RECITS SOUVENIRS 3 LE TELAGH

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SOUVENIRS 19 LE TELAGH - Colette Teulet Garcia

REVEILLON  DE  NOEL  AU  TELAGH

Ma soeur Edouarde se souvient des fêtes de fin d'année de son enfance et, surtout du réveillon.
Quelques jours avant le réveillon ou noche buena,  il y avait la décoration du sapin, maman qui préparait les pâtisseries, mantécaos, oreillettes, petits gâteaux au vin blanc, à l'anis mais, ce qui excitait le plus les enfants : c'était la confection de la Sambomba. Pour cela avec la Tia Dolores, la grand mère à Jean et Laurette, ils allaient cueillir une pousse de carisso, une genre de bambou très fin, ensuite commençait la fabrication de l'instrument de musique d'accompagnement ; sur une boite de conserve, Tia Dolores tendait une peau de lapin qu'elle avait fait sécher, elle l'entourait bien avec un lien pour bien la maintenir et ensuite elle la perçait en son centre avec la tige de bambou, la musique pouvait commencer, suivant le mouvement que faisait la grand-mère avec la tige, l'air en entrant ou en sortant émettait un son. Tio Rojo, mon grand-père maternel et païsano, du même village d'Andalousie Félix, que Tia Dolores, n'avait plus qu'à sortir sa guitare.
Le 24 décembre donc Noche buena, le menu se composait d'une poule au pot avec les boulettes. A minuit tout le monde allait à la messe, quelque fois il y avait de la neige, pour la plus grande joie des petits. C'est en sortant de la messe, que commençait la parade, Tia Dolores à la sabomba, Tio Rojo à la guitare et tous les enfants derrière pour chanter tous en choeur, devant les maisons amies :

Esta noche, noche buena
Y manana navidad!                                  Se prononce magnana
Saca Maria la bota
Qué me voy emborachar !
Y acacha la rama
Y coje lemones
Y darle a la virgen
De los mas mejores !

C'était la joie, les rires, d'autres amis se joignaient au groupe pour faire un petit tour dans le village ! La fête se terminait en mangeant, le turron dur ou mou, les fondants, les pralines, les fruits secs, les petits gâteaux, des oranges. Après ça les enfants partaient au lit, en espérant que le Père -Noël n'oublie pas leur petit soulier !
Les souvenirs de ma soeur ont 68 ans, quand elle me les raconte je les vis, je suis dans notre village Le Télagh, celui où il y avait notre belle église avec la place entourée de palmiers en face, la rue de Saïda, toute notre famille et tous nos amis ! Que reste -t'il de tout cela ? Nos photos, notre mémoire. J'ai eu au téléphone un ami du Télagh qui nous avait reçu en avril dernier, en ce moment il neige sur notre village, il m'a dit :
  • quand je passe devant certaines maisons, je me dis : là habitait, Ysabel, ici, Tonio, là Mimilo et je pleure !


Joyeux Noël à vous tous ! 
           

Souvenirs d'enfance d'Edouarde Segura née Garcia
et Colette Garcia-Teulet


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Réveillon de Noël au TELAGH

SOUVENIRS 20 LE TELAGH - Hortense Segura Parra (1)

LOIN DE MON ALGERIE NATALE
                       
1ERE PARTIE

J'espère que la nouvelle année 2009 qui approche à grands pas sera meilleure que l'Année 2008 où la famille a connu quelques soucis de santé, mais grâce à Dieu, tout rentre dans l'ordre, et je souhaite qu'il en soit ainsi pour tous ceux qui me liront et tous leurs proches.
Pourquoi en cette veille de Noël je me remémore toutes ces années passées loin de mon Algérie natale, la ferme de Fakrounia , Zegla , Le Telagh , l' Oranie ?
Qui aurait pu prédire que je viendrai finir mes jours ici en France,ce pays qu'en Algérie je souhaitai tant connaître. Pour moi en tant que Pieds-Noirs cette France si généreuse, si fraternelle, si accueillante c'était Ma Patrie, comme la majorité d'entre nous.
Pourquoi au bout de tant d'années ressurgissent tous ces souvenirs passés en Algérie, ces souvenirs mêmes que j'avais enfouis pendant de longues années sans ne plus jamais les évoquer, car trop douloureux.

Automne - Hiver.

Si ma mémoire me le permet encore (j'espère pouvoir finir mon récit mais je vous rassure tout va bien), je vais tenter de vous décrire quelques scènes de la vie courante de notre Algérie et précisément de mon village natal Le Telagh, situé à environ 60 kms au sud de Sidi Bel Abbés, 800 mètres d'altitude se situant sur la Nationale 13 route qui nous menait vers les hauts plateaux Bedeau le pays de l'Alfa et vers le Sahara.

Justement comme nous sommes à l'approche de Noël, je pense à tous les préparatifs pour confectionner toutes sortes de gâteaux, de friandises façonnées par nos mains. Il fallait toujours avoir à l'esprit de rechercher les meilleures recettes qui avaient fait merveille l'année précédente, en cas d'oubli ou d'une recette égarée nous faisions appel toujours à nos mamans, tantes, cousines, car nous voulions à tout prix montrer notre savoir faire et épater tous nos convives , fussent-ils tous de la famille. Nos fêtes où nous étions toujours très nombreux autour de la table se déroulaient dans une bonne et douce ambiance auprès de la cheminée qui crépitait et réchauffait nos grandes salles à manger.

Mais attendez je ne vous ai pas tout dit, avant les fêtes de Noël, il y avait d'autres préparatifs assez particuliers, comme tuer le cochon, un vrai rituel et là aussi l'occasion d'une vraie fête, toute la famille se retrouvait et chacun avait son propre rôle et souvent les voisins participaient également.
Je m'en souviens c'était après guerre dans les années 1947 et 1948, nous avions décidé de tuer le cochon à la maison .Pour moi c'était un véritable évènement et c'était la première fois que je le faisais en tant que maîtresse de maison et une lourde tâche à assumer dont je voulais me montrer digne.   
Pour la mise à mort du cochon, c'était l'affaire des hommes et en général il y en avait toujours un qui en avait fait sa spécialité et on faisait appel à ses services. Dés le lever du jour il fallait allumer un grand feu et remplir les grands chaudrons afin d'y faire bouillir l'eau qui servait une fois le cochon saigné, à le laver, le raser et ensuite laver les boyaux.
Le cochon était allongé et maintenu par plusieurs personnes sur une planche les pattes attachées, la tête en bas une fois le couteau planté dans la veine sous les cris stridents de la bête, le sang jaillissait à flots et c'est là où j'intervenais avec ma bassine afin de recueillir le sang rouge et chaud qui servirait bien-sur par la suite à faire le boudin.
Il fallait remuer le sang dans la bassine, inutile de vous dire que c'était une première pour moi et que j'étais très impressionnée.
Je l'avais vu faire par ma mère autrefois, mais là je m'en souviendrais toute ma vie, ensuite le cochon était suspendu par les pattes arrières et nous pouvions commencer le découpage de la bête, ou rien ne se perdait.
Nous étions un jeune couple marié et cette année nous avions dû tuer deux cochons, car c'était après la guerre et que le ravitaillement se faisait encore rare  et nous étions une famille nombreuse.
Chez nous, nous étions habitués à recevoir beaucoup de famille et amis à n'importe quel moment, n'importe quelle heure , dans la cuisine il y avait toujours de suspendu des jambons , saucisses ,du boudin à l'oignon qui était délicieux et à ce jour je n'en ai jamais mangé d'aussi bon.
Cette année là j'ai appris à faire cette bonne charcuterie aidée par ma belle-soeur Françoise que j'aimais beaucoup. Je crois qu'en tant que maîtresse de maison je m'en étais bien sortie et en tirais un petit brin de fierté.
Avec toute cette charcuterie nous étions prêts à affronter l'hiver qui était rude malgré que nous soyons en Afrique du Nord où la neige n'était pas rare.
Justement en parlant de l'hiver, cela se passait l'année du mariage de ma soeur aînée Françoise, je devais avoir une dizaine d'années , pendant la cérémonie à l'église il avait commencé à neiger durant toute l'après-midi ,toute la nuit .
Au petit matin en se levant nous étions étonnés de voir autant de neige à tel point que tous nos invités venus d'Oran sont restés bloqués à la maison, toute la circulation était interrompue .Tout cela pour vous dire qu'en Algérie nous connaissions également la neige, mais nous étions assez bien équipés pour affronter les rigueurs de l'hiver.
Toutes nos maisons avaient des murs très épais, et la majorité d'entre elles avaient même plusieurs cheminées, dont la plus importante et la principale se trouvait en général dans la salle à manger, où le feu flambait en permanence et ou l'on rajoutait constamment de nouvelles bûches afin de maintenir une flambée douce et chatoyante qui donnait une sensation de bien-être et c'était l'endroit idéal pour se réchauffer et pour raconter en famille les durs travaux de la journée dans les champs, la naissance d'une brebis, ou celle d'un poulain .
Une fois l'hiver passé je vous parlerai de………..

Suite…… 2


Texte d'Hortense Segura née Parra 1923


Mise en page par Jules le 05.12.2008.


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Loin de mon Algérie natale 1.doc

SOUVENIRS 21 LE TELAGH - Hortense Segura Parra (2)

LOIN DE MON ALGERIE NATALE

2E PARTIE ET FIN

PRINTEMPS - ETE     

Une fois l'hiver passé, au Telagh on attendait avec impatience les beaux jours car l'arrivée du Printemps annonçait les joyeuses Fêtes de Pâques, fêtes que nous attendions plus que tout, car c'était le renouveau de la nature, tout était plus beau, plus vert, même les oiseaux semblaient heureux .
Alors ces fêtes de Pâques on se faisait toute une joie de les préparer,premièrement il fallait mettre de côtés tous les œufs que nos poules pondaient par-ci par-là car elles étaient toutes élevées en plein air.
Ah ! nôtre Mouna traditionnelle de Pâques, la Mouna bien de chez nous et présente dans toutes les familles du village, chacun avait sa propre recette souvent transmise de père en fils, je devrais dire plutôt de mères en filles.
Le plus dur de l'opération était de pétrir la pâte car il y en avait en quantité et bien-sur en dehors de tous les ingrédients comme les œufs,, la farine, la levure, des zestes de citrons, zeste d'orange, on rajoutait du beurre fondu ,de l'huile justement pour faciliter et rendre moins dur ce pétrissage fait avec les mains, certain homme comme mon cher époux mettait la main à la pâte pour nous aider.
La pâte une fois bien pétrie et bien reposée, devait grossir de volume une fois bien gonflée, nous la modulions en petites boules qui devaient à leur tour prendre du volume.
Les boulangers du village et pour nous principalement les familles Alonzo et ensuite François et Marie Vera, la boulangerie était juste à l'angle de la Rue des Dames, mettaient toujours après leur fournée de pain, le four à la disposition de toutes les familles du village en nous prêtons de grande planche pour le transport profitons ainsi du four encore chaud.
Nous transportions ces Mounas chez le boulanger des grandes et quelques petites car nous en faisions spécialement pour les enfants dont nous creusions un petit cratère en son milieu pour y loger un oeuf entier avec sa coquille.

Concernant la cuisson chez le boulanger nous étions plusieurs à attendre notre tour tout en bavardant ,et chacune d'entre nous attendait avec impatience et avec une certaine fébrilité sa fournée car bien-sûr , nous les comparions toutes, savoir qu'elles étaient les plus belles .
Il faut dire que nos Mounas avaient fière allure encore toutes chaudes sur leur planche, elles étaient dorées et brillaient à souhait car avant la cuisson nous les badigeonnions de jaunes d'œufs et rajoutions dessus du sucre blanc concassé qui ressortait à merveille en dégageant un doux parfum de citron et d'orange.   

Au retour nous conservions nos Mounas toutes chaudes encore, dans de grosses corbeilles en osier, nous recouvrions les Mounas de torchons blancs, que nous mettions en général au dessus d'une armoire pour éviter toute tentation et en attendant de pouvoir les déguster tous en famille le jour J.

Une autre saison l'été  arrive également aussi rude car nous connaissions de très grosses chaleurs, la canicule, sans pluie, certaine fois nous avions un vent très chaud chargé de sable qui nous fouettait le visage, appelé le Sirocco un vent très sec qui souffle en Afrique du Nord et qui provient du Sahara . Certaine fois nous voyons passer des caravanes de chameaux qui passaient par le Telagh .
C'était l'époque également des vendanges, des moissons, beaucoup de travail en perspectives pour nos parents ou grands parents dont beaucoup travaillaient toute la journée dans les champs, élevage du bétail moutons, chevaux.
Ils ressemblaient tous à des Mexicains avec leur peau et leur teint basané, brûlés par le soleil et leurs mains étaient rugueuses par leur dur métier, une vie très dure, mais tout le monde semblait heureux de vivre ,et ou le mot famille avait tout son sens  ,il est vrai que notre vie  a été très dure ,mais peut être qu'avec le recul je vois aujourd'hui les choses différemment et que je ne retiens que les vraies parties de Bonheur ,de Joie, et de Fraternité ,en oubliant et occultant mes huit dernières années jusqu'à mon départ ou chacun d'entre nous a connu l'exode de 1962.
Ainsi s'arrête une petite partie de mon histoire vécue en Algérie….
Mes Sincères Amitiés Passez de Joyeuses Fêtes 
Bises à tous .

Mon cher Jules je t'embrasse de tout cœur
Ta Maman qui t'aime.

Texte de Hortense Segura née Parra 1923.

   
Mise en page par Jules le 05.12.2008.

A ma Maman que j'aime

Merci Maman je les emporterai avec moi tes beaux et doux
souvenirs et resteront gravés en moi à tout jamais .   


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Loin de mon Algérie natale 2.doc

SOUVENIRS 22 LE TELAGH - Emile Martinez

EN SOUVENIR DE MES GRANDS PARENTS PATERNELS.

Ceci est une histoire vécue par mes grands parents.
Dans les années 1890 ma grand mère me racontait qu'ils
transportaient l'alfa avec des charrettes, du sud de l'Algérie à Oran.
Cela prenait plusieurs jours ! A la tombée de la nuit, les chariots s'arrêtaient, car il fallait faire reposer, les bêtes, les faire boire et manger, ainsi que le personnel. Alors on pratiquait la même méthode que l'on voit dans les westerns, les chariots en cercle.
Car ma grand-mère me racontait, il fallait se protéger, des animaux sauvages !car à cette époque, il y avait encore des lions !ils entendaient ceux-ci rugir toute la nuit .Il y avait aussi les hyènes, les chacals, mes ces derniers existent encore aujourd'hui.
A l'aube on reprenait la route .Voila la vie que mes ancêtres ont vécu pendant plusieurs années.

Emile MARTINEZ  né en 1933.





Article concernant l'Alfa est Extrait
      de l' Historique du Telagh.

L'ALFA:

Elle couvre environ 300.000 hectares dont 211.387 hectares dans la steppe et 88613 en sous-étage forestier.
Son exploitation remonte aux phéniciens et aux romains pour la fabrication de cordages de navires. Avant la colonisation française l'alfa était cueilli sur la steppe pour les usages ménagers: rembourrage de coussins, tressages ou vannerie fine.
Après la colonisation, il fallu attendre la fin du 19éme siècle pour que l'alfa devienne une plante industrielle grâce à la mise au point du procédé de transformation et son utilisation par les papeteries écossaises, rapidement son commerce prit un grand essor.


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Transport_d'Alfa emile martinez segura.doc

SOUVENIRS 23 LE TELAGH - Henry Durand

LE  JOUR  DU  COCHON

A la chandeleur, le froid était d'ordinaire très vif chez nous, et c'est vers cette époque qu'on tuait le cochon. Les deux premiers mois de l'année, tout le village sacrifiait ses porcs. Passé, février, il y avait danger, car la viande se conservait mal.

La veille du sacrifice, la fièvre gagnait toute la maisonnée, les couteaux étaient aiguisés, la ficelle prête, la machine à ensacher nettoyée, les hachoirs et les haches affûtés.

On se levait de très bonne heure, tout le monde était sur le pied de guerre : les parents, les voisins et aussi, votre narrateur, j'avais 6/7 ans. Arrivé le boucher, le spécialiste, son premier geste, en arrivant, une bonne rasade pour se donner, sans doute, du cœur à l'ouvrage. Le moment venu, il entrait dans la porcherie, il glissait la corde dans le museau, entre les deux dents, et passait son noeud coulant à la patte arrière.

Après lui avoir immobiliser la tète, il tâtait le cou et plongeait son couteau dans l'artère, pendant ce temps l'on recueillait ce sang. Les cris du cochon étaient insupportables, et je me bouchais les oreilles, j'avais reçu l'ordre de m'écarter et même de ne pas assister ....mais....la curiosité ..... du moment qu'un interdit était de mise, comme toujours, cet ordre n'est jamais respecté ; il fallait obtempérer sous peine de la punition programmée.

La bête, une fois pesée, était hissé sur une ridelle ou une échelle, l'on ébouillantait afin de gratter toutes les soies. A partir de ce moment, tous les adultes avaient un emploi du temps très serré, il ne fallait pas mollir. Du cochon, rien ne se perd, la viande et le lard mis à l'abri, la fabrication du boudin avait commencé, suivait les saucissons et saucisses, la machine à broyer assurait le tempo. Pendant ce temps, un jambon était suspendu dans la cheminée pour le fumer.

Le cochon tué, il était de tradition d'offrir quelques saucisses et lard aux parents, aux voisins qui avaient participé à l'engraissement du porc. La journée se terminait très tardivement, il fallait nettoyer, faire la vaisselle, ramasser tous les ustensiles, une journée harassante, la fatigue se ressentait auprès de "nos travailleurs" ; tandis que le narrateur, ma foi, appréciait aussi le calme revenu.

Des images gravées dans ma mémoire, je n'ai assisté qu'une fois à ce "spectacle", car ensuite la situation se détériora, tuer le cochon n'était plus qu'un souvenir, je relate le passé, et pourtant, il me semble encore que ce fut, il y a quelques mois ....Dans un monde qui perd la tète, il est bon de regarder un peu en arrière. Si j'évoque cette histoire, ce n'est pas de la nostalgie, mais par respect pour ces gens qui ont souffert et peiné durement. Triste aussi, de ne plus retrouver le cachet de l'époque, gardons en nous cette ferveur pour entreprendre l'écriture de notre belle "histoire", car quoique l'on fasse, cette histoire n'a jamais été virtuelle...   


Récit Henry Durand

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LE JOUR DU COCHON

SOUVENIRS 24 LE TELAGH - Henry Durand

LE TROU DE LA SECURITE SOCIALE

Au Telagh avant d'appeler le médecin, on y regardait à deux fois. On se soignait d'abord tout seul : friction d'essence de térébenthine ou alcool 96°, au lit avec une tisane bien arrosée ; ça faisait transpirer, le froid "sortait". Les ventouses aussi, toutes les maisons en avaient ,on peut  développer brièvement les ventouses, comme support genre un pot de yaourt en verre auquel on mettait à l'intérieur du coton que l'on enflammait et que nous appliquions sur le dos ,bien sur au moins une dizaine de pots ,ça aspirait la peau qui pénétrait dans la ventouse en verre et était sensé te retirer le froid suite à une toux ou une petite bronchite ,et bien sur il y avait les cataplasmes de marque Sinapisme Rigollot, ce médicament à base de farine de moutarde ,ce médicament était utilisé comme décongestionnant des affections respiratoires rhume, toux et petite bronchite , certaine fois on t'en collait plusieurs plaques en genre de tissus épais genre
toile de jute .

A cette époque, on ne connaissait pas le tétanos, personne n'était vacciné, moi, je me souviens seulement d'une vaccination contre la diphtérie et la variole quand j'étais tout petit.

Pour les petites misères, chaque famille avait son arsenal de remèdes naturels : les infusions , les fumigations de tilleul, les remèdes et les secrets, ce n'ait pas ce qui manquait : si tu saignais du nez, on mettait une clef dans le dos, on avait des recettes pour tout. Beaucoup faisaient confiance au rebouteux et aux guérisseurs.
Nous allions voir un guérisseur pour faire sortir le soleil de la tète, l' ustensile utilisé : une poêle remplie d'eau ,et il invoquait dans son charabia la force divine, et pendant que la translation s'effectuait, la température de l'eau de la poêle s'élevait, l'eau bouillonnait, tandis que le "malade" revenait à lui, l'insolation avait disparu, c'est une histoire vraie, ce n'est une histoire banale ni une histoire loufoque, certains d'entre nous ont assisté à cette scène. L'on peut donner des noms.....

Mais nous n'étions pas autant anti-docteur, le docteur COLONNA, toujours disponible, de jour comme de nuit ; c'était le docteur qui prenait le patient ou le blessé, sa porte était toujours ouverte. C'était un médecin "fabuleux",, un médecin qui savait diagnostiquer, accoucher, nettoyer une plaie, et même extraire une dent, enlever un épillet de l' oeil d'un ouvrier. C'était un médecin généreux, la vocation était en lui. Quelques années plus tard, le docteur LACHEZE, nouvelle génération de médecin, lui aussi, toujours à l'écoute et prêt à rendre la douleur moins difficile à supporter. Les nouveaux médicaments avaient leur apparition, le pharmacien avait transformé ses étagères, plus de confection de médicaments ; le XX° siècle avait pointé ses griffes, la médecine, à partir de ce moment, avait pris une nouvelle dimension, les médecins se spécialisaient et il fallait aller à la ville, pour nous SIDI-BEL-ABBES, pour une chirurgie, l'optique, les accidents et toutes les maladies graves.

Et je me pose la question, mais comment faisaient-ils nos Anciens pour retrouver la santé ? En fait, nos Anciens ne se plaignaient pas, ceux qui pleurnichaient, on ne les écoutait guère,
ils étaient durs à la douleur, endurants, ils ne comptaient sur personne, et il fallait toujours entreprendre, toujours améliorer son quotidien ; c'était sans doute, une drogue, et ils ne pouvaient s'en passer, ils étaient issus d'une génération de souffrances, ils ne se sont pas dérobés à la tache, à l'amour de leurs terres. Aujourd'hui, nous pouvons trouver tout cela excessif, mais de grâce, respectons-les et essayons d'avoir cette volonté pour entreprendre l'écriture "d'une époque bien de chez nous". Le silence et l'oubli, deux mots qui me sont insupportables à entendre....


Henry Durand



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LE TROU DE LA SECURITE SOCIALE.doc

SOUVENIRS 25 LE TELAGH - Henry Durand

LE  JOUR  DE  LA  LESSIVE

Je profite de cette période hivernale  pour te narrer de mémoire, une journée d'une vie laborieuse qui n 'existe plus :  le lave linge avec programmateur , avec économie d'eau et énergie , de la lessive dans une boule,, essorage à la demande ....Et bon pour notre environnement ....

La grosse lessive, chez ma grand-mère, elle la faisait, une fois par mois. Du matin au soir, ce jour là, elle mettait à bouillir le linge dans une grande lessiveuse sur le feu, posée sur un trépied. Ma grand-mère mettait de la cendre dans un sac de jute et le posait sur linge. L'eau, en bouillonnant passait sur le sac, et le jus qui en sortait nettoyer le linge. La lessive bouillie, accompagnée de la femme de ménage, elles savonnaient le linge avec du savon de Marseille sur un bac qui disposait d'une avancée, ce support permettait de battre le linge, un travail de sportifs !
Personne ne rechignait à la tache, pas de douleurs ,  la machine à laver  le linge n'existait pas, et les produits de lessive non plus ....De grandes longueurs de fils de fer permettaient d'étendre les grandes pièces, et le soir, le linge était sec, il était, ensuite ,empilé dans des corbeilles, en attendant le repassage, cela sera un autre épisode de ma courte vie passée de l'autre coté de la Méditerranée.

Le 28.12.2008

Henry  DURAND



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LE JOUR DE LA LESSIVE

SOUVENIRS 26 LE TELAGH - Henry Durand

LES  DISTRACTIONS  AU  VILLAGE  ZEGLA
                                         
Les distractions au village Zegla sur la route de Saida, on n'en avait pas tous les jours, à part le café, les cartes, et de temps en temps les concours de belote pour les parents ; seul un baby-foot, pour les jeunes, équipait la salle du café. Voilà tout, pas d'autres loisirs. Aussi, quand arrivait le cinéma ambulant, quelle fête ! Un véritable événement ! l' opérateur faisait son tour du village pour annoncer la grande "soirée cinématographique". Une somme symbolique l'entrée, sans doute, aucune idée, mais il fallait apporter son siège. Nous, les jeunes, étions assis à la même le sol , tout proche de l'écran, les plus petits restaient auprès des parents sur les genoux. La salle du café était trop petite .....L'impatience gagnait l'assistance et quand le chef opérateur ordonnait d'éteindre les lumières, c'était des "chut ...chut !" attention, ça commence ! "taisez-vous". Au programme un petit film, un film court comique pour nous mettre" l'eau à la bouche" et puis le grand film. A chaque changement de bobine - lumière - mise en place  - "taisez-vous" "ça commence"

Chaque spectateur analysait et donnait son avis, en clair , il demandait une assistance pour comprendre le déroulement de l'intrigue.....Bref, un brouhaha digne d'un champ de foire.  Au moment crucial, il y en avait toujours  un qui donnait à haute voix, ses impressions ou qui mettait en garde le héros du film.

Le spectacle se terminait dans la joie et la bonne humeur, tous les spectateurs, que dis-je les " cinéphiles avertis" récupéraient les enfants et rentraient chez eux dans la pénombre, et les villageois expliquaient toutes les situations, car de nombreux spectateurs , à l'issue de la séance, n'avaient toujours pas compris l'énigme du film policier, pour le film, disons plus sentimental , le scénario du

film était plus aléatoire pour la compréhension, chacun émettait un avis, d'autres en apportaient la contradiction ....Il est bien évident que tous les spectateurs avaient, pourtant assisté à la même projection, mais, en réalité, chacun avait vu un film différent..

Nostalgie d'un temps lointain, et je conclus ainsi
" le bonheur ne se vit pas au présent. Parfois, on s'y trompe, car il est reconstitué et revient sous la forme d'un présent historique. Le bonheur est une sorte de pari sur l'avenir ou une nostalgie du passé. Nostalgie, voilà le mot.

*note du narrateur*
Je vous rassure, ce n'est pas de moi , cette conclusion. J'avais conservé ce paragraphe lors d'une lecture d'un texte dans une revue "l'indispensable illusion"

Le 12.01.2009


Henry Durand


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LES DISTRACTIONS AU VILLAGE ZEGLA

SOUVENIRS 27 LE TELAGH - Antoine Garcia (1)

LA JOURNEE DU COCHON
                         
1ERE  PARTIE

Vous est-il arrivé d'assister  ou de participer à la journée du cochon ? Oui ? Non ?

Quoi qu'il en soit  voici en quelques lignes  comment se déroule cette opération     
Elle a lieu, faute d'abattoir à la campagne, dans une ferme, au moins une fois par an.
Tout d'abord, le cochon,  est indispensable...Il est choisi et séparé de ses congénères pendant une  bonne période afin de parfaire son engrais.
La veille du jour j la maîtresse de maison fait cuire suffisamment d'oignons qu'elle fait égoutter dans un linge destiné pour les besoins du boudin à l'oignon.
De son côté le chef de famille  chargé de l'abattage prépare les couteaux
et la table sur laquelle sera  saigné et préparé l'animal .Il dresse également une échelle de  fabrication locale pour le suspendre une fois mort .Il se munit également de cordelettes pour immobiliser les pattes et attacher fermement le groin.
Participaient à cette journée qui était une vraie fête tous les membres de la famille ainsi que les voisins et amis invités  nous avions besoin de bras forts afin de maintenir le cochon.
Je dois vous avouer, que enfant, chaque fois  que cela devait avoir lieu j'étais mal à l'aise de penser  qu'une pauvre bête ignorante allait être abattue pour nourrir des prédateurs humains.
Mais je pensais aussi que la nature était ainsi faite: des espèces vivent grâce au sacrifice d'autres espèces.

ET NOUS VOICI ARRIVES A LA DITE JOURNEE:

L'eau bien chaude est nécessaire pour  bien nettoyer la peau, en particulier, en la
débarrassant de ses poils, et pour arracher les deux sabots de chaque patte.
Tout étant prêt, après avoir pris une légère collation, l'abattage va commencer :   
attaché à une corde on dirige l'animal innocent prés de la table où il va cesser de vivre.
Là il est renversé au sol, ses quatre pattes bien attachées, sans oublier le groin ; puis de gros bras le place sur la table où il va être tué, inutile de dire qu'ayant compris que rien n'était plus normal, la pauvre bête poussait des cris  assourdissants.

STADE DE LA SAIGNEE:

La maîtresse de maison, une bassine  sur une chaise  prés de l'endroit où la saignée va avoir lieu  est prête à recevoir le sang.
De son côté le préposé à l'abattage prépare la partie du cou où la saignée va être faite : lavage du cou et rasage des poils, puis se servant du couteau le plus long de façon  à atteindre le cœur, l'introduit dans un geste ferme mais assuré. Immédiatement, un jet de sang gicle dans la bassine jusqu' à ce que le cochon  soit exsangue.
Afin d'éviter que le sang ne se coagule, il est brassé dans la bassine fermement jusqu à la fin de la saignée, il est ensuite mis de côté pour la confection ultérieure du boudin.
Le cochon est enfin  suspendu  et écartelé sur l'échelle dont il est question  plus haut.  Il est ensuite vidé de ses viscères abdominaux et débité à la demande de la charcuterie que l'on a décidé de traiter.
Voilà ce que je pouvais  vous  dire sur la journée du  cochon, cependant j'ajoute que la dernière fois que j'ai assisté et participé un peu, c'était il y a soixante cinq ans, et, malgré toutes ces années, j'en garde un souvenir inoubliable : le cochon  qu'on a abattu ce jour là poussait des cris stridents et avait trois taches noires que l'on apercevait nettement sur le flanc droit et encore davantage  après nettoyage de la peau.
Chaque fois que je pense à cette journée, je vois inconsciemment  les taches noires du cochon, pour lequel  je nourris encore aujourd'hui une certaine affection.


Dans un prochain récit ( 2em partie ) , je décrirai et vous raconterai comment était confectionnée la charcuterie ,boudin , longanisse , saucisse , pâté etc  .

Souvenirs et Récit d' Antoine  GARCIA  1924

Le 16.12.2008 

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La journée du Cochon 1ere partie

SOUVENIRS 28 LE TELAGH - Antoine Garcia (2)

LA JOURNEE DU COCHON

2 EME PARTIE

Le cochon, tué et préparé comme indiqué dans la première partie de ce récit, la maîtresse de maison, aidée de ses filles et d'aimables  voisines, se charge  maintenant de la confection de la charcuterie .Ensemble elles commencent par le nettoyage des boyaux, triés , selon l'utilisation prévue ( charcuterie fine  , moyenne ou épaisse ) , en les débarrassant de la graisse qui les entoure et autres impuretés.
Puis dans l'ordre  effectuent les  opérations suivantes:   
                                                                                                                             
  • La tête du cochon est cuite dans un chaudron. La chair, la peau et la langue, sont utilisées pour le boudin et le pâté de tête.
La fabrique à charcuterie se met en marche, en commençant par:
le Boudin à l'Oignon :

Dans un récipient  on procède au  mélange  des oignons, du sang et de la viande  de
tête ;le tout est ensuite haché à l'aide d'un appareil muni d'une manivelle ( le hachoir), puis  à l'aide  d'un entonnoir les boyaux sont  remplis de ce mélange  à la longueur souhaitée .A la fin de cette opération  , les boudins  en partie crus sont  placés dans un  chaudron dont l'eau  est déjà chaude pour la cuisson.
En ce qui concerne le boudin de tête, la recette est la même  avec un peu plus de viande de tête et pas d'oignons.
Bien entendu  la salaison, le parfum  et les  épices restent le secret de la responsable de maison qui surveille en outre la cuisson du boudin.
On passe ensuite à la fabrication de la saucisse, du saucisson, du pâté de tête et du pâté.
Pour chaque espèce la viande correspondante est sélectionnée et hachée comme pour le boudin. Les  boyaux sont ensuite remplis par catégorie
Toute cette charcuterie est ensuite suspendue en hauteur au moyen de longs  roseaux ou bâtons pour séchage.
Les jambons et éventuellement les épaules sont salés abondamment et placés dans une grande caisse, avec suffisamment de poids ( blocs de pierre en principe)  pour bien
égoutter les jambons.
Enfin le pâté fait de foie de viande et de graisse du cochon est préparé à l'aide du hachoir et cuit dans un ustensile dont la capacité correspond au nombre de petits récipients (des verres à eau en principe) à utiliser.

Voilà je pense que l'on  dispose maintenant de quoi organiser quelques casse-croûte
Ainsi s'achève la vie d'un animal que l'on a bien soigné pour les besoins de nôtre  table.


Souvenirs et Récit d' Antoine  GARCIA  1924

Le 08.02.2009 

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LA JOURNEE DU COCHON 2EM Partie

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Crée Lauyan Toweb Segura Copyright © 2008.Tous droits réservés.                                                          Mise à Jour:mercredi 20 juin 2012