008 sur les pas de notre histoire et les pas de nos parents. 

Claire Champredonde de Zegla

le 11 février 2012


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La course contre la mort exode 1962

NOTRE DEPART AOUT 1962 Edouarde SEGURA GARCIA Le Telagh

Le Telagh que c'est loin déjà et pourtant toujours aussi présent dans mon cœur, car c'est une partie de ma vie qui est restée à jamais derrière moi.
En Juillet et Aout restaient encore quelques familles, avec ma grand-mère, mon père, moi et nos trois enfants, nous habitions Rue de Saida celle qui partait sur Zegla, dans la maison de madame Garland.
Marcel mon époux était parti à Sidi-Bel-Abbés avec l'armée de pacification afin de remplacer La Légion Etrangère qui était déjà partie, moi je l'attendais et avais hâte de le rejoindre afin de nous préparer à rentrer en France
Il nous était impossible de rester la-bàs, nous étions encore là au moment des élections du 1er Juillet 1962 pour l'indépendance qui a vu l'armée algérienne l'arme aux poings, venir nous chercher et nous conduire à la Mairie afin de déposer à bulletin ouvert le Oui pour l'indépendance.
Nous nous sommes empressés de rentrer et de nous enfermer chez nous , car la peur s'installait, la fête a duré plus d'une semaine, nous n'avions jamais vu autant de monde dans les rues, cette foule en liesse marchant avec drapeaux en mains, avec armes le tout accompagnés de klaxons de voitures ,de tirs en l'air d'armes à feu, de youyous stridents, c'était la folie, et notre peur et angoisse grandissaient au fil des heures et des jours pour les familles restantes au village.
Je suis parti rejoindre Marcel à Sidi-Bel-Abbés où il avait pu obtenir un appartement en attendant de partir sur Oran où nous devions prendre le bateau. Pas facile car ne pouvions pas prendre grand chose, mon choix fut vite fait 2 valises avec du linge, un matelas pour pouvoir au moins coucher les enfants, et bien-sur ma machine à coudre mon outil de travail. Entre temps le reste de la famille a pu partir aussi et je crois bien que nous étions les derniers à partir de notre village natal.
Enfin le jour du départ est arrivé, Marcel avait pu avoir une permission et obtenu des places pour nous accompagner sur le bateau. Nous avons pu charger nos bagages dans un camion militaire , nous l'avons suivi en voiture avec mes 3 enfants à bord, j'étais enceinte de mon 4ém enfant qui naîtra à Besancon en Mars 1963.

Que ce voyage a été difficile en voiture jusqu'à Oran nous avions notre regard toujours dirigé vers l'arrière, pour voir disparaître les uns après les autres tous ces villages, ces paysages que nous connaissions tous si bien.
Enfin Oran, le chemin qui menait au port était noir de monde, de véhicules, chacun voulait se rapprocher du port et prendre le premier bateau, c'était la folie totale.
Tant bien que mal nous sommes arrivés au port, les militaires nous ont aidés à descendre nos bagages, ensuite il fallait les transporter jusqu'au bateau, et pour nous, le nôtre c'était Le SIDI-BEL-ABBES.
Mon mari avait attaché la machine à coudre et une valise avec son ceinturon, et l'avait mis en bandoulière sur son épaule droite, ensuite il a mis le petit dernier sur son cou, et pris une valise de l'autre main.
Quand à moi j'avais une valise à la main et de l'autre je donnais la main à ma fille aînée qui tenait son frère par la main.
Mais mon Dieu, nous étions tous fatigués et ce fut très laborieux et pénible de pouvoir grimper sur la passerelle où nous n'avancions pas, les personnes âgées avaient du mal à avancer, la majorité des personnes pleuraient, les enfants criaient, les chiens aboyaient, tout le monde se bousculait de peur de ne plus avoir de place.
Péniblement nous rentrons dans le bateau, et là nous avons l'impression que notre cœur subitement va s'arrêter de battre, des larmes plein les yeux nous vérifions une dernière fois oui nous sommes bien là tous les cinq.
Le voyage ne s'est pas trop mal passé, en tant que femme de sous-officier et étant enceinte j'ai eu droit à une cabine avec les enfants et le droit de manger à table avec les militaires. Pour les enfants dans leur insouciance c'était la fête à bord du navire, mais avec mon époux nous étions tristes et nous n'arrêtions pas de pleurer car nous savions que nous quittions à tout jamais notre pays que l'on ne reverrait jamais plus certainement.
L'arrivée à Marseille s'est bien passé, nous avons passé la nuit toujours bien accueillis par les militaires qui nous ont accompagnés le lendemain à la gare St Charles où nous devions prendre le train pour Besancon où mon frère André nous attendait.

Grâce à Dieu nous avons pu refaire notre vie tout doucement avec bien des souffrances et tous les malheurs que nous avons subis. 


Edouarde Segura Garcia Le Telagh



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Mon départ du Telagh Aout 1962

MON DEPART 06 JUIN 1962  Ysabel CONTRERAS  Le Telagh

Je vais essayer de rafraîchir ma mémoire en cette période qui pour nous était le 6 juin 1962  ...j' avais alors 17 ans et comme c'était une période lourde ma mère m' avait fait quitté le collège  depuis quelques mois et je gardais des enfants chez  janine Requena qui était mariée à Roux rené de Rochambeau .
ils habitaient dans les hlm qui étaient construits depuis peu du côté de la gendarmerie  donc... le matin je pars de chez moi pour me rendre à mon travail mais, la veille le préfet avait été assassiné et en passant pas loin de la préfecture il y avait beaucoup d' Algériens agglutinés devant  les rues étaient désertes et à ce moment  les arabes ont commencé à me lancer des pierres la j' ai compris qu' il me fallait partir à toute vitesse.
j'ai traversé le trottoir d'en face et je suis retournée chez moi je n' avais plus de souffle mes jambes ne me portaient plus le lendemain aux aurores nous sommes partis dans le taxi de Combet le laitier, je n' avais pas compris ce qui se passait , nous voila arrivés à l' aéroport de la Sénia mais beaucoup de conteneurs brûlaient et il y avait aussi pas mal de cris,  c' était effrayant on a fait un détour et Combet nous a laisser près d' un hippodrome et la on a été parqués comme des animaux, les militaires distribuaient des numéros aux familles et chaque fois qu' un avion militaire se posait les gens hurlaient pour sortir ,il nous fallait rester groupés et serrés pour ne pas se perdre nous étions 6 personnes et un bébé nous sommes restés la 24h et, quand notre n° a été appelé,  c'était de la folie les gens couraient sur le tarmac, chacun pour soi c'était horrible  mais on ne montait pas dans l' avion si on n' avait pas de quoi payer ....
on a atterrit a Marseille Marignane ensuite un car jusqu' à la gare st charles centre ville et ensuite la croix rouge nous a pris en charge pour nous mettre dans des salles combles chaque famille dans un coin le souvenir la est encore présent à savoir que ces personnes de la croix rouge étaient infects ils nous parler comme à du bétail en vociférant  quand je vois aujourd'hui ce qu' ils font pour les étrangers j' ai envie de leur vomir dessus la je m' arrête car mes autres souvenirs sont encore plus douloureux je revois ma mère qui n' arrêtait pas de pleurer et même à ce jour je l' entends encore et pourtant elle n' est plus la !!

Désolée je ne peux en dire plus ,car moi maintenant je ne suis plus engagée à lire ou faire quoique ce soit concernant ce passé qui reste pour moi un non retour sur les événements, je ne garde que les bons souvenirs de ce temps passé et de revoir les telaghiens me ravit le coeur et ne parler que de nos bêtises et tous les potins du village et cela me fait rire aux larmes comme dédé Arnal qui racontait ses bêtises de gosse. 

"Ne pas oublier, mais rester serein et continuer sa vie "


Ysabel Contreras le Telagh


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Mon départ 06 juin 1962

LES SOUVENIRS D'UN PETIT GARCON DE ST ANTOINE  Max ALZERAH d' ORAN

Je m'appelle Max  Alzerah, je suis né le 27 juin 1946 à Oran au 3,impasse Riga mitoyenne à l'école Montaigne de la rue du Cirque que j'ai fréquentée.
Malheureusement à cause de la guerre d'Algérie il a fallu partir,c'était la dernière avant mon départ pour la France (précisément Lyon) où j'ai eu un peu de chance en retrouvant mon frère qui y habitait depuis 1957.
Je peux vous dire que çà n'a pas été facile pour nous. Je suis issu d'une famille de huit enfants et nous ne sommes pas partis tous ensemble. Nous avons été dispersés, moi j'étais avec ma maman et ma petite sœur Reine. Nous avons quitté Oran sur le " Ville d'Oran "
le 5 novembre 1961, j'avais précisément 15 ans et demi, ma petite sœur n'avait que 11 ans et ma maman 46 ans. Pour situer, le reste de ma famille est partie un peu avant nous, à l'exception de mon père et mon frère Jacquie qui ont quitté l'Algérie en 1962.
L'impasse Riga se situait entre le boulevard de l'Industrie et le boulevard du 2ème Zouaves, puis il y avait le cinéma Le Paris.
J'habitais juste derrière le cinéma et je me souviens qu'il y avait une porte de sortie dans l'impasse Riga. En face et à l'angle du boulevard du 2ème Zouaves se trouvait le café " Le Palace " et je me souviens que le lendemain soir de Kippour (le Grand Pardon, fête juive), à la sortie de la grande synagogue du boulevard Joffre, nous allions
" couper le jeûne ", boire un café chez Elie (le patron du Palace).
Je me souviens également qu'en face il y avait l'entreprise de confection de bâches " Vidal et Manegat ". Ensuite, pas très loin, il y avait l'école Saint André (de son vrai nom Ferdinand Buisson) filles et garçons, école que j'ai fréquentée aussi.
En face, il y avait le marchand de bonbons Dahan (on l'appelait Hugo), puis l'église Saint André sur la Place du Colonel Ben Daoud, et en haut " La Concorde ". La Concorde était une salle de sports où j'allais m'entraîner et où je faisais du sport. " L'Alliance " était une école hébraïque. Nous y allions pour apprendre l'hébreu afin de
pouvoir faire notre " Bat Mitsva " (communion juive).
Quelle tristesse d'avoir quitté notre si beau pays, Oran qui aujourd'hui semble subir encore cet abandon.
Le temps a passé, j'ai perdu mon papa YAHO le 12 avril 1996. Il avait 90 ans, que son âme repose en paix. Il était tout pour moi. Pour ceux qui ne l'ont pas connu, Papa avait une épicerie à Saint Antoine, 9 rue Interne Ginet en face du Café maure et à l'angle du coiffeur Félix. J'ai travaillé avec mon père et, bien sûr avec mon frère Jacquie.
Après l'école, j'arrivais au magasin pour donner un coup de main. Selon les clients, que parfois je servais, j'étais tour à tour Max ou Maxo ou Manou, ils m'appelaient comme çà… Quand arrivait " Pessa'h " (la Pâque Juive) il m'arrivait d'accompagner le transporteur Hassan, dans son camion, pour aller à Eckmühl chercher " la galette "
(galette au pain azyme, sans levain) : 4 ou 5 tonnes de galettes pour la clientèle. Alors il fallait voir çà : on déchargeait le camion et moi je contrôlais les paquets de 1 kg au déchargement.
Maintenant que je n'ai plus mon père, lorsqu'arrive la Pâque juive je me remémore ces années-là en pensant à lui…
Ceci est un échantillon que je vous donne alors et j'en passe ; je
pourrais en faire un livre, c'est au programme, je vais le faire.
Pour ce qui concerne Maman, elle est encore en vie, elle a 95 ans et souhaitons que Dieu lui prête vie jusqu'à 120 ans, comme on dit chez nous; pour elle, la santé c'est moyen, comme une personne âgée.
Je me souviens aussi, j'allais tous les vendredis chez le coiffeur
Félix qui était à l'angle de la rue de Calvi et de la rue Interne Ginet à Saint Antoine.
Pour situer Saint Antoine (la place Laurence comme on disait), tout d'abord, en face de chez Félix il y avait le mécano, à côté du mécano il y avait la boulangerie Rosiqué, à côté Lolo le boucher (Bensoussan) où ma mère achetait la viande. Il avait deux garçons, Richard et Paulo, puis à côté il y avait un café où j'allais jouer au baby-foot avec les copains. En face il y avait Darmon l'épicier, puis Karsenty les céréales, puis on arrivait au cinéma " Victoria " qui est devenu aujourd'hui une pharmacie-café-épicerie. Puis, je continue, le grand café où il y avait la kémia (les fèves, les anchois, les tramoussos et j'en passe).
Juste en face de ce café il y avait un grand arbre dans lequel je jouais.
Je grimpais aux branches, jusqu'en haut (on m'appelait Tarzan pour vous dire !), puis à côté il y avait un ébéniste, on y fabriquait des meubles.
Dans la rue de Calvi (angle du salon de coiffure Félix) il y avait Charbit le bijoutier, à coté Paco le pâtissier, puis l'épicerie Amouzig, en face le tailleur Dray et au bout de la rue on arrivait à la rue de Tlemcen qui, prolongée par l'avenue d'Oujda aboutissait aux Arènes d'Eckmühl sur la gauche, et les Cafés du Brésil à droite…

Voila, j'ai fait le tour de mon quartier où mon père tenait son commerce.
Maintenant pour ce qui concerne la communauté juive pied-noire, après l'indépendance nous nous sommes dispersés de par le monde malheureusement… J'espère que quelques gamins de Saint Antoine, de toutes confessions, se souviendront, en parcourant ces lignes, d'avoir déambulé dans ces rues, du temps heureux de nos jeunes années.
Pour ce qui concerne le quartier juif, il y avait la grande rue de la Révolution qui commençait à la Place d'armes et allait pratiquement jusqu'à la Place du Colonel Ben Daoud d'où partait sur la droite la rue Léoben (il y avait un bain d'Ephraïm dans cette rue), puis toujours dans le quartier on ne peut pas ne pas citer la Rue des Juifs qui, en fait s'appelait la rue d'Austerlitz. Il y avait de nombreuses petites rues, par exemple, ma grand'mère habitait 3 rue Damiette.
Pour accéder à cette rue il y avait une descente, de grands escaliers, puis pas loin j'allais jouer au baby-foot dans un café avec des copains du quartier.
Pour terminer, permettez que j'énumère quelques fêtes juives dans l'année : - Bichevat (la fête de l' arbre, 15ème jour du mois du Chevat dans le calendrier juif et qui marque le début d'une nouvelle l'année
pour les arbres),
  • Roch Hachana (nouvel an du calendrier hébraïque),
  • Yom Kippour (jour du Grand Pardon, jour de jeûne),
  • Soukkot (une des trois fêtes de pèlerinage du judaïsme),
  • Hanoucca (fête qui dure 8 jours, commémorant la consécration de l'autel des offrandes et pendant laquelle le Chandelier de Hanoucca reste allumé),
  • Pessa'h (fête qui commémore l'exode des hébreux hors d'Egypte, Pessah marque la naissance des enfants d'Israël),
  • Chavouoth (fête qui commémore le don de la Torah et des Dix Commandements aux Hébreux. Avec Soukkot et Pessa'h elle est l'une des Trois fêtes de pèlerinage marquant l'année).
49 ans ont passé et voila, on a essayé de s'habituer à la vie lyonnaise, on n'a pas eu le choix c'est la vie, on n'y peut rien.
Pour la communauté juive d'Oran, nous nous sommes tous dispersés dans tous les coins du monde, ce fût une grande déchirure pour nous tous .


Voilà j'espère n'avoir pas été trop bavard car je vous signale que j'ai toujours la nostalgie de là-bas, mes racines, mon pays où je suis né.
J'espère que mon témoignage vous aura fait revivre les petits et grands souvenirs de notre cher et tendre pays qu'on ne peut pas oublier. Si Dieu le veut, je retournerai revoir mes racines à Oran, je sais qu'elles ne seront pas les mêmes que celles que j'ai laissées, mais ce n'est pas grave, ce sera tout simplement pour enlever le poids que j'ai sur mes épaules depuis 49 ans.
Max Alzerah fils de l'épicier de la rue Interne Ginet au n°9, en face du Café maure à Saint Antoine.

Max  ALZERAH  d'Oran


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Les souvenirs d'un petit garçon de st antoine

LECTEUR DE MUSIQUE

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Vous avez la possibilité de faire pause,
passer à la chanson suivante afin de
l'écouter avec les flèches  vers la droite .
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les unes après les autres.



TRADUCTION DE LA PAGE





Crée Lauyan Toweb Segura Copyright © 2008.Tous droits réservés.                                                          Mise à Jour:mercredi 20 juin 2012