RECITS SOUVENIRS 5 LE TELAGH

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SOUVENIRS 37-  LE TELAGH - Dr  Robert Lacheze

VISITE  DE  NUIT  DANS  LE  BLED  ORANAIS.
du Docteur Robert LACHEZE.


J'ai écrit ces aventures d'un médecin isolé dans le bled puisque la première ville digne de ce nom était distante de 50 kms. J'opérais sur un territoire qui se trouvait à la limite du désert, sur les Hauts Plateaux oranais et qui avait l'étendue de deux départements métropolitains.
Pour vous faire revivre l'existence journalière d'un praticien dans cet environnement, il faut vous préciser que j'étais en contact permanent avec une population musulmane. Évidemment, j'avais à ma disposition un hôpital de 60 lits, car nous avions à lutter contre la tuberculose, la variole, le typhus, le paludisme et même la lèpre dont l'origine venait de l'extrême- sud, chez les Touaregs. Je dispo- sais aussi d'un dispensaire créé par le syndicat agricole, avec soins et médicaments gratuits, ainsi que d'un camion de consultations avec lequel nous dispensions nos soins dans les douars éloignés. Toute cette activité médicale était gratuite. Il faut ajouter les campagnes annuelles de vaccinations contre la variole, le typhus, la tuberculose (B.C.G.), le paludisme, endémie importante dans cette circonscription médicale.

Il existait entre la population et le Service de Santé, une véritable collaboration et même une certaine complicité; souvent lorsqu'un malade grave se trouvait dans un douar ou dans une khaïma isolée, c'était le Garde Champêtre ou le Chef de douar qui nous prévenait pour que nous fassions le nécessaire: : soit donner les soins à domicile, soit évacuer le malade à l'hôpital et ceci en cachette du taleb.
C'était une soirée de mai 1953.


Nous soupions avec des amis et il était plus de 11 heures du soir. Les conversations menaient bon train et un de nos invités qui avait vécu en Indochine nous évoquait le séjour intéressant qu'il avait vécu dans ce pays merveilleux. Nous étions tous absorbés par ce récit, lorsque le téléphone se fit entendre. Je prenais la communication. L'appel venait de la Mairie de Slissen. Le secrétaire me demandait de venir d'urgence au village d'où le Garde Champêtre m'accompagnerait dans une ferme, chez de pauvres agriculteurs musulmans où se jouait un drame. Bien entendu j'acceptais... Je m'excusais auprès de mes invités, mettais la voiture en route et prenais la direction de Slissen en passant par Rochambeau. Arrivé à la Mairie, mon guide me fit prendre la route de Chanzy. La propriété se trouvait à 5 ou 6 kms. Elle était constituée par une grande bâtisse entourant une immense cour centrale et les constructions: habitation, hangar, écurie, entouraient complètement le patio central avec son puits. L'habitation se trouvait au milieu des autres bâtisses. Dès que la lueur des phares eut léché les façades, le propriétaire surgit et m'accompagna auprès de la parturiente. Il s'agissait en effet d'un accouchement dystocique et mal- gré ses douleurs, la jeune femme ne pouvait accoucher par l'enfant se présentait par le siège. Je demandais si elle avait été déjà consultée par un confrère ou une matrone pendant la grossesse : succéda un silence gênant et je fus écoeuré de savoir qu'un praticien l'avait visitée récemment et n'avait fait aucune observation: il fallait attendre paraît-il ! Mais attendre quoi, car la mère souffrait et l'enfant commençait à manisfester des troubles ...

Ne pouvant rien faire pour délivrer cette jeune femme, je téléphonais à la maternité de Bel-Abbès précisant le cas et je leur demandais d'avertir immédiatement le chirurgien. Après avoir donné les premiers soins, nous avons enveloppé la jeune femme dans une couverture et nous partions sur Bel-Abbès où nous arrivâmes une heure après.
Tout avait été préparé pour opérer cette femme; même le chirurgien prévenu était présent avec la sage-femme et l'anesthésiste. Dès l'arrivée, le chirurgien après avoir visité la jeune femme me déclara qu'il était temps, car si on avait attendu, on risquait de perdre la jeune femme et l'enfant. La césarienne fut effectuée sans ennui et après quelques manoeuvres pour ranimer l'enfant, et ayant reçu les soins nécessaires, mère et enfant purent enfin se reposer.
Après avoir pris un bon café servi par la religieuse du service, il était 3 heures du matin, je remerciai tout le monde et pris le chemin du retour. Je ramenais le mari chez lui, le Garde-Champêtre à la Mairie et je rentrais chez moi. Après une douche chaude je me couchais et quelques heures plus tard je reprenais le travail...
Ces visites urgentes de nuit étaient fréquentes et souvent dans des endroits éloignés. Personne, dans le personnel médical ne se plaignait, car chacun savait que ce travail faisait partie intégrante de notre devoir. Oui pouvait affirmer, à cette époque là, qu'il s'agissait de colonialisme ? Sûrement pas les malades et leur famille qui étaient heureux de voir arriver le médecin et le personnel médical.


ST ETIENNE, le 2 octobre 1996.

SOUVENIRS 38-1 LE TELAGH - Dr Robert Lacheze

LA  PENTECOTE  CHEZ  NOUS 1/2
du Docteur  Robert  LACHEZE

Cette fête religieuse était très suivie et avant que la date du 4 juin
arrive, déjà de nombreux préparatifs étaient en train. D'abord le menu car la tradition exigeait qu'on mangeât dehors: il faut préciser que le climat le permettait! Chaque mère de famille songeait à son menu particulier : pour les unes, c'était le riz, la paella ; pour certaines, le couscous; pour d'autres, les frites et les côtelettes de mouton; pour d'autres encore, le méchoui avec les brochettes accompagnées de légumes succulents. Le père de famille préférait s'occuper de la table: il sortait les madriers, les nettoyait consciencieusement, préparait les tréteaux car il fallait que tout soit prêt pour le dimanche midi. Les jeunes s'occupaient du ballon qu'il fallait réparer et gonfler, des énormes cerfs-volants qu'il fallait élaborer et fabriquer: le roseau se trouvait sur les bords de la Mékerra ou sur les rives de l'oued Sarno, la ficelle, chez l'imprimeur Meneau et le papier coloré chez le libraire Roidot, la colle se fabriquait avec de la farine additionnée d'eau et on ne regardait pas à la quantité -on aurait dit que cette colle était fabriquée pour plu- sieurs années ou alors pour la fabrication d'une dizaine de cerfs-volants. Tous les jeunes étaient surexcités et, bien entendu, pendant les récréations, toutes les conversations étaient dirigées soit sur le lieu, soit sur l'organisation, soit, pour les gamines, sur les robes et sur la cuisine. Il ne fallait pas, non plus, oublier les jeux de cartes car les belotes se succèderaient ainsi que les rondas et les briscas.

Enfin, le dimanche matin, très tôt, les breacks, les BelAbbésiennes, étaient stationnées devant la maison, attelées; pour d'autre c'étaient les autos, le camionnettes et même les camions. Dans ces véhicules étaient entassés les matelas, les couvertures, les toiles de tente car il fallait éviter le froid de la nuit et le soleil de la journée. Il fallait aussi songer à l'eau potable transportée dans des bonbonnes qu'on remplissait généralement sur place où se trouvaient des sources connues des habitués. Beaucoup parmi ces "pèlerins" se rendaient dans des fermes, en conséquence ils n'emportaient que le matériel de couchage. Mais il faut signaler un point commun à tous,


c'est le transport visible d'énormes poêles qui trahissaient, immédiatement la qualité et l'importance de l'alimentation.
Il ne faut pas oublier que les chiens étaient de la partie et que leurs aboiements, s'ils manifestaient leur joie d'être libres à la campagne, affirmaient aussi leur hostilité vis à vis des autres chiens du voisinage ou de la campagne.
Enfin, l'endroit choisi était atteint, à l'ombre d'un mûrier. Après avoir soigneusement placé matelas, poêles, trépied, couvertures, il fallait tout sortir du ou des véhicules. Tout ceci, évidemment, dans la joie; quelquefois, la vaisselle faisait les frais de ces débordements mais qu'importe, c'était la fête et tout le monde y participait, y compris les ouvriers de la ferme et leurs nombreuses familles.
Le méchoui était en train de cuire, les brochettes se préparaient, le bouillon du riz était prêt, les madriers étaient placés sur les tréteaux et déjà les verres étaient en place, car comment concevoir la fête sans l'anisette traditionnelle. Pour les Musulmans, limonades et orangeades étaient sorties avec un bloc de glace au fond du verre. Les femmes musulmanes se tenaient un peu à l'écart, n'osant pas se joindre aux hommes malgré les circonstances.

Brochettes, anisette, gazous se suc- cédaient et, tous, assis sur des bancs, racontaient chacun son histoire, soit en français, soit en arabe, soit en espagnol; tous participaient à ces récits et tout le monde riait car il faut avouer que souvent les contes orientaux avaient beaucoup de pittoresque.
Les plats arrivaient, les poêles fumantes et odorantes étaient portées chacune par trois ou quatre hommes; chacun se plaçait, les assiettes se remplissaient, le repas commençait et les fourchettes entamaient la symphonie. Immédiatement, les chiens et les chats entouraient les convives! Il faut signaler


que dans la préparation de ces mets n'entraient pas de viande de porc et les seules charcuteries admises étaient réservées aux hors-d'oeuvre ; ainsi tous les convives, musulmans ou européens pouvaient en profiter.
Dès que les convives étaient servis, les conversations commençaient et chacun racontait la sienne, souvent même c'étaient les mêmes histoires qui ressortaient chaque année mais les convives polis faisaient semblant de les entendre pour la première fois. Le repas terminé, certains partaient sur l'aire à battre pour disputer un match de foot ; d'autres s'armaient d'une carabine pour chasser les alouettes, les gros becs et peut-être même les cailles; d'autres allaient faire une sieste réparatrice et d'autres enfin s'attablaient pour faire une belote.
Vers 17h ou 18h, c'était la grande promenade et tous, enfants et adultes, prenaient les chemins de campagne en évitant les champs à cause de la hauteur des blés ou suivaient les rangs de vigne tout en discutant sur la qualité et la quantité des raisins. Les plus âgés restaient assis autour de la table parlant des jeunes générations et de leur avenir ou évoquant les anciennes générations car leur passé était très riche en histoires et anecdotes.

Pendant ce temps, les ménagères se remettaient à la cuisine et d'autres essuyaient les tables et remettaient des nappes en papier neuves et blanches. Vers 21 h, retour général et à l'odeur des plats qui cuisaient, s'ajoutaient le parfum de l'anisette et le bruit de l'eau qui remplissait les verres.
Les conversations qui n'avaient pas cessé reprenaient du souffle et après une vaisselle rapide, les assiettes creuses reprenaient leur place. Puis un silence commençait à régner et c'était le rythme des cuillères et des aspirations qui débutait. La soupe était bonne et après un après-midi de plein air tout le monde en appréciait la saveur. Ensuite arrivaient sur la table les légumes, la viande accompagnée de moutarde ou de cornichons, suivis du plateau de fromages frais ou secs; le dessert était constitué de fruits du crû: pastèques, melons, abricots, pêches.
Lorsque l'obscurité survenait, l'éclairage consistait en lampes à carbure…


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SOUVENIRS 38-2 LE TELAGH - Dr Robert Lacheze

Suite ….....
LA PENTECOTE CHEZ NOUS 2/2
du Docteur Robert LACHEZE


ou bien en lampes tempêtes car il n'y avait pas d'électricité et dans les chambres ou sous la tente, c'étaient les bougies qui nous éclairaient : elles étaient coincées dans leur bougeoirs en cuivre bien astiqués et rutilants sous l'effet du "miror" et de la poigne de la ménagère.
Mais avant de se coucher, il y avait de longues discussions soit familiales, soit de voisinage et souvent les langues se déliaient sous l'effet de l'anisette, du vin, ou simplement de l'euphorie du moment; chaque convive évoquait ses histoires particulières : très souvent, chez les plus âgés, c'était la guerre qui était en question, les campagnes de Tunisie, d'Italie, de l'hiver en Alsace, le débarquement en Provence, l'invasion de l'Allemagne; pour d'autres la conversation portait sur les moissons, les vendanges, la qualité des vins; pour une minorité, il s'agissait de problèmes familiaux ou sociaux.

Il faut ajouter que pour parfaire l'ambiance, les jeunes avaient apporté un phonographe (ou deux) et sur ces phonos à remontage manuel tournaient toute la soirée des disques de Tino Rossi, Rina Ketty, Muratore, Vincent Scotto (valses et javas), Reda Caire, Jean Sablon, Henri Garat, Lucienne Boyer, Ray Ventura et ses collégiens, etc ..., en somme toutes les célébrités de cette époque sur disques Pathé, Columbia, la Voix de son Maître, Polidor, Philips, ...qui permettaient aux jeunes d'évoluer sur l'aire à battre en dansant chacun son style. Les vieux, assis sur des chaises ou des bancs ou même sur des sacs, faisaient un cercle autour de cette jeunesse et s'ils admiraient leur souplesse, souvent ils émettaient des projets sur l'avenir conjugal des "petits".
Mais à mesure que le temps passait, l'obscurité grandissait, les bougies fondaient, les conversations se tarissaient et des ronflements sonores commençaient à s'entendre. Le silence de la nuit n'était interrompu que par les aboiements des chiens répondant aux jappements des chacals.
Le jour commençait à poindre, les coqs lançaient leurs cocoricos et progressivement les convives se réveillaient. Déjà les ménagères avaient sorti les bols, les avaient posés sur la table et une agréable odeur de café envahissait l'atmosphère. C'était ce parfum qui finissait de réveiller nos convives et chacun, à la hâte se rhabillait et se chaussait pour aller apprécier le breuvage matinal et même pour certains, la première cigarette (Bastos). Aussitôt qu'ils étaient attablés devant un bol de café chaud, les conversations reprenaient.

Le petit déjeuner terminé, chacun dans sa spécialité aidait les ménagères: les uns allaient chercher du bois, ou bien des sarments, ou encore mieux des souches pour entretenir le feu, d'autres faisaient un peu de "ménage", nettoyaient les tables, changeaient les nappes et remettaient un peu d'ordre dans les affaires des petits et des grands.

Vers 9h commençaient l'élaboration du menu et la cuisson des viandes et des légumes. Les assiettes et les couverts étaient remis sur les tables, les jeunes reprenaient leurs jeux sur l'aire à battre où matchs de foot et envols de cerfs-volants se succédaient sans interruption.
Midi arrivait rapidement, les convives, les uns après les autres, se mettaient à table et fourchettes, cuillères et couteaux commençaient leur symphonie.
Après déjeuner, certains chantaient, d'autres racontaient des histoires et d'autre enfin commençaient à emballer leurs affaires car dans la soirée c'était le départ vers la ville.
Malheureusement, dès que les "événements" commencèrent, ces sorties rurales et ces promenades à la campagne s'achevèrent car la peur commençait à régner: à cette période de joie et de bonheur allaient succéder sept années de malheurs et de destructions.


Docteur Robert LACHEZE

(J'envoie ce petit récit qui résume un peu nos pérégrinations lors de la fête de Pentecôte à Sidi-Bel-Abbès. Évidemment, "ce temps est lointain, pourtant il est resté gravé dans ma mémoire. Nous étions heureux et nous l'ignorions !)

SOUVENIRS 39-1 LE TELAGH - Dr Robert Lacheze

L' ACTIVITE MEDICO-SOCIALE SUR LES HAUTS PLATEAUX ORANAIS 1/3
du Dr Robert Lacheze

Dans une précédente chronique j'ai évoqué, dans le cadre des rapports médico-sociaux avec les Algériens du bled, la structure sanitaire des Hauts Plateaux Oranais où j'ai exercé pendant 17 ans. J'ai relaté mes rapports avec les administrations municipales de la Commune Mixte d'abord et ensuite préfectorales, ainsi que mes liens avec la Direction Départementale de la Santé à Oran. J'avais précisé qu'arrivé au Telagh le 3 février 1946, en pleine épidémie de typhus et en pleine endémie de paludisme, je n'avais trouvé sur place, comme outil de travail, qu'une infirmière indigène en ruine. Il m'a donc fallu, avec la collaboration entière et spontanée des administrations locales et départementales, faire le nécessaire pour reconstruire et équiper un hôpital de 60 lits, instrument susceptible de faire face efficacement à ces épidémies et endémies, qui entrainaient une mortalité et une morbidité effrayantes. Mais il faut ajouter qu'il existait aussi, dans ces régions semi-désertiques et pauvres, d'autres affections tout aussi meurtrières, en particulier: la tuberculose, la trachome, le cholera infantile, les maladies vénériennes dont la plus grave et la plus répandue était la syphilis sous toutes ses formes.

Bien entendu, il nous a fallu lutter contre les maladies elles-mêmes par la prévention et les traitements, mais il faut ajouter qu'il nous a fallu aussi combattre les tabous, les traditions, le maraboutisme. les superstitions; de même il nous a fallu aussi lutter contre l'esprit oriental, le fatalisme qui s'exprime par des expressions telles que: cmektou", cmaâliche". cquioualou". Evidemment, nous y avons mis le temps, la patience, nous avons utilisé les traitements spécifiques, beaucoup d'argent, pour lutter contre ces fléaux sociaux et leurs supports psychologiques; nous y sommes arrivés et nous avons obtenu de bons résultats.
Au point de vue épidémique, il y a eu éradication du typhus. Au point de vue endémique, suppression du paludisme.
Les affections comme la tuberculose, le trachome, les maladies vénériennes, le choléra infantile, ont régressé progressivement et nous ne trouvions souvent que quelques cas isolés dans les campagnes éloignées ou chez les nomades qui venaient du sud (Khmiènes).
Ce que je voudrais surtout décrire aujourd'hui, ce sont les rapports personnels entre les malades européens ou musulmans et le médecin .


Mais auparavant, considérons de quels éléments se composait la population des Hauts Plateaux Oranais.
Comme dans toute l' Algérie, il existait deux catégories d'habitants : des Européens et des Musulmans.

Les européens se composaient de 20% d'éléments de souche française et de 80% d'élément de souche espagnole. Tous ces européens généralement de religion catholique ainsi que quelques éléments de souche israélite, vivaient en parfaite symbiose... sauf en période électorale.
Parmi ces éléments européens, 35% étaient des cultivateurs. 25% étaient des artisans (commerçants, épiciers, cantiniers, boulangers, menuisiers, bouchers, charcutiers, quincailliers, garagistes, alfatiers, transporteurs) .Le reste était constitué par des fonctionnaires de la Mairie, de la sous-Préfecture, des Ponts et Chaussées, des Postes, des Finances, de la Cave Coopérative, de la Société Agricole de Prévoyance, de l'Education Nationale, des Services de Santé et des Services Vétérinaires.

Les Musulmans se composaient de 10% de Kabyles (épiciers, fonctionnaires des Postes, des Finances, de la Santé, mouture indigène) .Les Arabes les appelaient les cZouaoui" (étrangers) et ne les avaient jamais intégrés. Le reste de la population musulmane était composée de sédentaires qui se répartissaient en propriétaires agricoles (jusqu'à 600 ha) , de fellahs qui constituaient la majorité, de fonctionnaires de la Sous-Préfecture ou de la Mairie, qui constituaient la minorité. Il y avait aussi de nombreux nomades. en particulier aux environs des douars où passaient les immenses troupeaux de moutons avec leurs bergers (khari) ou bien les caravanes de chameaux se dirigeant soit vers le nord, soit vers le sud, suivant les saisons.
Du point de vue médico-social. au centre du Telagh (chef-lieu d'arrondissement) , fonctionnaient jour et nuit un hôpital auxiliaire, des salles de consultations, un dispensaire du Syndicat Agricole. Dans les agglomérations périphériques, il y avait dans chaque mairie une salle de consultations. Pour les douars éloignés du Telagh, tels les M'Hamids. Taourira. Tergo. Tamatiouna, fonctionnait un camion de consultations merveilleusement équipé en matériel et médicaments. L'assistante sociale-infirmière et l'adjoint technique de la Santé suivaient le médecin dans tous ses déplacements. De plus, il fallait ajouter qu'une équipe composée de médecins phtisiologues et d'infirmiers spécialisés parcouraient une fois par an la campagne pour effectuer un dépistage de la tuberculose .Les consultations gratuites avaient lieu tous les matins à l'hôpital et une fois par semaine dans les agglomérations environnantes.

Du point de vue scolaire, il existait dans tous les centres et même dans les douars importants, des écoles pour filles et garçons avec des instituteurs et évidemment il existait un contrôle sanitaire régulier des locaux, du personnel et des élèves. Mais si la classe du certificat d'études comportait de nombreux élèves, le passage de cet examen n'était pas courant car les parents enlevaient les garçons de l'école pour les louer comme bergers ou comme ouvriers agricoles et les filles ne venaient plus en classe, même si elles étaient de brillantes élèves, soit pour élever les petits frères et soeurs, soit pour les préparer au mariage; il faut préciser que d'une manière générale, l'Islam est opposé à l'instruction et à l'évolution de la gente féminine.

Tous ces éléments de population réunis, constituaient un ensemble qui était loin d'être aisé du point de vue financier, mais qui avait un grand coeur et beaucoup de générosité. Il n'y avait pas de racisme et je me souviens très bien du cas précis de cette femme musulmane qui était malade et contrainte de s'aliter; elle avait refusé l'hospitalisation eu égard aux nombreux enfants qui vivaient sous son toit, le mari, ouvrier maçon, travaillant sur un chantier, était absent durant toute la journée. Ce sont alors ses voisines européennes qui s'occupaient du ménage, de la cuisine et des gosses ; tous les jours je constatais en venant donner les soins, que le ménage était fait, les gosses étaient propres, la cuisine était en cours et même ma seringue était bouillie et prête à l'emploi. D'ailleurs, la réciproque était aussi vraie, lorsqu'une Européenne était malade et alitée.


Docteur Robert Lachèze


(Suite: prochaine KHÉMIA )  revue qui n'existe plus.

SOUVENIRS 39-2 LE TELAGH - Dr Robert Lacheze

Suite...........
L' ACTIVITE MEDICO-SOCIALE SUR LES HAUTS PLATEAUX ORANAIS 2/3
du Dr Robert Lacheze


Cette amitié se manifestait aussi lors des fêtes de villages, des fêtes religieuses aussi bien chrétiennes, hébraïques que musulmanes, où toute la population s'amusait, riait de bon coeur et festoyait ensemble. Nous étions loin, à cette époque, de penser aux évènements graves qui allaient survenir et séparer définitivement ces deux communautés.

Il faut ajouter que le médecin assumait dans le bled, de nombreuses fonctions. Il était d'abord Médecin-Chef de l'Hôpital et dans ce cadre, il pratiquait la médecine générale, l' ophtalmologie, la stomatologie, la gastro-entérologie, la médecine tropicale (typhus, paludisme, lèpre, variole, dysenterie), la petite chirurgie, l'urologie, l' obstétrique et la gynécologie, la médecine légale (autopsies et exhumations) en relation avec le Juge de Paix et la gendarmerie.
Il lui arrivait aussi de faire le conseiller conjugal et, parfois le mécanicien-auto !
Il participait à l'hygiène du village (étude des eaux potables, des eaux usées, des égoûts, des ordures) et dans ce cadre, il était le Conseiller technique du Maire et du Sous-Préfet en relation avec les Ponts et Chaussées. Il était responsable aussi de la médecine scolaire (visites des écoles, du personnel et des élèves, 2 fois par an).

Tous ces rôles étaient pratiqués avec la meilleure volonté du monde, mais sans augmentation de salaire. Et c'est ainsi que lorsqu'il revenait tard d'une visite à domicile ou d'un accouchement, il était parfois obligé de rejoindre la Mairie où le Conseil Municipal attendait son avis pour un plan de travaux d'assainissement, ou un problème de permis de construire ou bien pour l'établissement de la liste des indigents.
Cependant, toute cette vie active et pénible faite de responsabilités, comportait parfois, non pas des compensations financières mais beaucoup de satisfactions morales et psychologiques. Parfois même, le médecin était considéré et opérait comme arbitre dans des affaires familiales.
Voici quelque exemple :

Un après-midi, je reçus en consultation une mère et sa fille, famille que je connaissais bien. Je les fis entrer dans le 'bureau et j'écoutais leur histoire. La mère prit la parole et me déclara que la "petite" (18 ans) était malade depuis quelques temps; elle manquait d'appétit, le matin elle présentait des nausées et parfois même après les repas, des vomissements; elle était soucieuse.

Je me levai, fis déshabiller la "petite" en présence de la mère (très important), la,fis coucher sur la table d'examen et entre autres questions, je lui demandai la date de ses dernières règles. La gamine rougit, se troubla.; Alors je demandais à la mère de se retirer et je la fis asseoir dans la salle de radio, en refermant avec précaution la porte. C'est ainsi que j'appris que la jeune fille fréquentait depuis quelques temps un jeune homme et qu'ils étaient décidés à se marier... mais... les avant- dernières règles n'étaient pas venues, les dernières non plus et elle angoissait en attendant les prochaines. Je poursuivais donc mon examen clinique en le complétant par un examen gynécologique, mais avec toutes les précautions d'usage eu égard à son état présumé de jeune fille. Evidemment, l'examen confirma mes prèsemptions : elle était enceinte.

Prudemment, je lui annonçai la nouvelle en lui demandant ce qu'elle comptait faire (I V G  n'existait pas) et comment elle allait annoncer la nouvelle à sa mère. Je déclenchai une crise de larmes car elle avait aussi pensé à cette éventualité, mais elle n'y croyait vraiment pas. Je réussis à la calmer et lui demandai de dire la vérité à sa mère car d'abord, ce n'était pas mon rôle et ensuite, dans quelques temps, tout le monde s'en apercevrait. Après un long moment de réflexion, elle me demanda d'aller chercher la mère.

La discussion entre la mère et la fille se fit en espagnol et je pensais' alors que la langue française n'était pas adaptée à de telles circonstances. Bien entendu, je comprenais tout ce qu'elles disaient. Le problème était d'expliquer à la mère la façon dont elle était tombée enceinte. Après une phase de colère, et même d'insultes, il y eut une phase de pleurs, puis une phase de réconciliation entre mère et fille.

Lorsque le calme revint, la mère m'expliqua que sa fille n'avait pas eu de chance; elle me raconta alors les circonstances qui décidèrent des évènements : alors que l'orchestre jouait sur la place de la mairie, lors de la fête du village, pendant que le couple dansait, le jeune homme avait éprouvé le besoin de s'isoler. La fille l'avait accompagné dans les W .C. communaux; le jeune homme était entré le premier et il avait cédé ensuite la place à la fille; c'était ainsi qu'elle était tombée enceinte. C'était évidemment la partie de la conversation que je n'avais pas comprise... Bien entendu, on me demanda mon avis de médecin et, lâchement, j'approuvai cette hypothèse en ajoutant que, "médicalement, c'était possible". Je fus chargé de rendre compte de ces évènements à la famille du jeune homme.
Inutile de préciser combien j'étais gêné et par le fait et par son explication. Enfin, comme les deux familles se connaissaient, eu égard à leur réputation et eu égard aux mauvaises langues du village, on les maria et tout le monde fut heureux de ce bonheur basé sur un. .. mensonge.

Comme je le disais, la vie dans le bled était dure et pourtant il fallait faire son devoir de médecin. Voici un autre exemple :

Il y avait déjà quelques temps que j'étais installé au Telagh, lorsqu'un après-midi, un cavalier indigène vint frapper à ma porte. Il m'expliqua qu'il me fallait aller d'urgence à la ferme ta Louis sur la route de Zegla, car il y avait un malade grave.

Le village de Zegla était une agglomération qui se trouvait à environ 11 kilomètres du Telagh, sur la route de Saïda. Le temps de terminer ma consultation, de m'emparer de mes affaires et je pris la route de Zegla.
Bien entendu, sur la route j'interrogeai les piétons, mais, ou bien ils ne connaissaient pas la "ferma ta Louis" ou .bien leurs explications en arabe étaient tellement confuses que j'approuvais de la tête et que je poursuivais mon chemin n'ayant absolument rien compris. C'est dans la soirée que j'arrivai à Zegla. Je me rendis immédiatement chez l' Adjoint-Spécial (Zegla était en Commune Mixte), M. T ., qui comprit mon problème, car le Louis en question était un de ses administrés. Ne pouvant m'accompagner lui-même à la ferme, il fit appeler le garde-champêtre indigène. Ce dernier arriva un moment après, monta dans la voiture et nous prîmes la route mais déjà la nuit était tombée. Heureusement, le garde-champêtre connaissait parfaitement la route et les pistes. Grâce à ses "dour fi lemna" et "dour fi lesra" (tourne à droite, tourne à gauche), après une bonne demi-heure de piste, on arriva enfin à la ferme... disons plutôt un toit sous lequel se trouvaient des murs de briques.

La disposition des briques permettait de distinguer vaguement une cuisine salle à manger avec une cheminée et une grande chambre avec un grand lit central et un petit lit pour enfant, le tout sur terre battue car il n'y avait ni carrelage, ni plancher. ....


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SOUVENIRS 39-3 LE TELAGH - Dr Robert Lacheze

Suite et Fin .
L' ACTIVITE MEDICO-SOCIALE SUR LES HAUTS PLATEAUX ORANAIS 3/3
du Dr Robert Lacheze

....De plus, il y avait une fenêtre par pièce et un vieux rideau dissimulait les vitres crasseuses.
Dès mon arrivée signalée par les phares de la voiture, le garde-champêtre tapa à la porte et me fit pénétrer à l'intérieur .Le père de famille vint à notre rencontre, me conduisit devant la cheminée de la cuisine et me raconta ce qui était arrivé: toute la journée, leur enfant, 5 ans, s'était amusé dehors, autour du puits ; mais le soir venu, la mère trouva que le petit était fiévreux. Elle prit alors la température de l'enfant et, avec surprise, constata qu'il avait 40 degrés. Immédiatement, elle avertit son mari qui envoya aussitôt le seul ouvrier agricole qu'il avait, avertir le médecin: mission qu'il avait accomplie scrupuleusement.

Je visitai immédiatement l'enfant et je trouvai qu'il avait une angine avec otite double. Je pratiquai les soins d'urgence et rédigeai une ordonnance qui devait être prise le lendemain chez le pharmacien du Telagh. Je m'excusai ensuite pour le retard apporté à ma visite en expliquant mon ignorance des lieux et en invoquant l'imprécision de l'adresse donnée par l'ouvrier.

Mais, pendant que j'expliquais à la mère la posologie des remèdes, j'examinai furtivement les locaux et me demandai alors comment un jeune ménage avec un enfant pouvait ainsi vivre dans une telle misère. Devant l'hésitation du père qui m'interrogeait sur le montant des remèdes, je le rassurai de suite en lui promettant que ces médicaments lui seraient délivrés gratuitement et que le fait le plus important était de bien respecter les prescriptions indiquées. .. L'enfant s'était assoupi, il semblait plus calme, moins fièvreux.
Je pris alors mon manteau et, accompagné du garde-champêtre, nous prîmes le chemin du retour toujours assorti des "dour fi lemna" et "dour fi lesra"... Heureusement !... Et c'est ainsi que, sans accroc, mais dans la nuit complète, nous arrivâmes à Zegla. Au village, j'avertis M. T ...que ma mission était terminée et je le remerciai pour son aide. Mais le garde-champêtre ne me quitta pas ; je pensai qu'il avait quelque chose à me dire. Nous nous arrêtâmes sur la place de la mairie et ensemble, nous rentrâmes dans le seul café ouvert à cette heure tardive: c'était en effet un lieu de rendez-vous des transporteurs de bois venant de Tefessour et qui partaient soit sur Bel-Abbès, soit sur Oran.
Alors, assis devant un bon café chaud, en présence du cafetier qui se doutait de ma méconnaissance de la langue arabe et qui était un ami d'enfance du garde-champêtre, ce dernier me raconta l'histoire de la famille Ch... Louis.

Mobilisé en décembre 1942, il avait fait la guerre sous les ordres du Général Juin; guerre de Tunisie, débarquement en Italie, bataille de Cassino, bataille d'Allemagne. La paix signée, il était revenu à Zegla, riche de souvenirs, mais pas un sou en poche. Il avait hérité de cette petite ferme dont la terre, malgré le travail, était pauvre. Il avait construit cette bâtisse, puis s'était marié. Mais les récoltes avaient été mauvaises ; pour poursuivre ses travaux, il avait été obligé d'emprunter au Syndicat Agricole; les mauvaises années se poursuivant, il n'avait pas pu terminer sa maison. Par conséquent, le couple vivotait dans cette masure en attendant la bonne récolte qui leur permettrait de payer leurs dettes et de terminer leur maison.
Vu l'heure tardive, j'abandonnai le cafetier et son ami le garde-champêtre et le lendemain matin, je me rendis à la Commune Mixte. Je rencontrai l' Administrateur et le mis au courant. Aussitôt, il fit le nécessaire auprès de l'Administration et du Syndicat Agricole.

Quelques temps après, l'hiver terminé, je vis arriver à l'hôpital Mr. Ch…Louis et son enfant. Je visitai l'enfant et rassurai le père; ce dernier me remercia, et pour l'enfant et pour mon intervention auprès de l' Administration. Sa situation s'était améliorée la récolte s'annonçait bonne, il avait fait venir un maçon et ils avaient enfin pu terminer la maison et même ajouter une pièce.


Pour la petite histoire, je voudrais , préciser que ce garde-champêtre indigène qui était si brave, ancien combat tant, membre du Dar-el-Askri, a été assassiné par le F.L.N. ; la petite maison, objet de tant de privations et de travail, a été brûlée ainsi que le hangar , le matériel agricole et les mulets. Vu l'insécurité, les champs ont été abandonnés et sont devenus incultes, comme toutes les modestes terres qui entouraient le village de Zegla.

Cet exemple est aussi vrai pour Mr  Ch. . Louis que pour beaucoup de cultivateurs européens et musulmans de cette pauvre région des Hauts Plateaux Oranais. L'attitude des médecins de l' Assistance médico-sociale était la même, ainsi que celle de l'Administration, que ce soit la Commune Mixte, la Commune de Plein Exercice ou la Préfecture.

Je voudrais savoir par ces exemples, Où pouvait bien se trouver le colonialisme, l'impérialisme dont on nous accuse en permanence ? La France n'a pas à rougir de son oeuvre médico-sociale dans ces régions désertiques où pauvreté, misère, chaleur, froid, endémies, épidémies, étaient le lot commun de toute la communauté, aussi bien européens que musulmans.
Fin.

Dr Robert Lachèze

SOUVENIRS 40-  LE TELAGH - Dr Robert Lacheze

UN  TRAITEMENT  DE  LA  STERILITE  FEMINlNE
du Dr Robert Lacheze

Suivant la tradition islamique toute femme stérile peut être répudiée suivant le désir de son mari. Donc. de nombreuses jeunes femmes connaissant ce principe redoutaient la stérilité et en conséquence consultaient soit le médecin, soit priaient le marabout. soit les deux à la fois. Il faut ajouter que lorsqu'il arrivait qu'au bout d'une année de mariage. la jeune femme. dernière épousée n' était pas tombée enceinte, les précédentes épouses, bonnes âmes se chargeaient de rappeler à leur mari commun le fondement de ce principe, de manière à se débarrasser de leur rivale beaucoup plus jeune.

Voyons quelle pouvait être l'origine de ces stérilités ? Si nous considérons le point de vue européen. la stérilité pouvait provenir soit de la jeune femme elle-même. soit du mari : de toutes façons il fallait se livrer à une véritable enquête pour connaître l'origine de cette affection. Mais si nous considérons le point de vue musulman. seule la femme était responsable. le mari, évidemment, ne pouvant en aucun cas être atteint soit d'impuissance soit d'une affection vénérienne aigue ou chronique.

D'où les nombreuses consultations gynécologiques, pour stérilité. La jeune femme arrivait donc. à la consultation, accompagnée soit d'une duègne. soit de membres féminins de sa famille. La consultation débutait. comme toujours, par un interrogatoire serré et délicat durant lequel. lorsque la jeune femme était gênée par la présence de ses accompagnatrices, curieuses. J'étais contraint de mettre tout ce petit monde accompagnateur au silence dans la salle de radio: ainsi Je pouvais interroger librement la Jeune épousée et obtenir les renseignements utiles. C'est à ce moment là que parfois J'ai eu des surprises. En effet quelquefois, mais rarement je le reconnais, Il m'est arrivé de trouver une Jeune femme encore vierge après une année de mariage! J'en concluais que le mari était impuissant. infinité peut être due à l'âge mais peut-être aussi à une maladie vénérienne non soignée ou mal soignée; il me fallait alors instituer un traitement minime pour ne vexer ni les uns, ni les autres.

Quelquefois l'examen montrait qu'effectivement le mari malade avait contaminé sa jeune femme dès les premiers rapports: il n'était alors plus question de grossesse possible du moins provisoirement. en attendant le résultat d'un traitement intensif des deux conjoints lorsque cette solution était possible, sans froisser les tabous.

Quelquefois devant une stérilité effective, lorsque toutes les conditions physiologiques étaient réalisées, c'est la Jeune femme qui était décidée à subir un traitement délicat et souvent. malheureusement illusoire, de manière à provoquer normalement une grossesse qui rendait ainsi impossible toute répudiation. du moins pour ce motif.

Quelquefois enfin. il s'agissait d'une jeune femme dont le mari était notoirement impuissant. Alors se déroulait le scénario suivant: avant de venir à la consultation elle passait à mon domicile et demandait à voir ma femme, qui parlait parfaitement l'arabe. Une fois toutes les deux. le dialogue était le suivant: "Nous sommes toutes les deux de bonne famille (khaïma kebira). donc tu vas me comprendre : mariée toute Jeune à un vieux qui ne peut plus faire d'enfant Je voudrais que ton mari, le docteur. soit par un médicament. soit directement me fasse un enfant; Je paierais tout ce qu'il faudra et ainsi j'aurais un enfant, ma situation familiale sera stabilisée et de plus cet enfant aura les yeux bleus. comme ton mari".

Il fallait alors utiliser toutes les subtilités de la diplomatie féminine ainsi que la connaissance approfondie des traditions orientales pour pouvoir écarter, en douceur, cette solution, sans agressivité ni dédain et cependant toujours en "sauvant la face". Evidemment un coup de téléphone m'1nformait de la subtilité de cette
demande; alors, après un examen sérieux, je prescrivais un traitement par placebo, laissant
au destin le soin de parer à cette stérilité.


Docteur Lacheze Robert

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Crée Lauyan Toweb Segura Copyright © 2008.Tous droits réservés.                                                          Mise à Jour:mercredi 20 juin 2012