Je viens de voir le film de Clint Eastwood, sur la guerre du pacifique, dont le titre est ..... je m'en souviens plus mais les images sont encore présentes dans ma tête, avec cette scène où les autorités japonaises demandent aux paysans, aux villageois de se replier vers Hiroshima , ville sécurisée disent-ils….On connaît la suite... Je ne sais pas quel a été le fil conducteur avec ce film mais voilà que me revient en mémoire ma dernière permission.. C'était Le 24 juin 1962, bénéficiant d'une permission exceptionnelle de 24 heures, je suis retourné à Bel-Abbes chez mes parents et retrouver ainsi ma copine Jeanine.... Je venais à peine d'arriver qu'on me fit savoir que Jeanine souhaitait d'urgence me voir. Sur le pas de la porte elle m'attendait et dans sa chambre on s'isola. Nous nous sommes assis, elle a pris ma main et à sa mine déconfite j'ai compris qu'elle avait une mauvaise nouvelle à m'annoncer. Après quelques minutes silencieuses et ne sachant comment s'y prendre, d'une voix blanche elle me dit : " Mon père vient d'avoir les places du bateau, demain nous quittons l'Algérie, nous partons pour la France… " Un silence pesant s'abattit," Mais où en France?..." dis-je... " On va essayer de se diriger vers la région de Perpignan ou alors ailleurs…. on verra " Pour éviter de fondre en larmes elle s'est levée, a posé sur son Teppaz un disque d' Aznavour
" Sur ma vie je t'ai juré un jour De t'aimer jusqu'au dernier jour de mes jours…. "
Nous nous sommes regardés, puis après être restés un instant sans parler, j'ai essayé de dégeler l'atmosphère en balançant une vanne à 2 balles: " Excusez moi Mademoiselle vous dansez ou vous gardez le sac de votre copine " Elle a souri et nous avons dansé..
" Sur ma vie je t'ai fait le serment Que ce lien tiendrait jusqu'à la fin des temps Ainsi nous vivions Ivres de passion… "
Et puis elle a craqué et s'est mise à pleurer, pas à gros bouillon, juste des larmes qui glissaient sur ses joues pâles. " Quelle idiote…Je savais que ça allait m'arriver " me dit-elle. D'un tiroir elle prit un mouchoir puis a sorti un chapeau et un nez de clown. Je l'ai coiffée de ce chapeau, passé l'élastique autour de son cou et à mon tour j'ai chaussé le nez rouge et pour la première fois depuis notre rencontre nous avons ri.
" Sur ma vie j'ai juré que mon cœur Ne battrait jamais pour aucun autre cœur Et tout est perdu Car il ne bat plus… "
En dansant, elle, avec son chapeau, moi, avec mon nez rouge, nous ne nous sommes jamais sentis ridicules, juste nous savourions ce délire.....ces 3 minutes de chanson..... puis je ne sais si c'est elle ou moi ou peut être les deux à la fois, nos visages se sont rapprochés et nous nous sommes embrassés comme si nous savions que ce baiser allait être le dernier.... Le lendemain elle prenait le train de 7heures 30 pour Oran , puis le bateau pour la France,Le lendemain je prenais le train de 7heures 30 pour Alger, pour terminer mon service militaire. C'était le 24 juin 1962, A Bel-Abbés il y a 45 ans
tait comme si c'était hier... Et Jeanine, je ne l'ai plus revue....
Aujourd'hui, elle doit être quelques parts en France ou ailleurs, qu'importe, entourée de ses enfants, petits enfants. Moi, aujourd'hui je suis toujours avec mes sacrés de souvenirs qui tournent dans ma tête inlassablement….
Sur ma vie Près des orgues qui chantaient Face à Dieu qui priait Heureux je t'attendais Mais les orgues se sont tues
Le Magasin TARI Merci à Jean Claude Rodriguez d'avoir déposé sur le site Mékerra des photos de mon quartier et ainsi retrouvé cette boutique de disques " TARI ". Cette boutique où on vendait des radios dont le dessus se soulevait pour laisser apparaître un " pick-up ", les premiers transistors, des tourne-disques " Teppaz " et sur des étagères, les disques de " George Jouvin et sa trompette d' or " , " dansons avec Franck Pourcel " " Aimé Barelli " " Jacques Hellian " et les premiers " Aznavour et Bécaud ".
Ça devait être en décembre, cette période de l'année scolaire où la nuit tombe rapidement quand on sort du collège pour peu que l'on fasse un détour pour assister aux parties de " flippers " au bar " Chantaco ", que je me suis arrêté devant la vitrine de cette boutique. Appuyé sur la vitre, je regardais les pochettes de disques disposées pêle-mêle lorsqu'entre " Gloria Lasso " et Dalida j'ai remarqué une pochette rougeâtre d'un chanteur beau comme un Dieu, guitare en bandoulière, tendant le bras. C'était donc lui, le type dont tout le monde parlait au collège, le type qui animait nos surprises parties, et dont toute la jeunesse imitait son pas de danse. Arrivé à la maison j'ai demandé à mes parents de m'offrir ce disque pour Noël. La réponse de mon père fut peu enthousiaste:
" Qui c'est celui là.…. Il chante américain….on comprend rien…De plus , tu n'as même pas de tourne disque et ce n'est pas le moment d'en acheter , tu sais qu'on fait des économies , l'année prochaine tu pars à Alger. ".
Mais il fallait compter sur la bonté de mes parents et le jour de Noël qu'elle ne fut pas ma surprise de trouver au pied de mon lit, le tourne disque et la pochette rougeâtre de ce 45 tours tant désiré.
A partir de ce jour, ce disque prit une place telle dans ma vie qu'il devint l'un de mes plus beaux cadeaux. Rangé sur l'étagère de mon " cosy " je l'ai écouté tant de fois qu'il était devenu mon confident, il était ce que l'écrivain Anna Gavalda écrit " j'avais 13 ans l'âge où l'on ressent pour la première fois un tourment douloureux et délicieux à la fois " Je le connaissais par cœur.. Parfois aujourd'hui, ce n'est plus l'adolescent révolté qui l'écoute mais un Papy empreint de nostalgie se laissant bercer par ses souvenirs.
Quoi ?.....Ce chanteur ?....Mais tu le connais, écoute….
" Love me tender, love me sweet, never let me go….."
Oui, un jour je serai un vieux indigne. Quand Alzheimer, ma soeur, me prendra par la main pour m'accompagner dans une maison de retraite.
Oui, je serai un vieux indigne, Je n'ai plus à être convenant ; toute ma vie on m'a imposé l'autorité, la politesse, le respect des parents, des profs, des chefs, de la police, de la société…. mais aujourd'hui ma compagne Alzheimer me permet d'être intouchable, de dire tout haut ce que je pense.
Oui je serai un vieux indigne avec elle, je foutrai la main aux fesses des aides-soignantes, je laisserai traîner mes béquilles pour faire trébucher mes enfants venant me voir comme une corvée, pour entendre me dire " ça va ? " et sans écouter la réponse commenceront à regarder leur montre. Puis faute de bavardage, ils évoqueront la circulation pour ne pas s'attarder et d'une voix mielleuse, ajouteront " Tiens Pépé, on va te mettre dans la salle de télé, c'est l'heure de Ruquier, tu aimes " Tu parles, pressés de partir ils sont.
Oui je serai un vieux indigne Je jubilerai lorsque les enfants monteront au grenier pour ouvrir le coffre dans l'espoir de trouver des bijoux ou de l'argent et ne trouveront qu'une lettre qui dira " merde pour celui qui lira cette lettre "
Oui, je serai un vieux indigne, Je ne parlerai plus qu'en espagnol J'insulterai en arabe, Je ne parlerai que de mon Algérie, Mon Sidi-Bel-Abbès, Mes amis de là-bas, Ma jeunesse
personne ne pourra me contredire parce que ça ...c'est ma vie......
Allez, chantes avec moi ADAMO
C'est ma vie, C' est ma vie C' est elle qui m'a choisi C' est pas l'enfer C' est pas le Paradis Est mi vida......
" Y en a marre... c' est pas cette musique américaine qui te nourrira plus tard "
Lançait ma mère, autrefois en entrant dans ma chambre alors que le 45tours de Fats Domino tournait sur mon Teppaz et qu'elle me surprenait à glander.
Curieux de me souvenir aujourd'hui de ces paroles moi qui sous l'effet des 33° à l'extérieur sommeille. Bon en attendant que la température baisse pour pouvoir sortir, nous avons allumé la télé. Naturellement la télé en été ceux sont des rediffusions. Ne me demande pas sur quelle chaîne je suis connecté ni le titre de l'émission mais ce que je sais c' est que cette émission est has been. La preuve : Le présentateur : " et voilà celle qui est toujours aussi jeune……Sheila " Ah ! la vache… L'autre encouragée s'est mise à chanter "Comme Les rois mages " Bon la voix ça allait, forcément elle chantait en play back , mais la chorégraphie entourée de 3 black accélérant le rythme, la mamie s'est retrouvée à danser à contretemps , essoufflée et en plus, je te jure, on commençait à voir les soudures au collagène sur sa peau péter les unes après les autres. Morte, sans souffle elle a terminé… Et le présentateur : " Alors Sheila quel plaisir de vous retrouver " Sheila : " merci…fuuutttt…attendez…fuuttt…je reprends mon souffle….fouuuuttt Lui toujours aussi flatteur : Sheila avec vous le temps ne passe pas " Désolé mon gars mais nous on a bien vu que le temps avait passé… Puis le présentateur a enchaîné : " Voici la toujours jeune …..Jane Manson " Ah ! la vache… Je l'avais laissée à 30 ans , je la retrouve ménopausée… Elle qui n'en attendait pas autant, toute guette, a levé les bras et s'est mise à hurler : " Faisons l' amour avant de nous dire adieu " Remarque, hé ! hé !...pourquoi pas… Puis comme d'habitude, ont suivi Stone et Charden ; lui toujours aussi " ravi de la crèche " elle toujours avec sa coupe au bol à croire qu'elle porte un casque de la wehrmatch , se sont mis à chanter l'histoire de leurs vaches rousses et noires sur lesquelles tombent la pluie "
Bon je crois qu'après je me suis endormi et à mon réveil les paroles de ma mère sont de nouveau venues me titiller : " Y en a marre c'est pas cette musique américaine qui te nourrira plus tard " " Mais M'man, me suis-je surpris à dire, c'est fini je suis à la retraite "
Mais qu'a-t-elle cette nostalgie à me coller ainsi, ?. ….. Une partie de la réponse se trouve dans la chanson de Michel Berger
" Je veux me souvenir pour ceux Qui sont loin Et garder au fond de moi Quelque chose qui fait mal Qui fait mal "
Ola, Papa Noël, qué mé disé ? T'as du boulot ? Pasque ma foi, ici, Dans LE pays C' est un peu le oaï , c' est la crise, c'est la morosité. T'as raison de me rappeler qu'ailleurs, y' a des pays où le sang Coule, où les gens sont dans une misère inimaginable, peuchère.
Non, je vais pas rouspéter, je vais pas marronner auprès de toi, pasqu'en Plus j'imagine que tu dois être en train de t'escagasser à préparer tout ce Qu'il faut, à préparer ton costume, parce que le 24 décembre tu vas descendre habillé Comme un tchapacan.
Bon, alors je vais pas te mettre la tête grosse comme une coucourde, ni Faire le malin avec toutes mes paroles, mais il faut quand même que je T'explique. Même si je n'ai pas été très sage, Même si j'ai fait des cagades, Même si je me suis manqué en pagaille, et si j'ai écrit des bêtises, Je vais pas marquer mal en te demandant plein de cadeaux. Juste une chose, Papa Noël, mets un peu de magie de Noël sur la famille de Jules, surtout aux pitchouns, tu serais bien brave. Allez vaï, mets bien ton capèou que tu risquerais de prendre froid, Et ça me ferait de peine.
Merci, Papa Noël et si tu vois Jules dis lui que j'apprécie son enthousiasme, que j'aime bien son site qui me rappelle tant de souvenirs ..... Bon bout d'an…comme on dit en Provence
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